Des scandales alimentaires comme celui-ci se produisent plus souvent que vous ne le pensez et peuvent vous affecter plus que vous ne le croyez - même si vous ne vivez pas au Brésil.

Agriculture

Scandale de la viande avariée : les Brésiliens ne sont pas les seuls concernés

Des scandales alimentaires comme celui-ci se produisent plus souvent que vous ne le pensez et peuvent vous affecter plus que vous ne le croyez - même si vous ne vivez pas au Brésil.

Abattoir de Marfrig, à Tangara da Serra, dans l’État du Mato Gross, au Brésil.

Abattoir à Tangara da Serra, dans l’État du Mato Gross, au Brésil.

Avez-vous entendu parler du scandale de la viande avariée qui secoue la société brésilienne cette semaine ?

La police brésilienne a démantelé un vaste réseau de vente de viande de bœuf et de volaille avariée. Les détails de l’enquête incluent des pratiques telles que l’ajout de produits chimiques à la viande pour dissimuler son odeur putride, l’ajout de tête de porc aux saucisses et l’ajout de carton à de la volaille transformée afin de lui conférer plus de poids ou volume. [ndlr : cette dernière information aurait depuis été démentie par le ministre de l’Agriculture brésilien ainsi que par BRF, l’une des multinationales incriminées. La « rumeur » serait due à une mauvaise interprétation de l’enregistrement effectué par la police fédérale]

Plus de 30 entreprises ont été impliquées dans l’affaire, y compris JBS, le plus grand exportateur mondial de bœuf, et BRF, le plus grand exportateur mondial de volaille. La presse locale rapporte également que l’ancien ministre de l’Agriculture brésilien a admis avoir cédé à la pression politique et nommé un «surintendant », responsable de l’élevage, pour couvrir la combine. Des inspecteurs auraient été soudoyés pour délivrer des permis sanitaires – sans qu’aucun contrôle ne soit en fait réalisé.

La Chine, Hong Kong, le Chili et l’Union européenne ont interdit temporairement les importations de bœuf au Brésil jusqu’à ce que son innocuité soit confirmée. Quelques heures après que le scandale a éclaté, le président brésilien Michel Temer a tenté de limiter les dégâts en invitant 19 ambassadeurs à un grand churrasco (barbecue brésilien). Le signal qu’il tente d’envoyer est clair : au Brésil, manger de la viande est sans danger.

Du bétail dans une ferme de Santa Amalia do Tangara.

Du bétail dans une ferme de Santa Amalia do Tangara.

Malheureusement, un tel problème  est loin de pouvoir se régler autour d’un repas. Et ce problème ne se limite pas à un seul pays.

Ces dernières années l’élevage industriel a été au centre d’un grand nombre de scandales, de la vache folle à la grippe aviaire, de la grippe porcine à la viande de cheval, en passant par des infections généralisées de Salmonelle ou encore d’E. Coli. Tout cela pointe du doigt le dysfonctionnement profond de l’industrie de la viande et des produits laitiers. Ce système est à bout de souffle, poussé par ces mêmes méga-entreprises à l’origine des scandales.

Le modèle industriel de la viande repose sur un principe simple : élever et abattre un maximum d’animaux, le plus rapidement possible et par tous les moyens nécessaires pour maximiser les bénéfices. Cela signifie souvent garder les vaches, les porcs et les poulets au sein d’élevage de forte densité et en confinement avec d’autres animaux, entourés de leur propre matière fécale. Ces conditions font de ces infrastructures d’excellentes boîtes de Petri pour les maladies, qui ont tout ce qu’il leur faut pour se régaler.

Que faire ?

A notre niveau, chacun-e peut agir pour se préserver des conséquences de ce type de scandale sanitaire. Si vous mangez de la viande, la meilleure solution reste encore d’en manger moins et de meilleure qualité, ce qui signifie avant tout de savoir d’où elle vient et comment elle est produite.

Au global, il est nécessaire de faire évoluer les mentalités. Nous n’avons pas besoin de manger de la viande à chaque repas pour être heureux et en bonne santé. De nouvelles alternatives sans viande émergent sur le marché et les cuisines riches en végétaux ont la cote.

Le scandale brésilien le montre : les viandes de meilleure qualité ne nous seront pas fournies par les plus grosses entreprises. Elles proviennent des agriculteurs locaux qui respectent l’environnement et se servent de la nature et de sa biodiversité, et non des produits chimiques. Ils élèvent des animaux en respectant des normes élevées de bien-être, rejettent les antibiotiques, les accélérateurs de croissance et la monoculture d’aliments génétiquement modifiés pour le profit.

En plus de protéger notre santé, manger moins de viande préserve la planète. L’appétit de l’humanité pour la viande et les produits laitiers, ainsi que l’expansion de la production industrielle, sont catastrophiques pour l’environnement. De la destruction des forêts et des prairies à la pollution de l’eau et de l’air, en passant par une contribution majeure au changement climatique mondial (l’élevage est responsable de plus de 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre). Un régime végétal est donc meilleur pour le climat, les forêts, la sécurité alimentaire du monde et votre propre santé.

Que nous soyons végétarien ou flexitarien, nous pouvons tou-te-s faire partie de la solution en nous tournant vers des régimes riches en protéines végétales. Nous devons également demander à nos gouvernements d’être les garants de la protection de la santé publique et de la santé de la planète afin que nous puissions faire des scandales comme celui-ci une histoire du passé.