La persévérance paie! Aujourd’hui, une étape cruciale a été franchie : suite à une plainte que nous avions déposée en 2019, le tribunal judiciaire de Châteauroux vient de condamner l’entreprise Pierre ROBERT pour délit de mise sur le marché illégale de bois importé. L’entreprise est condamnée à 20 000 euros d’amende et à la publication du jugement dans les journaux Le Monde et La Nouvelle République. C’est la première fois qu’une entreprise est condamnée en France pour ce type de délit. À l’heure où la déforestation fait rage, où le climat s’emballe et où de nombreuses espèces disparaissent, cette décision de justice contre des entreprises qui contribuent à saccager les forêts semble couler de source. Pourtant, il n’en est rien. Ce jugement est l’aboutissement d’un travail de longue haleine ! Découvrez les coulisses de la campagne de Greenpeace qui a permis, aujourd’hui d’obtenir ce résultat.
Le gouvernement n’agit pas ? Greenpeace, si !
Depuis le début des années 2000, Greenpeace fait campagne dans le but d’obtenir un règlement européen pour interdire la mise sur le marché illégale de bois. En effet, l’Union européenne et la France en particulier sont l’une des principales portes d’entrée du bois prélevé illégalement dans les forêts tropicales, principalement au Brésil.
Qu’est-ce que le « bois illégal » ? C’est un bois issu de diverses pratiques frauduleuses : coupe sans autorisation, prélèvement d’espèces rares et protégées, dépassement des quotas autorisés, production de faux documents pour « blanchir » ce bois et échapper à la fiscalité… Cette exploitation forestière illégale engendre de la déforestation mais aussi une criminalité parfois violente, du travail forcé et des atteintes aux droits des peuples autochtones. En savoir plus
En 2010, l’Union européenne se dote enfin d’un règlement visant à écarter du marché communautaire le bois et les produits dérivés issus d’une récolte illégale. Ce règlement oblige les entreprises à vérifier la provenance et la légalité du bois qu’elles importent. Malgré l’entrée en vigueur du règlement en mars 2013, nous continuons de signaler de nombreux chargements de bois importés jugés illégaux.
Dans le port de la Rochelle, des activistes de Greenpeace bloquent l’arrivée d’un navire transportant du bois suspecté illégal, en provenance de République démocratique du Congo. Juin 2014.
© Pierre Baelen / Greenpeace
Les activistes de Greenpeace déposent une grume de quatre tonnes et de 8,5 mètres de long devant le ministère de l’Écologie, alors dirigé par Ségolène Royal. Leur objectif : contraindre le gouvernement à procéder aux contrôles nécessaires pour empêcher l’importation de bois illégal sur notre territoire.
Mars 2015. © Pierre Baelen / Greenpeace
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Dans le port de Caen, des activistes de la Brigade de vérification du bois estampille “bois illégal” une cargaison douteuse en provenance de République démocratique du Congo.
Janvier 2014. © Pierre Baelen / Greenpeace
Des rapports d’enquête à l’appui de nos revendications
Nous traquons aussi le bois illégal à sa source. En mai 2014, Greenpeace Brésil publie un premier rapport d’investigation, intitulé La crise silencieuse de l’Amazonie, dans lequel elle expose les principaux mécanismes de “blanchiment” du bois illégal, les dégâts causés sur place par ces pratiques et les principales routes d’exportation de ce bois. Quelques mois plus tard, un deuxième rapport est publié, fruit d’une enquête de terrain périlleuse : pour remonter la piste du bois illégal, Greenpeace a dissimulé des traceurs GPS sur les camions qui font sortir clandestinement des grumes de la forêt amazonienne.
Exploitation forestière illégale dans l’État du Para, au Brésil. Durant la journée, des camions, sur lesquels Greenpeace a dissimulé des GPS, se rendent au cœur de la forêt amazonienne pour charger des grumes illégalement récoltées avant de reprendre clandestinement la route, de nuit, pour acheminer ce bois vers des scieries de la région.
Septembre 2014. © Otávio Almeida / Greenpeace
La fin de l’impunité pour les entreprises peu scrupuleuses
Lors d’un survol, Greenpeace Brésil a identifié des zones de déforestation illégale sur le territoire du peuple autochtone des Karipunas, dans l’État du Rondônia, au Brésil.
Juin 2018. © Christian Braga / Greenpeace
Le 11 septembre, une deuxième décision de justice a été rendue dans le dossier de l’importation illégale de bois tropical : l’entreprise ISB FRANCE, leader français du marché, a été reconnue coupable de délit de mise sur le marché illégale de bois importé, et condamnée à 100 000 euros d’amende. Ces décisions de justice marquent la fin de l’impunité pour les entreprises qui importent du bois et des produits dérivés. De plus, leurs obligations devraient être renforcées par le futur règlement sur la déforestation.