Récif de l’Amazone : les pétroliers déchantent

Les mêmes erreurs conduisent aux mêmes échecs

Cette annonce n’est pas une surprise car l’étude de BP était similaire à celle proposée par Total. Bien avant son homologue britannique, le pétrolier français a lui aussi essuyé une sévère déconvenue lorsque le Brésil a rejeté son étude d’impact en août 2017. Dans un cas comme dans l’autre, les pétroliers n’ont pas fourni d’informations suffisamment précises et convaincantes sur les risques environnementaux liés au projet, rendant impossible l’attribution des licences. Or, sans l’attribution de ces licences, impossible de commencer les activités de forage exploratoire.

C’est une bonne nouvelle pour tous les défenseurs du Récif de l’Amazone ! Pour autant, BP ne remet pas ses projets en question, bien au contraire. L’entreprise espère toujours commencer à forer au cours du premier semestre 2018 en proposant une version corrigée de son étude d’impact environnementale. La compagnie pétrolière affiche d’ailleurs le soutien du gouvernement britannique comme le montre un document révélé par Greenpeace. Ainsi, lors d’un déplacement officiel, le ministre anglais du commerce extérieur a fait part au gouvernement brésilien de ses inquiétudes concernant le niveau d’exigence en vigueur pour obtenir les licences environnementales.

La société civile plus mobilisée que jamais

L’agence environnementale brésilienne est loin d’être la seule à mettre en doute les études d’impact des multinationales pétrolières. Dans une lettre ouverte publiée en juillet 2017, une quarantaine de scientifiques manifestaient leur soutien à la protection du Récif de l’Amazone. Pour eux, l’heure n’est pas à l’exploitation pétrolière mais à la science afin d’en savoir plus sur cet écosystème unique encore largement inexploré.

Il y a quelques semaines, c’était également au tour des populations vivant dans l’embouchure de l’Amazone de faire entendre leurs voix. BP organisait des audiences publiques afin d’exposer leur projet de forage et rassurer les communautés autochtones sur les risques collatéraux encourus. Et c’est peu dire que les personnes présentes à ces assemblées sont restées sceptiques face aux explications proposées par la multinationale. Les pêcheurs ont fait valoir que les poissons dépendent du Récif de l’Amazone et qu’une marée noire aurait des conséquences désastreuses.

Ils ont en aussi profité pour mettre en lumière le manque de crédibilité des pétroliers comme l’explique Paulo qui travaille dans une réserve protégée dans l’embouchure de l’Amazone “Vous nous dites que la probabilité qu’une marée noire atteigne la côte est nulle. Mais il ne s’agit que de probabilité. Votre modélisation de marée noire parle d’une fuite de maximum 300 000 barils mais dans le Golfe du Mexique*, ce sont plus de 5 millions de barils qui s’y sont déversés. Votre entreprise a déjà fauté par négligence aux Etats-Unis et maintenant vous voulez vous installer ici. Nous ne voulons pas de désastre ici”.

Face à l’entêtement aussi absurde que dangereux des pétroliers, la société civile doit continuer à se mobiliser. Plus de 1,3 million de personnes à travers le monde ont déjà demandé à BP et Total de renoncer à leur projet de forage dans l’embouchure de l’Amazone. Vous aussi, faites entendre votre voix en signant la pétition.

 

* Explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon de BP en 2010