Paris, le 8 septembre 2009. Greenpeace salue la décision de la Commission européenne de soutenir le classement du thon rouge à l’annexe I de la CITES en vue de l’interdiction de son commerce international, mais dénonce le choix de la France de soutenir le classement à l’annexe II, beaucoup moins restrictive.
La Commission européenne est sur le point de se prononcer officiellement en faveur du soutien à la proposition de Monaco visant à l’inscription du thon rouge à l’annexe I de la CITES lors de la prochaine réunion de cette convention internationale, en mars 2010. Cette mesure, si elle est adoptée, aura pour effet d’interdire le commerce international de cette espèce menacée jusqu’à la restauration de ses populations.
« Le thon rouge est en péril aujourd’hui en grande partie à cause de l’emballement du commerce international, notamment à destination du marché asiatique du sushi, déclare François Chartier, chargé de campagne océans pour Greenpeace. Mettre un terme à ce moteur de la surpêche est essentiel ! »
Les organisations de protection de l’environnement demandent depuis de nombreuses années la fermeture de cette pêche pour éviter l’effondrement du stock et la disparition d’une ressource millénaire. L’ICCAT, la commission internationale chargée de gérer la pêche au thon rouge en atlantique et en Méditerranée, a jusqu’à présent échoué à faire face à cet enjeu historique.
Cependant, au moment où la Commission européenne s’oriente vers un soutien au classement du thon rouge à l’annexe I, la France fait marche arrière en se positionnant en faveur du classement à l’annexe II, qui ne permet pas l’interdiction du commerce international. En juillet, à la suite de la proposition de Monaco et dans le prolongement du Grenelle de la mer, la France s’était pourtant prononcée par la voix de son président Nicolas Sarkozy « pour le classement du thon rouge à l’annexe de la CITES pour en interdire le commerce ». Depuis, le Royaume Uni, les Pays bas, l’Allemagne, l’Autriche et la Pologne ont tour à tour également annoncé leur soutien à la proposition de Monaco.
« Pourquoi est-ce que Nicolas Sarkozy fait ainsi marche arrière, alors qu’il s’est engagé à tenir tous les engagements du Grenelle de la mer et à ne pas laisser disparaître le thon rouge ? s’interroge François Chartier. Au moment où l’Europe prend enfin conscience de l’urgence de protéger cette espèce, c’est incompréhensible ! Seule une inquiétante perméabilité aux plus bas intérêts commerciaux de court terme permet de l’expliquer. »
Pour Greenpeace, la seule solution pour sauver le thon rouge passe par une interdiction totale du commerce international de l’espèce. C’est l’option qui a été retenue au Grenelle de la Mer et par le Président de la République lui-même. Ce surprenant revirement va à l’encontre de la prise de conscience internationale de l’état critique de la biodiversité marine.