La Norvège, une politique paradoxale en termes de lutte contre le changement climatique
Le pays est depuis longtemps un enjeu important de notre campagne pour protéger l’Arctique. Alors que la protection de l’environnement est inscrite dans la constitution norvégienne et que son fonds souverain se désengage des investissements dans le charbon, le gouvernement ne cesse d’autoriser de nouveaux forages à haut risque dans l’Arctique. Greenpeace a mené une action pacifique jeudi dernier en mer de Barents pour dénoncer les activités de la compagnie publique norvégienne Statoil.
Les autorités ont arraisonné l’Arctic Sunrise et arrêté les 35 personnes qui se trouvaient à son bord. Le bateau a été remorqué vers la côte. Truls Gulowsen de Greenpeace Norvège a dénoncé cet acte illégal et disproportionné : « Les protestations en mer sont un droit internationalement reconnu qui se fonde sur la liberté de naviguer. Nous protestons contre les forages pétroliers dans l’Arctique, une région dans laquelle notre droit de manifester est protégé par le droit international. » Si les militants ont été relâchés au bout de quelques jours, cette action n’est qu’une étape dans le cadre d’une campagne pour dénoncer les licences d’exploitation pétrolière et gazière qu’octroie le gouvernement norvégien, en contradiction totale avec l’Accord de Paris et l’obligation inscrite dans la Constitution norvégienne de protéger les générations futures.
Une plainte inédite
Cette protestation pacifique n’est que la partie la plus visible du combat pour la préservation de l’Arctique. C’est sans doute dans un tribunal d’Oslo que se décidera si Statoil peut extraire du pétrole dans cette région fragile. Greenpeace Nordic et l’organisation de jeunesse Nature & Youth ont porté plainte contre le gouvernement norvégien, qui contrevient à sa propre Constitution qui précise que chaque personne a droit à un environnement et un climat sains. La manne pétrolière et gazière est en outre de plus en plus contestée par l’opinion publique norvégienne. Rappelons que pour que le réchauffement climatique se maintienne sous la barre des 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, il faut empêcher de brûler les réserves de combustibles fossiles et les laisser dans le sol. Il y a donc urgence à agir, comme l’a rappelé récemment le climatologue Jean Jouzel alors que les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sont loin d’être à la hauteur des enjeux actuels.
Au Canada, la communauté de Clyde River obtient gain de cause
Dans le cadre de la campagne pour protéger l’Arctique, une bonne nouvelle est arrivée au cœur de l’été : la Cour suprême du Canada a donné raison à la communauté inuite de Clyde River qui, depuis trois ans, se battait pour protéger ses droits et a ainsi obtenu l’annulation des essais sismiques dans les eaux de l’Arctique. Les magistrats de la Cour ont affirmé que l’obligation légale de consulter convenablement la communauté avant de lancer le projet n’a pas été respectée. Ce projet d’exploration pétrolière, qui aurait été réalisé à coups de canon à air comprimé, aurait menacé baleines boréales, narvals, phoques et morses, c’est-à-dire la vie marine dont dépendent les habitants de Clyde River.
Les mobilisations restent nombreuses, de la Norvège à la Russie en passant par le Canada, pour défendre l’Arctique et les droits des populations autochtones.
Rejoignez les plus de 350 000 personnes qui seront à nos côtés devant la justice norvégienne pour dénoncer le pillage de l’Arctique :