Le recyclage, qu’est ce que c’est ?
Le recyclage désigne le processus de transformation des déchets en ressources. Attention, on parle de recyclage lorsque l’on peut récupérer la matière à l’infini et qu’elle se régénère à l’identique, comme pour le verre.
Autrement, lorsque le procédé de recyclage altère la qualité du matériau, la chercheuse Nathalie Gontard privilégie le terme de “dé-cyclage”. C’est le cas du plastique : la bouteille d’eau que vous mettez à la poubelle pourra être “recyclée” une fois, deux fois, trois fois peut-être. Ensuite l’altération de la qualité sera trop importante, et il faudra trouver d’autres débouchés pour ces plastiques détériorés.
Les industriels jouent de cette confusion et utilisent le terme “recyclage” indifféremment pour tous les matériaux. Il s’agit d’un abus de langage qui minimise l’empreinte écologique de leurs produits.
Pourquoi le recyclage n’est pas une solution miracle ?
Le recyclage comme alibi du jetable
Beaucoup d’entreprises présentent le recyclage comme LA solution permettant de compenser l’impact écologique des produits jetables. “Si c’est recyclable, aucune inquiétude, vous pouvez acheter sans polluer !”. Or, si le recyclage est utile pour les objets en toute fin de vie, il faut d’abord réduire le volume de déchets que l’on produit.
D’autant que le recyclage est aussi une activité industrielle qui a pour but d’être rentable. Or si le flux de déchets n’est pas suffisant, sa rentabilité baisse. Loin d’encourager la sobriété, le recyclage est une activité qui a besoin de volume, et donc de déchets, pour fonctionner.
Selon Flore Berlingen, ancienne directrice de l’association Zero Waste France, et auteure du livre Recyclage, le grand enfumage, le recyclage n’est souvent qu’un alibi pour produire de plus en plus d’objets à usage unique. Une situation de greenwashing généralisé, qui dévoie le principe même d’une démarche zéro déchet.
Le recyclage demande beaucoup de ressources
Le recyclage n’est pas une opération “magique”. C’est un processus industriel qui consomme de l’énergie et des ressources. Pour recycler du verre, il faut organiser la collecte, trier le verre des autres matériaux, retirer les étiquettes, broyer le verre, le chauffer à haute température, refondre la nouvelle matière, la mouler… A l’inverse, le système de consigne des bouteilles en verre ne demande “que” d’acheminer les bouteilles sales et de les laver. La consigne demande ainsi 15 fois moins d’énergie que le recyclage, et émet 60% de gaz à effet de serre en moins.
Le recyclage est également un poste de dépense important pour les collectivités locales : la collecte, le traitement et “l’élimination” des déchets ménagers coûtent 16 milliards d’euros par an. Ce poids financier est inégalement réparti avec les producteurs et les distributeurs qui assument finalement un faible coût des déchets qu’ils produisent.
Le recyclage du plastique est très limité
Selon l’association Plastics Europe, en Europe seuls 14% des plastiques usagés sont collectés pour être recyclés, sur lesquels 4% sont perdus en cours de route et 8% sont décyclés (transformés pour créer un autre produit). Au total, seuls 2% des plastiques sont donc effectivement recyclés. Cette prise en charge très lacunaire s’explique par :
- La collecte : pour que le recyclage soit mené à bien, le tri des déchets est essentiel, sinon un déchet recyclable peut se retrouver en décharge ou bien incinéré. Or de nombreuses communes n’organisent toujours pas le tri du plastique
- L’utilisation de plastiques que l’on ne peut recycler : les entreprises mettent sur le marché de nouveaux matériaux avant de s’assurer au préalable qu’il existe bien des filières de traitement pour eux. Ce fût le cas des bouteilles de lait opaques en PET, théoriquement recyclables, mais qui ont été mises en vente avant que l’on sache comment les recycler.
- Les limites techniques : sur les dizaines de types de plastiques qui existent, tous ne sont pas recyclables. Ceux qui le sont ne peuvent être recyclés qu’un nombre limité de fois. Au-delà, le plastique sera de moindre qualité, et utilisé pour d’autres usages.
