Bon anniversaire TotalEnergies et merci pour… la crise climatique ! Pionnière du désastre depuis 100 ans, la multinationale engrange chaque année des milliards d’euros de profits en continuant sciemment à miser sur le pétrole et le gaz, des énergies fossiles qui accentuent un peu plus chaque jour le réchauffement planétaire.
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Heureux hasard du calendrier : ce même 28 mars, la justice vient de donner raison à Greenpeace en annulant la procédure-bâillon que TotalEnergies a intentée à notre encontre, pour avoir dénoncé sa responsabilité la crise climatique. C’est une victoire majeure pour la liberté d’expression et pour le combat contre les entreprises polluantes. Et un immense cadeau pour la planète.
En plus de son centenaire désastreux pour le climat, 100 ans de TotalEnergies, c’est aussi 100 ans de destruction des écosystèmes et de la biodiversité, un siècle entaché de violations des droits humains et de mise en danger de notre santé, des décennies de manipulation de la science et de greenwashing. C’est 100 ans d’un règne qui a bien trop duré et qui doit prendre fin.
Pour célébrer ce centenaire dévastateur, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, a organisé une soirée en grande pompe, sous les dorures du Château de Versailles, pendant que des millions de Françaises et de Français souffrent de précarité énergétique. Nos activistes se sont invité·es à la fête, aux côtés d’Alternatiba Paris et des Amis de la Terre, pour dénoncer ce règne scandaleux.
À l’heure du bilan, nous ne pouvons pas laisser la multinationale vanter uniquement sa version de l’histoire, passant sous silence les conséquences dramatiques de sa stratégie mortifère et laissant croire qu’elle est aujourd’hui réellement engagée pour le climat.
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Une histoire marquée par des scandales et des crimes
Mensonges climatiques, désinformation et fabrique du doute
Depuis le début des années 70, Total sait pertinemment que la combustion des énergies fossiles, qui sont au cœur de ses activités, est l’une des causes principales du dérèglement climatique.
Bien qu’elle ait été alertée des conséquences catastrophiques que l’humanité subirait si elle n’opérait pas rapidement une transition vers les énergies renouvelables, elle a fait le choix de mettre en place une stratégie de désinformation et de “fabrique du doute” pendant de nombreuses années.
Dans quel but ? Freiner toute action politique qui conduirait à limiter l’extraction du pétrole et du gaz. Elle a contribué à semer le doute sur la réalité du réchauffement planétaire et à retarder l’action climatique. Aujourd’hui encore, les déclarations de TotalEnergies sur son empreinte carbone restent douteuses et opaques.
Pollutions et catastrophes environnementales
L’extraction des énergies fossiles est dangereuse et a toujours comporté de nombreux risques de pollutions et de catastrophes environnementales. À l’instar de ses concurrentes, TotalEnergies est liée à plusieurs événements tragiques qu’elle aimerait bien faire oublier. En voici deux exemples :
- Le 12 décembre 1999, un pétrolier affrété par la multinationale, nommé l’Erika, a fait naufrage et s’est brisé en deux au large des côtes du Finistère. Le navire a déversé une marée noire de 20 000 tonnes de fioul lourd sur 400 km de côtes qui a provoqué des dégâts environnementaux, sociaux et économiques majeurs. Plus de 150 000 oiseaux ont été tués. Si Total a longtemps nié sa responsabilité, la justice française a fini par la condamner.
- En septembre 2001, l’explosion de l’usine AZF, appartenant à l’une de ses filiales, a eu lieu à Toulouse. C’est la plus importante catastrophe industrielle survenue en France ces 50 dernières années. Un stock de 400 tonnes de nitrate d’ammonium a explosé, tuant 31 personnes et faisant 2500 blessé·es. Là aussi, Total a nié sa responsabilité et il aura fallu 18 ans de procès avant que sa filiale soit définitivement condamnée.
“Liaisons dangereuses” avec des régimes qui violent les droits humains
Si TotalEnergies affiche fièrement sa charte éthique et son code de conduite exemplaire, la réalité est tout autre quand il s’agit de développer des projets dans des pays où les droits humains sont constamment violés.
Cela a été par exemple le cas en Birmanie. Au début des années 90, la multinationale est devenue un contributeur financier majeur du régime militaire en place, responsable de violations brutales des droits humains, en développant le projet gazier Yadana. Il a fallu deux décennies de pression de la part de la société civile pour que Total se retire du pays.
