Transports aériens
Comment réduire la pollution liée aux transports aériens ?
Alors que la crise climatique s’aggrave de jour en jour, le trafic aérien mondial continue d’augmenter dangereusement. Malgré son impact désastreux sur l’environnement, l’avion est un mode de transport encore largement privilégié, notamment par une fraction plutôt aisée de la population lors des départs en vacances. En cause ? Les décisions politiques qui favorisent le secteur aérien au détriment d’alternatives plus vertueuses. Comment faire autrement aujourd’hui pour concilier liberté, envies de voyage et déplacements moins polluants ?
Quels sont les impacts sociaux et écologiques de l’avion ?
Bien que l’avion soit un mode de transport très polluant, son impact reste fortement sous-estimé et il continue d’être plébiscité par une partie de la population lorsqu’il s’agit de se déplacer et de voyager. Au-delà de ses conséquences néfastes sur l’environnement et sur la santé, il vient également renforcer et creuser les inégalités. Face à l’urgence sociale et climatique actuelle, il est impératif de repenser et transformer le secteur des transports dans son ensemble.
L’avion, grand moteur du réchauffement climatique
Le secteur de l’aviation émet autant de CO2 qu’un pays comme l’Allemagne, 6e pays le plus émetteur du monde. Selon l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), ses émissions pourraient doubler, voire tripler, d’ici 2050 avec l’augmentation du trafic mondial.
Le secteur aérien a longtemps affirmé qu’il n’était responsable que de 2 % des émissions de carbone d’origine humaine. Ce chiffre a beaucoup été utilisé pour minimiser l’impact de l’avion et la nécessité de réduire son trafic. Mais celui-ci ne tient pas compte des effets hors CO2, tout aussi néfastes pour l’environnement, la biodiversité et la santé, comme l’augmentation de la concentration d’ozone ou la formation de cirrus (les traînées de condensation) qui retiennent les rayons du soleil et aggravent l’effet de serre.
Pour connaître le vrai impact du transport aérien sur le climat, il faudrait multiplier par trois les seules émissions de CO₂. En considérant tous ses effets, l’aviation contribue en réalité à hauteur de 6 % au réchauffement climatique.
Un mode de transport qui fait exploser l’empreinte carbone de la France
Le secteur des transports est le principal émetteur de gaz à effet de serre en France. Si les transports routiers sont responsables de la grande majorité des émissions sur notre territoire, l’avion participe aussi grandement à faire exploser l’empreinte carbone nationale.
Si on calcule l’impact climat des vols réalisés sur le territoire français ainsi que les vols internationaux depuis et vers la France, empruntés par des Français·es, le secteur aérien représenterait au moins 7,3 % de l’empreinte carbone de la France.
1 % de la population mondiale responsable de la moitié des émissions du secteur aérien
En plus d’accentuer la crise climatique, l’avion renforce les inégalités sociales. Il reste un mode de transport réservé à une minorité de personnes dans le monde. Ainsi, 40 % des Françaises et des Français ne sont jamais monté·es dans un avion. Au niveau mondial, c’est plus de 80 % de la population qui ne l’a jamais pris.
Si l’essor des compagnies low cost et de leurs offres à très bas prix laisse souvent penser que plus de personnes peuvent voyager en avion, la réalité est toute autre. Cela a surtout permis aux personnes qui prenaient déjà l’avion de voyager encore plus.
C’est d’ailleurs probablement le chiffre le plus marquant : 1 % de la population mondiale est responsable de la moitié des émissions du secteur aérien. En cause notamment : les jets privés qui sont extrêmement polluants (un passager pollue 5 à 14 fois plus en prenant un jet privé par rapport à un avion commercial) et dont l’usage est réservé à une minorité de personnes ultra-riches.
Quelles solutions pour limiter les impacts des transports aériens ?
Si l’avion reste un mode de transport privilégié, essentiellement par une partie plutôt aisée de la population dans le cadre de ses loisirs, c’est notamment du fait de certaines idées reçues et de fausses solutions poussées par nos responsables politiques. Pourtant, de vraies alternatives existent pour voyager autrement et pour réduire l’impact de l’aviation sur l’environnement.
Pas de secret : il faut avant tout réduire le trafic
De nombreuses fausses solutions sont poussées par les compagnies aériennes et soutenues par nos responsables politiques. L’objectif est simple : faire diversion pour éviter le vrai sujet et la seule solution à la hauteur des enjeux climatiques actuels : la réduction du trafic aérien.
Pour verdir son image et ses activités, le secteur aérien, à l’image des industries des énergies fossiles, mise beaucoup sur la « compensation » carbone. Pourtant, seule, elle est loin d’être une solution viable. Cette stratégie problématique décourage les entreprises polluantes à mettre en place les mesures nécessaires pour réduire leurs émissions, et ainsi lutter réellement contre le dérèglement climatique. Cette communication trompeuse décourage également les voyageuses et voyageurs de réduire leur usage de l’avion.
Les entreprises polluantes ne doivent pas choisir entre réduire et compenser : elles doivent faire les deux pour répondre aux enjeux climatiques.
