Nous sommes associés dans cette démarche au Réseau « Sortir du nucléaire », Stop Transports-Halte au nucléaire, Stop Fessenheim, CSFR, Alsace Nature et France Nature Environnement et déposons une plainte contre AREVA NP et EDF.
De la falsification d’informations à la mise en danger des populations
Le travail d’enquête mené par l’ASN dans l’affaire des anomalies du site Creusot Forge d’Areva a en effet permis de révéler qu’EDF et AREVA NP avaient connaissance d’une grave irrégularité sur le réacteur 2 de Fessenheim. La pièce incriminée est un générateur de vapeur, un composant essentiel des réacteurs nucléaires, qui comporte une anomalie similaire à celle de la cuve de l’EPR de la Flamanville.
Nous reprochons donc à EDF et AREVA NP d’avoir mis en service un équipement à risques ne satisfaisant pas aux exigences essentielles de sûreté.
De même nous accusons EDF d’avoir tardé à déclarer cette anomalie à l’ASN risquant d’avoir des conséquences notables sur la sûreté de l’installation. EDF a en effet dissimulé cette irrégularité à l’ASN pendant un mois entre mai et juin 2016.
Dans le cadre des contrôles effectués par l’ASN, AREVA a présenté un dossier avec un état descriptif falsifié. La description de la pièce dans le dossier ne correspond pas à son état réel. Nous l’accusons donc d’avoir sciemment utilisé un faux en vue d’obtenir un certificat de conformité délivré par l’ASN.
Enfin, nous portons plainte pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui, le risque d’accident nucléaire étant démultiplié par le fonctionnement de réacteurs à risques. EDF, en tant qu’exploitant, a en fait décidé de faire primer ses intérêts économiques sur la protection des populations et de l’environnement.
Pour un arrêt immédiat et définitif des réacteurs de Fessenheim
L’annonce de la fermeture de Fessenheim en 2017 a été faite dès 2012 par le président de la République. Or EDF aurait dû déposer le dossier de fermeture de la centrale le 11 octobre 2015, conformément aux dispositions prévues par la loi de transition énergétique.
Par ailleurs, le réacteur 1 de la centrale est également équipé d’un générateur de vapeur qui pourrait comporter une anomalie, comme l’a annoncé l’ASN en juin dernier.
Etant donné ces circonstances, et au vu de la gravité de l’anomalie détectée sur le réacteur 2, il est plus qu’urgent que les deux réacteurs soient mis à l’arrêt de manière définitive.
Le cas Fessenheim, symbole du degré de gravité de l’affaire des anomalies
Dans l’affaire des anomalies, EDF et AREVA s’obstinent à jouer la carte de la non-transparence. Les entorses graves à la sûreté commises par le fabricant et par l’exploitant apparaissent évidentes dans le cas de l’irrégularité sur le réacteur 2 de Fessenheim.
Mais les réacteurs de Fessenheim ne sont pas un cas isolé : 30 autres réacteurs sont aussi concernés par des anomalies. Tant que les contrôles n’ont pas été effectués par l’ASN et que les démonstrations de sûreté complémentaires n’ont pas été apportées, ces réacteurs doivent être mis à l’arrêt.
EDF et AREVA doivent en outre divulguer immédiatement les analyses et données recueillies jusqu’à présent sur l’ensemble des pièces incriminées.
Car il est fondamental que l’ASN ait en sa possession tous les moyens pour continuer d’investiguer et de mener les tests nécessaires pour garantir la sûreté des installations nucléaires en France.
Réviser la PPE
La PPE, sensée décliner les objectifs de réduction du nucléaire figurants dans la loi Transition énergétique votée l’été dernier, n’est aujourd’hui pas à la hauteur : elle ne prévoit aucune fermeture de centrales à part Fessenheim (vous pouvez d’ailleurs la commenter encore aujourd’hui sur le site du ministère).
Pourtant, la multiplication des accrocs majeurs dans la filière nucléaire montre qu’elle est aujourd’hui à bout de souffle. Or la PPE est justement un bon outil pour prévoir une sortie du nucléaire progressive et maîtrisée, plutôt que de subir des fermetures de centrales brutales et inopinées liées à la dégradation inévitable du parc. Encore faut-il un peu de courage et de responsabilité politique.