Aujourd’hui encore, les liens de la pétrogazière avec des régimes toxiques ne sont pas clairs. TotalEnergies a été la seule entreprise occidentale à ne pas déclarer se retirer d’Ukraine suite à l’invasion du pays par le Russie en 2022. Elle a préféré prendre le risque de contribuer à des crimes de guerre en poursuivant ses exportations de gaz russe et en exploitant, avec son partenaire local Novatek, un gisement de condensats de gaz, qui une fois transformé en kérosène aurait servi à ravitailler des avions de combat russes.
Aujourd’hui, rien n’a changé ?
Une entreprise toujours au service de la destruction du climat
Même si elle cherche à minimiser la réalité de son impact climatique, TotalEnergies reste l’une des entreprises les plus polluantes de la planète. Elle continue à développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers qui sont de véritables bombes climatiques. En 2022, elle participait à 33 projets super-émetteurs, qui pourraient encore chacun émettre au moins un milliard de tonnes de CO2.
Plutôt que d’opérer une vraie transition énergétique, la multinationale a préféré cacher ses activités climaticides derrière du greenwashing. Son changement de logo en 2021, ses promesses de Net Zéro pour 2050 et ses publicités sur fond d’éoliennes et de panneaux solaires ne sont que des écrans de fumée.
En 2023, l’exploitation des énergies fossiles représente toujours plus de 98 % de sa production énergétique globale. Et cela ne s’arrête pas là puisqu’elle a récemment annoncé qu’elle prévoyait d’augmenter sa production d’énergies fossiles dans les cinq prochaines années.
TotalEnergies et les autres entreprises pétrogazières nous enferment sciemment dans un système énergétique toxique qui leur permet de réaliser des profits records chaque année. Récemment, elles ont profité de la guerre en Ukraine et de la menace d’une crise énergétique pour pousser les États européens à investir massivement (et inutilement) dans le développement de nouvelles infrastructures pour importer plus de gaz fossile, comme le terminal méthanier flottant du Havre.
Une entreprise toujours toxique pour les populations et l’environnement
Au-delà de la question climatique, TotalEnergies est aujourd’hui toujours impliquée dans des projets qui ont également des conséquences désastreuses sur les populations et l’environnement. En voici quelques funestes exemples :
- Le projet d’oléoduc géant EACOP et le projet Tilenga ont entraîné l’expropriation et le déplacement de plus de 118 000 personnes en Ouganda et en Tanzanie, et menacent la faune et la flore d’une réserve naturelle.
- Au Mozambique, le mégaprojet de production de gaz naturel liquéfié, Mozambique LNG, a été interrompu en 2021 à la suite d’une attaque djihadiste qui a entraîné plus de 1400 décès ou disparitions. Alors que le contexte sur place est toujours extrêmement tendu, TotalEnergies s’apprête à relancer le projet.
- Dans la région désertique de l’Hadramaout au Yémen, la multinationale exploite des puits pétroliers sur le gisement Messila depuis les années 1990. Ses activités sont à l’origine d’une grave contamination des sols et des nappes phréatiques, seule source locale d’eau. La santé de la population est impactée et les agriculteurs et agricultrices se retrouvent sans ressources.
- En Argentine, le projet d’extraction de gaz de schiste Vaca Muerta est une véritable bombe carbone qui pourrait émettre près de 15 milliards de tonnes de CO₂e à elle seule. Elle se situe sur les terres des populations autochtones Mapuche qui assurent avoir été déplacées et qui subissent de nombreuses pollutions.a
Pour une fin de règne du pétrole et du gaz !
Malgré les alertes des scientifiques et des experts, TotalEnergies continue de foncer tête baissée dans la production d’énergies fossiles. Sa logique expansionniste, cupide et néocoloniale, totalement scandaleuse, va à contresens de l’urgence sociale et climatique actuelle.
Cette vision du monde que la multinationale nous impose depuis 100 ans n’est pas une fatalité. Plus nous serons nombreuses et nombreux à nous mobiliser contre cette industrie, plus nous aurons de poids pour défendre une société libérée du pétrole et du gaz et donc un monde plus juste et durable. Rejoignez la mobilisation internationale en signant notre pétition :
Face aux entreprises polluantes comme TotalEnergies, qui choisissent sciemment de protéger leurs intérêts privés plutôt que le vivant et la planète, l’État doit jouer un rôle crucial. Il est urgent que le gouvernement associe enfin ses grandes promesses de sortie des énergies fossiles à de vraies décisions politiques, concrètes et contraignantes.