Le recyclage culpabilise les individus plutôt que les multinationales
Après avoir poussé pour l’abandon de la consigne, les industriels de la boisson et de l’emballage, Coca Cola en tête, ont promu pendant des décennies le recyclage et le tri comme la solution miracle face à la production croissante de déchets. Les citoyens sont alors sommés de s’impliquer à travers le tri de leurs déchets. Et cette stratégie a payé : aujourd’hui qui ne se sent pas jugé.e au moment de choisir la bonne poubelle ? Au contraire, les industriels se dédouanent de la gestion des déchets qu’ils ont eux-mêmes produits.
Plus que le recyclage, comment aller vers le zéro-déchet ?
5 réflexes responsables à adopter
La démarche zéro-déchet cherche à réduire les déchets à la source, en s’appuyant sur 5 principes de sobriété, “les 5R”:
- Refuser : autrement dit, reconnaître le non-essentiel et le refuser. Par exemple, les produits distribués dans la rue, ou encore les packs de promotion au supermarché qui vous incitent à consommer plus que ce dont vous avez réellement besoin.
- Réduire : lorsqu’il n’est pas possible de refuser il est possible de réduire, en particulier les emballages. La vente en vrac le permet lorsque l’on réutilise les contenants (sachets, bocaux…).
- Réutiliser : éviter le jetable, réparer, raccommoder, ou réutiliser autrement. De nombreuses alternatives au jetable existent désormais comme les serviettes hygiéniques lavables. Des lieux permettent également de monter en compétence comme les repair café ou les ateliers d’auto-réparation de vélo.
- Rendre à la terre : composter les biodéchets. Il existe des dispositifs de proximité pour vous permettre de trier vos déchets organiques, tels que les Réseaux de compost citoyen ou bien les points de collectes de biodéchets.
- Recycler : quand il n’y a pas d’alternatives, essayer de recycler.
Cette démarche des “5R” est notamment portée par l’association Zéro Waste France, qui œuvre à réduire les déchets à la source.
Des conseils à son échelle pour réduire les déchets
Bien avant de penser au recyclage, l’objectif est de réduire nos déchets en amont. Pour agir de façon efficace, voici plusieurs astuces zéro-déchet à appliquer au quotidien :
- Repérez les lieux près de chez vous qui vous permettent de retoucher ou réparer vos objets, ou apprenez à le faire vous-même grâce aux nombreux tutoriels en ligne
- Buvez de l’eau du robinet pour éviter d’acheter des bouteilles en plastique. Pensez aussi à utiliser une gourde pour tous vos déplacements.
- Évitez les emballages en plastique et achetez en vrac dans la mesure du possible en vous munissant de contenants en verre et de sac à vrac.
- Privilégiez la seconde main. En plus de réaliser des économies vous pourrez éviter le phénomène extrêmement polluant de fast-fashion.
- Apportez vos propres contenants lorsque vous mangez à emporter chez un commerçant.
- Allongez la durée de vie de vos objets en les gardant longtemps et en les réparant si cela est possible. La production de déchets électroniques (batteries de téléphones, composants d’ordinateurs) est un vrai fléau et vous pouvez le limiter.
- Triez vos déchets, et oui malgré tout ! Notamment les déchets organiques, cela diminuera le risque qu’ils soient contaminés et donc impropre à la transformation en compost.
- Essayez de vous procurer des produits d’hygiène non emballés et réutilisables.
- Soyez attentifs au gaspillage alimentaire. Il peut être facilement limité grâce à quelques réflexes.
- Refusez ce qui est gratuit et dont vous n’avez pas besoin (soda dans une formule, goodies, échantillons…). Cela semble un geste anecdotique mais c’est un premier pas contre le consumérisme.
Le problème n’est pas le recyclage mais de tout miser sur le recyclage, sans réduire le volume de déchets produits. Pour preuve de l’incapacité des pays occidentaux à gérer leurs déchets, des pays comme la France pratiquent l’exportation de déchets textiles vers des pays africains, avec des conséquences écologiques et sociales catastrophiques.
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