Paris, le 1er avril 2009. Vingt-quatre ans après l’attentat perpétré par les services secrets français contre le Rainbow Warrior, et qui avait coûté la vie d’un militant de Greenpeace, c’est une fois encore le nucléaire qui est au cœur d’un scandale d’espionnage majeur visant des militants et qui impliquerait cette fois EDF. De quoi a donc peur EDF ? Pourquoi est-ce que Greenpeace dérange quand elle révèle la face cachée du nucléaire, une industrie dangereuse, coûteuse et inutile ?
En 1971, une dizaine de militants écologistes se rendent en bateau au large de l’Alaska pour empêcher des essais nucléaires prévus par les Etats-Unis : c’est l’acte fondateur de Greenpeace. Partout dans le monde, Greenpeace s’est depuis toujours battu pour souligner les risques que représentait l’énergie nucléaire (transport de déchets radioactifs, gestion des déchets, risques d’accident…) et la mauvaise solution qu’impliquait le choix du nucléaire face aux changements climatiques : coûteux, risqué, et fermant la porte aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique. Aujourd’hui comme hier, le nucléaire propre et sûr est un mythe. Le nucléaire est un modèle dangereux, coûteux et inutile qui ne résiste pas à la transparence et au débat démocratique que sont en droit d’attendre tous les citoyens.
En France, Greenpeace s’oppose à EDF et à Areva, en particulier sur le dossier de l’EPR, réacteur nucléaire de troisième génération qui doit voir le jour en 2012 sur le site de Flamanville, dans la Manche – et dont un deuxième exemplaire a été annoncé pour la centrale de Penly (Seine-Maritime) sans qu’aucune concertation, prise en compte des conséquences sanitaires et évaluation indépendante des coûts n’ait été mené…
En janvier 2009, suite à la confirmation officielle que Nicolas Sarkozy comptait lancer la construction en France d’un 2e EPR, Greenpeace rappelait, preuves à l’appui, que ce type de réacteur EPR allait produire des déchets sept fois plus dangereux que ceux générés par ses prédécesseurs. Début mars, Greenpeace révélait les conditions précises d’un transport de Mox, un combustible composé de 6 à 10 % de plutonium et d’uranium naturel, organisé par Areva depuis le Cotentin et à destination du Japon et toujours en cours.
Trois ans plus tôt, en mai 2006, Greenpeace avait provoqué la fureur du gouvernement français en mettant en ligne un document classifié faisant état de la vulnérabilité du réacteur de Flamanville à la chute d’un avion de ligne.
« En rendant public ce document, Greenpeace n’avait alors fait que jouer son rôle de lanceur d’alerte, déclare Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France. A ce titre, le travail de nos militants devrait être plutôt protégé par l’Etat que surveillé ou attaqué par des officines privées ! »
Indépendance et non-violence : des valeurs qui dérangent ?
Au fondement de Greenpeace, il y a deux valeurs fondamentales : l’indépendance politique et financière, et la non-violence. Greenpeace n’est soutenu par aucun parti politique, n’en soutient aucun et ne vit que des contributions de donateurs particuliers. Cette indépendance structurelle est le gage de la liberté de parole et d’action de l’organisation, en tous lieux et en toutes circonstances. La non-violence, est un élément fondamental de la « démarche Greenpeace », impératif indissociable de la détermination dans l’action. C’est sur la base de ces valeurs fondamentales que Greenpeace mobilise l’opinion publique, construit des rapports de force et oblige les décideurs – politiques ou économiques – à prendre en compte les problèmes globaux qui menacent l’environnement au niveau planétaire. Aujourd’hui comme demain, en France comme ailleurs, Greenpeace continuera à jouer ce rôle indispensable de dénonciation et de proposition.