Vers la conférence environnementale … Épisode 3

Conférence environnementale, débat sur l’énergie, le gouvernement et l’environnement : vous vous posez des questions ? Nous aussi ! Épisode 3

Voir / revoir les deux premiers billets sur le sujet :

Vers la conférence environnementale … Suite (27/08/2012)
Vers la conférence environnementale … (22/08/2012)

Comme nous l’avons écrit dans les billets précédents, la perspective de la conférence environnementale suscite de nombreuses questions…

Et la première d’entre elle est : que faire ? Doit-on, en tant qu’ONG de défense de l’environnement, se prêter au jeu de la Conférence, alors que les règles ne sont toujours pas clairement définies et que les dés pourraient être pipés ? Doit-on saisir l’opportunité d’être présents pour défendre nos combats et faire entendre nos positions ? Peut-on s’offrir le « luxe » de refuser le cadre du dialogue proposé par le gouvernement?

Au même titre que la non-violence, que l’action et la désobéissance civile, que l’expertise, le lobbying fait partie des méthodes historiques de Greenpeace. Alors pourquoi ne pas appliquer cette méthode jusqu’au bout, partout ?

Pourquoi aller à conférence environnementale ? Le bénéfice du doute…

D’abord, il parait difficile, voire précipité de faire un procès d’intention à ce gouvernement, alors qu’il n’est au pouvoir que depuis 4 mois. Peu de décisions concrètes ont été prises. Nous pourrions lui accorder le bénéfice du doute.

Le collège des ONGs est le seul avec pour unique objet la protection de l’environnement. Ne pas occuper la place qui nous est proposée, c’est aussi abandonner du terrain aux partisans du statu quo, notamment sur le volet énergétique et nucléaire. C’est laisser le champ libre aux entreprises qui en profiteront pour avancer leurs pions. On pense aux industriels des hydrocarbures de schistes, pour ne citer qu’eux.

Cette conférence est aussi la première étape du débat sur l’énergie prévu à l’automne : on y parlera des modalités de la future discussion. L’occasion pour Greenpeace de fermement œuvrer avec les autres ONG pour la mise en place de règles et de certains garde-fous pour un débat ouvert et transparent sur l’énergie.

Enfin, il y a notre devoir : notre mission de vigilance et de lanceur d’alerte. Pour alerter les citoyens, les défenseurs de l’environnement, leur permettre de comprendre, et de décrypter le jeu des acteurs, ce qui se passe en coulisse. En collaboration avec les autres ONG participantes.

Si nous estimons que ce processus est inutile, sans espoirs, nous nous sentirons toujours libres de claquer la porte.

Pourquoi ne pas y participer ? Trop de questions sans réponses…

Il y a ce que l’on sait, et qui nous inquiète :

D’abord, il y a une accumulation de signaux négatifs comme l’« affaire Bricq« , les forages en Guyane, le flou sur les hydrocarbures de schiste ou sur le nucléaire, les sorties médiatiques d’Arnaud Montebourg… Ces signaux laissent penser que la Conférence environnementale ne sera qu’une opération de communication de plus, destinée à verdir la future politique conservatrice et productiviste d’un gouvernement socialiste qui utilisera les mêmes méthodes que le gouvernement précédent.

De plus, la table-ronde sur l’énergie sera co-présidée par Delphine Batho (Ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie) et Arnaud Montebourg (Ministre du Redressement productif). Difficile de ne pas s’inquiéter de ce retour de l’Industrie dans les arbitrages sur les questions énergétiques, qui sont pourtant censées être passées sous tutelle de l’Environnement.

Enfin, le format de la conférence ne donne pas d’espace à de véritables discussions : 7h30 de tables-rondes, 60 personnes par tables-rondes, avec des objectifs aussi variés et ambitieux qu’une loi sur la rénovation des bâtiments, une feuille de route pour un débat sur l’énergie, des indicateurs, des modes de dialogue…

Ce qu’on ne sait toujours pas et qui nous importe

La question des pratiques de pêche et agricoles sera-t-elle abordée dans la table-ronde sur la biodiversité (qui ambitionne tout de même la « reconquête de la biodiversité »…) ? Pour l’heure, la question de la pêche n’est pas à l’agenda. Dans le gouvernement Ayrault, la pêche et la mer ont un ministère délégué dédié, dans le giron du ministère de l’Environnement… Il serait incompréhensible que le sujet soit absent des thématique traitées lors de la Conférence environnementale.

Quels seront les liens avec les autres processus lancés par le gouvernement qui sont susceptibles d’avoir des répercussions sur les enjeux de la Conférence environnementale ? Comme le chantier du tarif progressif de l’énergie, qui s’ouvre cette semaine, et qui risque de couper court au débat sur la fiscalité énergétique, ou encore la réforme du code minier. Quel sera le lien avec la Conférence sociale du mois de juillet, ou encore avec la Conférence agricole prévue le 7 septembre? Conférences qui ont, toutes deux, des liens forts avec le dossier environnemental !

Et vous ? Qu’en dites-vous ?

En toute transparence, nous avons souhaité exposer nos doutes et les questions que nous nous posons.
Et vous demander ce que vous en pensez. Vous êtes adhérents de Greenpeace, militant, lecteur ou citoyen de passage… Nous voudrions connaître votre vision de cette conférence environnementale et du rôle à jouer pour les ONG?

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