Les personnes vivant à proximité d’une ligne à très haute tension (THT, 400 000 Volts) auraient plus problèmes de santé (maux de tête, troubles du sommeil, irritabilité, etc.), voire plus de maladies graves (leucémie, cancers du sein et de la thyroïde), que les autres. Voilà la principale tendance qui se dégage d’une enquête unique en son genre
La France compte près de 13 000 km de lignes THT, or il n’existe aucune étude d’impact. « En l’absence de données et alors que l’État s’apprête à lancer un projet de ligne THT pour transporter jusqu’à Laval l’électricité que devrait produire le futur réacteur EPR en construction à Flamanville, des associations locales ont décidé de conduire leur propre enquête », explique Jean-Charles Herriau, l’un des pilotes du projet au sein de la coordination Stop THT, qui regroupant les associations sur les trois départements concernés par le projet de ligne THT liée à l’EPR (Ille-et-Vilaine, Manche et Mayenne).
Les premières tendances
Les conclusions complètes seront rendues publiques en juin 2008. Après étude partielle de 350 dossiers, certaines tendances apparaissent. « Des problèmes de santé focalisés sur des troubles du sommeil, de la mémoire, de l’audition, mais aussi des maux de tête, de l’irritabilité et des états dépressifs sont plus fréquents chez les riverains exposés que chez les riverains non exposés, constate Pierre Le Ruz, docteur en physiologie et directeur scientifique du Criirem (Comité de recherche et d’information indépendant sur les rayonnements électromagnétiques non ionisants). De plus, ces symptômes disparaissent significativement lorsque les riverains quittent la zone affectée par la ligne THT. » Plus grave encore : des maladies ayant fait l’objet de traitements lourds, d’actes chirurgicaux et des cancers (leucémie, cancers du sein et de la thyroïde) sont détectés en plus grand nombre chez les riverains exposés.
Suite à ces premières observations, la coordination Stop THT demande aux candidats aux prochaines élections municipales de s’engager à mettre en œuvre, s’ils sont élus, tous les moyens juridiques et politiques en leur pouvoir pour imposer une distance de protection entre toute future ligne THT et les riverains et exploitations les plus proches.
Périmètre et méthodologie de l’enquête
L’enquête s’est déroulée auprès des personnes habitant ou travaillant dans une zone de 300m de chaque coté :
– de la ligne THT Flamanville/Domloup, qui fonctionne à 100 % (en noir sur la carte) ;
– de la ligne THT Domloup/Les Quintes, en service à 30 % (en marron sur la carte) ;
– et enfin du tracé proposé par RTE pour la ligne THT Cotentin-Maine (en gris sur la carte) – cette dernière catégorie fait office de population témoin.
La conception du questionnaire et le traitement des données sont assurés par le Criirem, en collaboration avec plusieurs experts (médecins, vétérinaires, toxicologues). De janvier à mars 2008, les enquêteurs formés par le Criirem ont rendu visite à près de 300 foyers répartis sur plus de 160 communes. Au total, plus de 8 000 questionnaires vont être analysés.