L’agriculture, avec la forêt, contribue à un quart des émissions de GES d’après le GIEC
Les émissions agricoles sont principalement liées à l’élevage et à la gestion des sols et des nutriments (c’est-à-dire à l’apport d’engrais de synthèse pour nourrir les sols).
Avec au moins 14% des émissions globales de GES d’après la FAO, l’élevage est particulièrement incriminé. Il est difficile d’avoir un chiffre exact notamment car une partie importante de la déforestation est due à l’élevage (pour des pâturages ou pour produire du soja destinés à l’alimentation animale), mais aussi de par la complexité de ces filières. Certains rapports qui prennent en compte la respiration des troupeaux amènent ainsi la part de l’élevage à 30,8% des émissions globales de GES.
Au niveau français, l’agriculture représente environ 21% des émissions françaises de GES avec la fertilisation des sols (notamment les engrais de synthèse), la fermentation entérique (qui correspondent en fait aux rots et flatulences des vaches), les déjections animales et la consommation d’énergie. L’alimentation représente environ 15% des émissions avec la fabrication d’emballage, la transformation, le transport, les déchets alimentaires…
Pourtant, l’agriculture est particulièrement tributaire des dérèglements climatiques
En effet, de par sa nature, le secteur agricole est très sensible aux aléas climatiques. D’autant plus que les systèmes de culture actuels, comme les monocultures, requièrent un climat stable et des conditions idéales. Certains cultivars ont des besoins très spécifiques et ne poussent que dans des conditions géographiques et climatiques limitées. Mauvais point donc pour l’agriculture industrielle. Et paradoxe également car l’agriculture industrielle se nuit tout particulièrement en contribuant aux changements climatiques.
Les dérèglements climatiques menacent donc directement la souveraineté alimentaire mondiale. Et ses effets se font d’ailleurs d’ores et déjà ressentir, y compris en France. Par exemple, les vendanges ont lieu en moyenne deux semaines plus tôt qu’il y a 20 ans en Champagne. Dans les décennies à venir, les phénomènes météorologiques extrêmes et les conditions climatiques inhabituelles risquent de devenir de plus en plus courants. C’est pour faire face à ces écueils que nous devons construire un système agricole plus résistant.
La solution passe en grande partie par l’agriculture écologique
De nombreuses solutions pour s’adapter à ces changements, sinon toutes, peuvent s’appuyer sur des pratiques existantes et sur l’agriculture écologique plutôt que sur des technologies totalement nouvelles. Par exemple, l’agriculture écologique contribue à la création de systèmes agricoles et alimentaires capables d’affronter le manque d’eau. Les pratiques d’agroforesterie telles que l’incorporation d’arbres dans les terres cultivées, la diversification des exploitations ou encore les méthodes traditionnelles de sélection végétale pour améliorer la résistance à la sécheresse, sont connues dans le monde entier. Elles offrent des résultats probants pour identifier des méthodes de protection efficaces contre les futurs chocs climatiques. Enfin, la constitution d’un sol sain est indispensable pour permettre aux exploitations de faire face à la sécheresse. Autant de pratiques qu’encourage l’agriculture écologique.
Changer de système alimentaire permettrait de créer des puits de carbone à grande échelle. Mais aussi de développer de nombreuses autres façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment à travers la gestion des sols et grâce à la transition vers un élevage écologique. Car un élevage écologique jouerait un rôle clé dans les agroécosystèmes en aidant entres autres à optimiser la fertilisation des sols, à condition de transformer profondément la production animale et sa consommation. En effet, l’élevage écologique n’a recours qu’aux terres et aux ressources agricoles qui ne sont pas directement utilisables pour l’alimentation humaine. Sa mise en œuvre implique donc de réduire notre cheptel, en particulier en Europe, pour privilégier la qualité à la quantité.
Tout le monde peut agir sur l’agriculture… grâce à sa fourchette !
Le premier moyen de réduire les émissions de GES de l’agriculture française, c’est à travers ce que l’on met dans nos assiettes, notamment en mangeant moins et moins riche. Quelques conseils :
- Manger bio, local et de saison;
- Manger moins de viande, œufs et produits laitiers. Greenpeace recommande ainsi un maximum d’environ 12kg de viande issus de l’élevage écologique par personne et par an (soit environ 230g par semaine) et 26kg de lait par personne par an (soit ½ litre de lait par semaine). Et le choix de chacun d’adopter un régime végétarien ou végétalien permet de contribuer encore plus à l’effort collectif de réduction de la consommation de produits animaux;
- Moins gaspiller notamment en achetant moins de produits transformés et emballés.
Une publication du RAC détaille à travers de nombreuses astuces comment mettre en œuvre ces gestes au quotidien et vous propose de calculer les gaz à effet de serre émis par votre assiette.