Les voitures électriques sont de plus en plus considérées comme le moyen par excellence pour réduire l’impact de la circulation automobile sur le climat. Est-ce réaliste ? Les voitures électriques sont en effet plus efficaces d’un point de vue énergétique, moins polluantes et permettent l’utilisation de différentes sources d’énergie, y compris les renouvelables. En tant que telles, elles peuvent (et doivent) contribuer dans une importante mesure et à long terme au transport durable. Mais bien des points d’interrogation subsistent.
Si la problématique du climat est extrêmement urgente, les scénarios d’introduction des voitures électriques dans le parc automobile sont quant à eux assez lents. La plupart des pronostics concernant l’arrivée des plug-ins hybrides et des voitures électriques indiquent une arrivée discrète pour 2020 et donc un impact limité sur les réductions des émissions pour 2030. La plupart prévoient que les voitures électriques resteront au moins jusqu’en 2015 encore un produit de niche, pour des raisons de coûts et de prestations.
A court et à moyen termes, la voiture électrique ne pourra donc pas fournir de contribution importante à la lutte contre les changements climatiques. Et pourtant, les experts disent que l’électrification du transport est nécessaire pour réaliser à long terme les importantes réductions requises dans le secteur du transport. Car la possibilité de rendre les voitures équipées d’un moteur à explosion plus économes est limitée. Mais il y a d’importantes remarques à formuler quant à l’impact de la voiture électrique sur les émissions de la circulation automobile, qui pourraient hypothéquer gravement le bénéfice environnemental :
- A cause de la structure probable des coûts de la voiture électrique (coût d’achat plus élevé, mais coûts plus faibles au km), le risque est grand que le nombre de kilomètres parcourus et donc le volume de la circulation augmentent.
- Il existe également un risque que les voitures électriques viennent s’ajouter, et non pas remplacer, aux voitures conventionnelles (par exemple à cause de leur autonomie limitée).
- Parce que, et certainement à court et à moyen termes, la voiture électrique sera surtout intéressante pour les courtes distances en ville et en périphérie, le risque est réel que les voitures électriques remplacent les déplacements plus durables, comme le vélo et les transports publics.
- A cause du coût relativement faible du chargement de la voiture électrique, la recherche pour mettre au point des voitures plus efficaces pourrait être négligée et le nombre de voitures fortement surmotorisées resterait important, voire augmenterait.
Une introduction non contrôlée des voitures électriques implique également le risque que le mix énergétique non durable actuel soit maintenu ou même renforcé les prochaines décennies. La pression en vue de construire des nouvelles centrales nucléaires et au charbon augmenterait considérablement, ce qui n’est absolument pas à l’avantage d’une politique énergétique durable et positive pour le climat et réduirait considérablement le bénéfice environnemental des voitures électriques. L’introduction de la voiture électrique doit, en d’autres termes, aller de pair avec la ‘verdisation’ du secteur de l’énergie.
Le succès des voitures électriques dépend de leurs batteries, de leur production, de leur coût et de leur impact environnemental. Cette question fait encore l’objet de nombreux points d’interrogation, qui doivent être résolus avant que débute la vente massive de voitures électriques.
Nous devons viser des voitures électriques efficaces –
basées autant que faire se peut sur une capacité de production renouvelable supplémentaire – qui remplacent les voitures conventionnelles à l’essence et au diesel. En même temps, des mesures complémentaires doivent être prises pour assurer que le nombre de véhicules et les kilomètres qu’ils parcourent n’augmentent pas. L’évitement du transport, la promotion des transports publics et des autres transports durables doivent rester des priorités absolues. Il faut en même temps viser une utilisation plus écologique et renouvelable de l’énergie. Avec la politique belge et européenne actuelle, nous ne réaliserons pas ce scénario.
La voiture électrique sauvera-t-elle le climat ? La réponse est négative. Mais elle offre toutefois bien des possibilités de réduire considérablement les émissions du secteur du transport à long terme, à condition que cette réduction aille de pair avec une ‘verdisation’ générale et accélérée du secteur du transport et de l’énergie. Mais pour cela, il faut un cadre politique adéquat.
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