Ce jeudi se déroule à Paris une conférence Internationale sur les grands bassins forestiers. Cette réunion regroupe de nombreux pays forestiers des bassins de l’Amazone et du Congo, Indonésie, etc.) et les pays industrialisés – dont la France- qui s’étaient engagés en décembre à Copenhague au déblocage de 3,5 milliards d’euros par an d’ici 2012 pour aider les pays en voie de développement à lutter contre la déforestation. Mais rien n’avait été clairement entériné.
Des fonds réellement additionnels et des décisions en accord avec les droits et intérêts des populations forestières
Mettre un terme à la destruction des forêts tropicales est une absolue nécessité, dans la perspective d’une réduction drastique et indispensable des émissions de gaz à effets de serre visant à maintenir l’élévation des températures en-dessous de la barre des 2°C. Les actions urgentes à envisager doivent absolument prendre en compte l’inestimable biodiversité présentent dans les grands bassins forestiers et doit garantir l’adhésion et à la participation des populations forestières dans la mise en place des futurs programmes financés.
Le processus de discussions relancé aujourd’hui doit absolument garantir la transparence, l’efficacité des futurs programmes et surtout la participation des communautés forestières, dont les peuples autochtones. Il faut également que cette aide soit réellement additionnelle et pas un simple recyclage d’aide publique déjà affectée.
Ne pas financer les moteurs de la déforestation, comme les plantations ou l’exploitation industrielle du bois
Il va falloir mettre en place de réels garde-fous contre une utilisation perverse des financements : les moteurs de la déforestation – conversion de forêts en terres agricoles, plantations, exploitation industriels du bois- ne doivent pas bénéficier de subventions déguisées. En pleine année de la biodiversité, il est bon de rappeler que les forêts naturelles ne sont en rien équivalentes aux plantations, en terme de richesse des écosystèmes concernés et de capacité de séquestration du carbone.
Pourtant il existe un risque réel que des entreprises bénéficient de financements internationaux au titre de plantations industrielles comme l’huile de palme ou l’acacia, pour la pâte à papier, en Indonésie ; ceux-ci constitueraient des incitations perverses à la destruction de forêts naturelles, à la perte irréversible de biodiversité et à la multiplication de conflits fonciers.
De même, l’exploitation industrielle du bois doit être exclue du champ des possibles financements. Dans le bassin du Congo, où les entreprises forestières internationales ont développé un modèle de concession à très grande échelle, les retombées économiques ne bénéficient que très peu aux populations locales.
Les forêts tropicales ne sont pas une simple matière première, pour reprendre une expression malheureusement utilisée par Nicolas Sarkozy. Cette conférence, et les futurs financements destinés aux forêts tropicales, doivent rétablir la confiance entre les pays industrialisés, les pays en développement et surtout leur population : le temps du pillage des forêts tropicales pour le seul profit des économies du nord et de quelques élites politiques et économiques au sud doit être révolu.