Un industrie florissante particulièrement pernicieuse
Le krill est particulièrement recherché car il sert à la fabrication d’huile, de compléments alimentaires comme les pilules d’oméga 3, d’aliments pour les fermes à poissons ou encore de nourriture pour les animaux domestiques. L’industrie de la pêche au krill dans l’océan Antarctique s’est particulièrement développée ces dernières années et accentue les risques environnementaux qui pèsent déjà sur la région. En se déroulant à proximité immédiate des zones d’alimentation d’animaux tels que les baleines et les manchots, cette pêche induit une concurrence directe pour la nourriture. Certains bateaux n’hésitent pas à jeter l’ancre à proximité de zones protégées en dépit de l’impact potentiel sur la faune et sur le fond marin.
Les investigations menées par Greenpeace, notamment lors de notre expédition de trois mois dans l’océan Antarctique, mettent en évidence des pratiques de pêche dangereuses, telles que le transbordement (transfert en mer des produits de la pêche entre deux bateaux). Une fois pêché, le krill est embarqué sur des cargos congélateurs connus pour avoir commis de nombreuses infractions aux règles de sécurité et aux normes de prévention des pollutions. À l’échelle globale, le transbordement en mer a souvent entraîné des violations des droits sociaux et environnementaux. Cette pratique permet en effet à certains acteurs de la pêche industrielle d’agir en toute opacité.
Industriels de la pêche et entreprises clientes doivent revoir leurs pratiques
La faune de l’Antarctique ne doit pas être en concurrence directe avec une industrie dont le principal but est de vendre des compléments alimentaires hors de prix à l’autre bout du monde. L’industrie de la pêche au krill se rend dans l’un des derniers espaces quasi vierges de notre planète et y livre une bataille féroce contre les manchots et les baleines dans le but de capturer une espèce absolument clé pour tout l’écosystème de l’Antarctique.
L’industrie de la pêche au krill doit cesser immédiatement de pêcher dans les zones qui font l’objet d’une proposition pour être classées en réserve marine. Les entreprises qui achètent des produits dérivés du krill doivent cesser de s’approvisionner auprès de flottes de pêche qui continuent à exploiter ces zones fragiles.
Un réseau d’aires marines pour sanctuariser la région
Grâce aux analyses tirées des plongées d’exploration du plancher océanique lors de nos recherches scientifiques, nous avons renforcé les preuves de la vulnérabilité des fonds marins dans cette région, et l’urgence de les protéger en créant un réseau de réserves marines. Une étape clé serait la création du plus grand sanctuaire marin du monde, qui s’étendrait sur 1,8 million de km2 en mer de Weddell. En octobre prochain, la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) doit se réunir pour examiner cette proposition. Après la création du sanctuaire en mer de Ross l’an dernier, il est urgent d’élargir la sanctuarisation de l’océan Antarctique. Déjà plus d’un million de personnes dont 100 000 en France sont mobilisées dans le monde pour soutenir cette proposition.
Pour aller plus loin :
- Je consulte le rapport d’investigation (en anglais) : Licence to krill
- Je veux en savoir plus sur l’expédition de Greenpeace : Protégeons l’océan Antarctique
- Je soutiens le travail de Greenpeace en Antarctique : Faire un don