Greenpeace révèle que la plus importante cargaison de matière fissile jamais transportée quittera la France pour le Japon dans le milieu de la semaine prochaine. 1,8 tonne de plutonium (quantité permettant de fabriquer 225 bombes nucléaires) traversera ainsi la moitié de la planète en plus de deux mois.
« Nous dénonçons ce transport très dangereux et le secret de Polichinelle qui l’entoure, déclare Yannick Rousselet, de Greenpeace France. Les discours du Président Sarkozy et les belles plaquettes en couleur d’EDF ou d’Areva font l’impasse sur le « coté obscur » du nucléaire et les transports internationaux de matières extrêmement dangereuses, comme le Mox ou le plutonium, générés par cette industrie et utilisables à des fins militaires. La construction de réacteurs EPR ne fera qu’augmenter la fréquence de tels transports et les risques de prolifération. »
Une quantité de plutonium record…
Deux navires de la compagnie britannique Pacific Nuclear Transport limited (PNTL), le Pacific Pintail et le Pacific Heron, doivent quitter leur port d’attache de Barrow in Furness, au Royaume-Uni, d’ici la fin de cette semaine. Ils accosteront sur le quai de Mielles, dans le port de Cherbourg (Manche), pour prendre livraison d’une cargaison de 65 assemblages de combustible au plutonium Mox (« mixed oxyde », mélange de plutonium et d’uranium naturel).
Fabriqué à Marcoule (vallée du Rhône), ce Mox est actuellement stocké à l’usine de La Hague. Il devrait être acheminé jusqu’au deux navires PNTL à partir de dimanche ou lundi. Deux nuits de suite, un convoi de camions sous très haute surveillance livrera la dangereuse cargaison, qui prendra la mer à destination du Japon, traversant les eaux territoriales d’États qui ne sont même pas informés de leur passage. Areva compte ainsi expédier la plus importante quantité de plutonium qui n’ait jamais été transportée : 1,8 tonne, de quoi fabriquer 225 bombes nucléaires. Les précédents transports représentaient des quantités moitié moins importantes.
C’est ça aussi, le nucléaire
Lorsqu’on développe un programme nucléaire comme l’EPR, on construit des centrales, mais on produit aussi des centaines de tonnes de déchets radioactifs et des transports qui comportent des risques considérables de prolifération et de détournement des matières et de prolifération militaire.
« C’est indissociable, déclare Yannick Rousselet. Il y a quelques semaines deux satellites se sont percutés, deux sous-marins ultra technologiques sont entrés en collision… Le plus improbable se produit tous les jours. Comment faire confiance à l’industrie nucléaire, qui assure prendre toutes les précautions de sécurité alors qu’en réalité ces transports sont très vulnérables. »
Des transports qui mettent en péril la sécurité internationale… pour rien !
Plusieurs voyages de matières fissiles ont déjà eu lieu vers le Japon, en1984, 1992, 1999 et 2001, sous le prétexte d’utiliser le Mox comme carburant dans des réacteurs nucléaires. À chaque fois, le programme a échoué. Le Mox n’a jamais été utilisé et a fini stocké comme déchet radioactif.
Le Mox, combustible ultra sensible des futurs EPR
C’est un composé de 6 à 10 % de plutonium et d’uranium naturel, qui constitue une matière extrêmement sensible, classée catégorie 1 par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En clair, cela signifie que le Mox peut être directement utilisé pour fabriquer des bombes nucléaires en moins de trois semaines, estime l’AIEA. Seuls quelques microgrammes de plutonium suffisent à déclencher un cancer mortel des poumons ou des voies respiratoires. 4 à 8 kg de plutonium permettent de confectionner une bombe nucléaire de la puissance d’Hiroshima ou Nagasaki.
Consultez notre fiche « Tout savoir sur les transports de Mox » (en anglais)