Les défis liés à l’urgence climatique, aux droits humains, à la biodiversité et à la démocratie ne pouvaient pas être plus immenses au Brésil. En choisissant entre deux candidats radicalement différents, les Brésiliens ont choisi non seulement la démocratie, mais aussi le candidat qui a déclaré vouloir un Brésil plus respectueux de l’environnement et plus juste.
Cette victoire est d’abord un soulagement pour la démocratie qu’il est important de souligner. Le Brésil va pouvoir reconstruire ce qui a été démantelé ou affaibli par Jair Bolsonaro au cours de son mandat.
De nombreux défis sociaux et environnementaux à relever
Le gouvernement Bolsonaro laisse un héritage catastrophique pour le Brésil : destruction alarmante de l’Amazonie, harcèlement des militant·es environnementaux, retour de la faim, violences contre les populations autochtones… Une liste malheureusement non exhaustive. Le changement politique impulsé par cette élection est porteur d’espoir mais les défis que le nouveau gouvernement devra relever sont immenses.
Si Bolsonaro a été défait, le bolsonarisme est toujours bien actif et le nouveau gouvernement devra d’abord composer avec un paysage politique très conservateur. Que ce soit au sein même du Congrès ou à la tête des différents États du Brésil, beaucoup sont bolsonaristes. Sur les 27 unités fédérales, 14 se situent dans l’opposition au camp du président élu. Parmi eux, les États de Rio de Janeiro, du Minas Gerais et de São Paulo, qui représentent à eux trois plus de la moitié du PIB Brésilien et 40 % de la population. Ce clivage très fort pourrait entraver la mise en place de politiques sociales et environnementales progressistes.
La lutte contre la déforestation et le respect des droits humains seront un enjeu crucial pour ce nouveau gouvernement et il y a urgence à agir. L’Amazonie s’approche d’un point de bascule et les autres écosystèmes brésiliens (Cerrado, Pantanal) ne doivent par ailleurs pas être négligés. Il va falloir reconstruire les politiques environnementales et la capacité du Brésil à surveiller, préserver et restaurer les forêts et écosystèmes brésiliens. Lula devra aussi garantir les droits, les territoires et la protection des peuples indigènes et des communautés traditionnelles qui ont été bafoués pendant ces dernières années. Il est essentiel que les engagements pris par Lula pendant sa campagne électorale se transforment en réalisations concrètes.
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Le commerce international, un enjeu crucial pour l’Amazonie
La victoire de Lula a eu un écho qui dépasse largement le Brésil et a été saluée par de nombreux responsables politiques, notamment européens. Cependant, le futur des écosystèmes brésiliens et des communautés autochtones repose aussi sur la façon dont l’Europe fait commerce avec le Brésil. En ce sens, l’élection de Lula ne doit pas servir de prétexte à l’adoption de l’accord UE-Mercosur, dont les désastreuses conséquences sociales et environnementales ont été largement documentées.
L’Union européenne, quant à elle, doit prendre ses responsabilités et interdire l’importation de produits issus de la déforestation et des violations des droits humains. La Commission, le Conseil et le Parlement européen statuent actuellement sur un règlement européen anti-déforestation. Nous avions salué une première victoire à ce sujet il y a un mois mais ce projet de réglementation, tel qu’il a été voté par le Parlement, ne doit pas être détricoté au cours des prochaines négociations. Celui-ci devra être le plus ambitieux possible afin de lutter efficacement contre la déforestation et pour la protection des peuples indigènes (liste de nos demandes ici).