C’est la stratégie des petits pas qui semble avoir été adoptée par la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI). La dernière session s’est achevée le 25 mai 2017 en Indonésie. Une délégation de trois personnes de Greenpeace était présente et a mis en avant deux points d’attention : l’augmentation constante de la capacité de pêche due à l’utilisation intensive des dispositifs de concentration de poissons (DCP) et des navires de soutien ; les conséquences dramatiques liées à la pratique du transbordement. 

Océans

Thon tropical : la CTOI manque encore d’ambition

C’est la stratégie des petits pas qui semble avoir été adoptée par la Commission thonière de l’océan Indien (CTOI). La dernière session s’est achevée le 25 mai 2017 en Indonésie. Une délégation de trois personnes de Greenpeace était présente et a mis en avant deux points d’attention : l’augmentation constante de la capacité de pêche due à l’utilisation intensive des dispositifs de concentration de poissons (DCP) et des navires de soutien ; les conséquences dramatiques liées à la pratique du transbordement. 

Après d’âpres négociations, les membres de la CTOI sont finalement parvenus à se mettre d’accord sur une réduction marginale du nombre de DCP ainsi qu’une diminution du nombre de navires de soutien.

Une réduction marginale du nombre de DCP

Les négociations furent brutales. L’Union européenne aura passé son temps à défendre les intérêts à courts termes de quelques armateurs espagnols, qui ne lésinent pas sur l’usage des dispositifs de concentration de poissons, face à un petit groupe de pays plus progressistes. Ces pays, soutenus par des acteurs industriels davantage engagés vers la durabilité sont les Maldives, l’Afrique du Sud, le Kenya, des nations est-africaines, les Seychelles et Maurice.

Finalement, les membres de la CTOI sont parvenus à un accord timide. En 2016, la CTOI avait décidé de réduire le nombre de DCP actifs de 500 à 425 par bateau. Cette année, une limitation à 350 DCP par thonier a été actée. C’est une légère avancée mais encore loin d’être suffisante face aux enjeux de la surpêche qui décime les océans. Quoi qu’il en soit, ce qu’il nous est difficile d’appeler un « progrès » doit être consolidé lors de la prochaine Commission thonière si nous souhaitons parvenir à une gestion efficace du problème.

Moins de navires de soutien dans les océans

Les navires de soutien des thoniers senneurs devraient également cesser doucement leur prolifération. Ces bateaux décuplent de manière significative la puissance de pêche des thoniers. On estime que les prises augmentent de 40 % avec l’usage des navires de soutien. Ils déploient en mer des centaines de DCP et cherchent les bancs de thons et les DCP des autres thoniers. Les thoniers n’ont alors plus qu’à passer derrière le navire de soutien – aussi appelé baliseur – pour ramasser les thons concentrés sous les DCP.

Aujourd’hui, certains armateurs, en majorité espagnols, opèrent avec un navire de soutien par navire de pêche, exploitant les failles de régulation de la CTOI. Cette dernière vient de décider que désormais il n’y aura plus qu’un seul navire de soutien pour deux thoniers battant pavillon du même pays, ce qui signifie qu’en 2018, 50 % des navires de soutien opérés par les armateurs espagnols devront alors cesser leur activité. A partir du 1er janvier 2020, il devrait y avoir deux navires de soutien pour cinq thoniers.

Toutes ces mesures visent en particulier à réduire la capacité de pêche et à diminuer les prises de thons albacores, victimes de la surpêche dans l’océan Indien.

Le constat est aussi simple qu’inquiétant puisque jusqu’à présent les mesures limitant le nombre de DCP n’ont rien changé, alors que la communauté scientifiques est unanime sur les dégâts liés à leur usage. En limitant dans le même temps la présence des navires de soutien, il est possible d’inverser la tendance.

Greenpeace est en faveur de l’arrêt complet de l’usage des navires de soutien. Nous sommes encore loin d’une pêche gérée de manière durable ou d’un partage équitable entre les pays côtiers et les pays industriels.

La prochaine Commission thonière de l’océan Indien devrait se tenir dans un an en Thaïlande. Pour que les décisions qui y seront prises permettent de répondre réellement aux problématiques de la surpêche, il faudra qu’elles soient guidées par le bien commun – et non encore et toujours par les intérêts économiques des industriels.