Renoncer à tout nouveau projet d’aéroport
Si on veut réduire le trafic aérien, il est indispensable de stopper dès à présent tout nouveau projet d’aéroport ou d’extension, qui entraînerait de fait la multiplication du nombre de vols, en plus d’accentuer la pollution de l’air et les nuisances sonores.
De Roissy, à Montpellier en passant par Marseille, ces projets seraient une catastrophe pour le climat et la santé des populations survolées.
L’avion « vert » ne sauvera pas le climat
L’avion à hydrogène, les voyages neutres en carbone ou encore l’amélioration des performances énergétiques de l’avion ne sont pas des solutions miracles face à la crise climatique. Pourtant, le gouvernement mise tout sur ces solutions technologiques qui n’en sont qu’à leurs prémices ou qui présentent déjà des limites.
Ces perspectives restent trop hypothétiques et insuffisantes pour permettre au transport aérien de rester sur une trajectoire compatible avec les objectifs de l’accord de Paris. Sans compter que ces avions dits « verts » arriveront bien trop tard et ne seront pas en capacité d’absorber le volume et la croissance du trafic aérien actuel.
Mettre fin aux privilèges accordés au secteur aérien
Si l’avion est un mode de transport privilégié, c’est bien souvent car le prix des billets est plus attractif que celui des alternatives plus écologiques comme le train. Pour un même trajet en Europe, un billet d’avion va en moyenne coûter deux fois moins cher qu’un billet de train.
Cette injustice est permise et entretenue par les gouvernements qui font de nombreux « cadeaux fiscaux » au secteur aérien, comme l’absence de taxe sur le kérosène ou la TVA réduite. Pour changer la situation, le gouvernement doit mettre fin à ce soutien, qui va à l’encontre des enjeux climatiques et sociaux actuels.
Investir dans des alternatives plus écologiques et accessibles pour toutes et tous
Pour sortir de notre dépendance à l’avion, il est impératif de développer des alternatives qui soient plus écologiques. Mettre fin aux privilèges accordés au secteur aérien, comme le fait de taxer le kérosène des avions au même titre que l’essence des voitures, permettrait au gouvernement de dégager des ressources importantes.
Cela pourrait permettre d’investir dans le ferroviaire, en entretenant le réseau ferré, en améliorant les infrastructures, en relançant les lignes de train de nuit et en mettant en place des tarifs accessibles à toutes et tous.
Que faire à son échelle pour limiter la pollution liée aux transports aériens ?
Voyager autrement
À l’échelle individuelle, éviter au maximum de prendre l’avion est l’une des actions les plus efficaces pour limiter son impact sur le climat. Pour donner un ordre d’idée, éviter un aller-retour à Bali est aussi bénéfique pour le climat que de devenir végétarien·ne pendant 5 ans.
De plus en plus d’acteurs du tourisme durable tentent de redéfinir la vision du voyage idéal et de mettre en avant les alternatives. De nombreuses initiatives voient le jour pour permettre de faciliter l’accès à ce tourisme plus responsable, comme Mollow, Hourrail, Voyager en train, Greengo ou Mad Jacques.
Soutenir des actions et pousser des demandes concrètes
Toute mobilisation citoyenne doit nécessairement s’accompagner d’une action politique forte pour réduire drastiquement le trafic aérien et démocratiser les alternatives plus écologiques.
Pour faire pression sur le gouvernement et le pousser à prendre les bonnes décisions pour nos transports, vous pouvez signer les pétitions suivantes :
- Pour la taxation du kérosène, ce qui permettrait notamment de débloquer un budget à investir dans le secteur ferroviaire, pour améliorer les infrastructures et rendre accessible le train au plus grand nombre.
- Pour davantage de trains de nuit, pour voyager de manière plus écologique en France et en Europe, dans de meilleures conditions et à des tarifs accessibles à toutes et tous.
- Pour stopper les projets d’extension d’aéroport, à Roissy, à Montpellier ou à Marseille.
Pour interdire les jets privés et ainsi mettre fin à cette aberration sociale et écologique.
Militer sur le terrain à nos côtés
Pour défendre l’environnement, lutter contre des projets aériens néfastes ou contribuer à faire connaître les alternatives à l’avion, vous pouvez rejoindre un groupe local de Greenpeace.
Soutenir nos actions
En soutenant financièrement Greenpeace, qui repose uniquement sur les dons de particuliers, vous nous permettez de poursuivre notre travail d’investigation et de plaidoyer, renforçant ainsi notre rôle de contre-pouvoir pour exercer une pression sur nos responsables politiques. Votre rôle est essentiel pour continuer notre combat pour des transports moins polluants.
[Etude] La jeunesse prête à moins prendre l’avion
L’avion vert ne sauvera pas le climat
Essayez notre moteur de recherche !
rechercherDécouvrir
S’informer
Agir
L'actualité environnementale décryptée : découvrez la newsletter de Greenpeace.
Rejoignez plus d'un million de personnes en France et, vous aussi, agissez pour la planète !