C’est donc une belle victoire pour le peuple Munduruku, menacé d’expulsion par ce projet qui aurait inondé leurs terres ancestrales. Et une belle récompense pour tous ceux qui se sont engagés à leurs côtés dans cette bataille : plus de 87 000 personnes en France, plus de 1,2 million à travers le monde. Cette mobilisation globale pour sauver le cœur de l’Amazonie a aidé à faire la différence.
Les droits des Mundurukus au cœur de la campagne
L’un des enjeux de la mobilisation était de faire admettre à l’Agence environnementale brésilienne la réalité des impacts négatifs du méga-barrage tant sur l’environnement, en matière de perte de biodiversité, que sur les Mundurukus injustement chassés de leurs terres. C’est pourquoi nous avons notamment mis sur pied un “Forest camp” pour aider les Mundurukus à démarquer physiquement leurs terres, lesquelles auraient été inondées par le lac de retenue du barrage.
D’autres agences brésiliennes, comme la Fondation nationale de l’Indien (FUNAI), ainsi que le procureur de l’État du Pará (dans lequel devait être construit le barrage), avait déjà demandé à l’IBAMA de renoncer au barrage, car son impact sur les populations riveraines le rendait inconstitutionnel.
Maintenant que l’autorisation de construction du barrage a été retirée, le ministère brésilien de la justice doit prendre ses responsabilités et reconnaître officiellement les frontières du territoire des Mundurukus.
La bataille pour l’Amazonie n’est pas terminée
Si nous célébrons aujourd’hui une victoire d’étape importante pour la sauvegarde de l’Amazonie, il nous reste encore beaucoup à faire pour protéger les fleuves amazoniens et prévenir toute nouvelle tentative de construction de barrage en Amazonie.
En effet, 42 autres projets de barrage sont dans les tuyaux en ce qui concerne le bassin du fleuve Tapajós (dont quatre sur le fleuve Tapajós lui-même), et des centaines à travers l’ensemble de la forêt tropicale amazonienne – tous symboles d’un modèle de développement économique brutal pour les populations et destructeur pour la nature. Tous les barrages construits précédemment en Amazonie ont eu des impacts dévastateurs tant sur les communautés locales que sur l’environnement, et ont engendré des scandales de corruption, à l’exemple du méga-barrage de Belo Monte.
Nous devons donc les stopper tous, un par un s’il le faut. Car il existe un autre modèle de développement énergétique : les énergies renouvelables [EN]. Il est temps que le Brésil s’engage résolument dans cette voie.