La série d’échecs spectaculaires vécus par Shell au large de l’Alaska n’est pas passée inaperçue dans les sièges sociaux des compagnies pétrolières. La société d’État norvégienne Statoil en a apparemment tiré des leçons, et prévoit de ralentir ses activités dans les eaux de l’océan Arctique sous juridiction américaine.
Les compagnies pétrolières reculent
En septembre 2012, Christophe de Margerie, PDG de Total déclarait : « Les industriels devraient s’abstenir de chercher du pétrole dans ces eaux car les risques liés à l’environnement y sont trop élevés. Une marée noire au Groenland serait un désastre« . Relativisons. Pour Christophe de Margerie, le désastre cité est un désastre d’image pour la compagnie pétrolière française, une inquiétude de réputation pour Total.
Fin février, le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé qu’il renonçait pour cette année à faire des forages en Alaska, où il assure toutefois vouloir reprendre ses activités « à l’avenir ». « Notre décision de faire une pause en 2013 va nous donner du temps pour nous assurer que tous nos équipements et nos effectifs sont prêts« , a commenté Marvin Odum, président de Shell Oil Company, cité dans le communiqué. Ce moratoire doit durer au moins jusqu’en 2014.
Nous voulons que Shell renonce définitivement à l’Arctique. Les autorités américaines peuvent prendre cette décision, et peuvent suspendre les permis. Aidez nous à les convaincre, en écrivant à Barack Obama !
En ce début mars, c’est au tour de la compagnie Statoil d’appuyer sur le bouton « pause ». On pourrait espérer que cette décision résulte des préoccupations environnementales du gouvernement norvégien. Et que ce moratoire s’étendra à la haute mer et ne se limitera pas aux eaux territoriales de l’Alaska. Ce n’est malheureusement pas le cas : Statoil va continuer à effectuer des forages au large de la Norvège, et elle s’implantera bientôt dans les eaux de l’océan Arctique bordant la Russie, où elle agira en partenariat avec Rosneft…
Mais Rosneft détient le (bien triste) record absolu des déversements de pétrole sur la terre ferme en régions nordiques. Cette société d’État russe possède un bilan catastrophique en matière d’environnement, et ses ravages gâchent la vie de milliers de personnes. Voir notre page : Glace Noire : déversements de pétrole en Russie – Une crise sans fin.
Sauver l’Arctique, c’est aider le climat dans son ensemble
Alors que cette année, un nouveau rapport du GIEC devrait souligner, une fois de plus, l’urgence à changer drastiquement de cap, Greenpeace continuera de mobiliser les citoyens et les décideurs sur la protection de l’Arctique.
Au mois d’avril prochain, Greenpeace organisera une expédition au pôle Nord, pour immerger sous la glace une capsule contenant les noms des 2,7 millions de personnes qui sont devenues des défenseurs de l’Arctique sur savetharctic.org.