À mi-parcours de la COP 20, qui doit poser les bases de l’accord de Paris, pas sûr que l’urgence soit intégrée par les négociateurs des États. La première semaine sert à préparer les textes à négocier et comparer les propositions. Et le compte n’y est pas sur les principaux enjeux ! Ainsi, la sortie des énergies fossiles pour aller vers 100% de renouvelables d’ici 2050 n’est pas actée. Ce point n’est pas dans les propositions négociées, ouvrant la porte aux fausses solutions et à tous les greenwashing: nucléaire, captage et stockage de carbone, géo-ingénierie.
Pourtant, opérer une transition vers 100 % renouvelables et infléchir ainsi l’évolution des bouleversements climatiques est maintenant devenu une question de survie pour certaines populations.
Hors de Lima, la vraie vie !
Typhon redevenu tempête, Hagupit poursuit sa route. Après son passage aux Philippines, la Croix-Rouge a dénombré 27 victimes. Près de 13 000 habitations ont aussi été détruites et 22 300 endommagées dans la province de Samar oriental alors qu’un million de personnes ont été évacuées et déplacées préventivement. C’est la réalité du terrain.
Cette réalité est aujourd’hui confortée par les rapports et prévisions des scientifiques et des experts.
Ainsi, le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) publiait vendredi dernier, depuis Lima, un nouveau rapport. Selon celui-ci, les dépenses nécessaires pour protéger les populations des pays en développement des risques liés aux changements climatiques pourraient atteindre 250 à 500 milliards de dollars par an en 2050. L’ONU a donc quasiment doublé ses prévisions de coûts liés à l’adaptation aux dérèglements climatiques, estimés à 70 milliards de dollars en 2010.
Dans son rapport préliminaire publié mercredi 3 décembre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime que l’année 2014 sera l’une des plus chaudes, sinon la plus chaude, jamais enregistrée.
Les signaux sont donc au rouge… et marquent tous l’urgence d’agir ! Une urgence qui ne semble pas atteindre les négociations de Lima.
Une transition pourtant bien réelle !
Les représentants des pays discutent, parlementent et négocient à Lima … Et pendant ce temps, le monde et les citoyens avancent !
La transition énergétique pour le climat est bien réelle pour certains pays… Citons, entre autres exemples, celui du Danemark. À ce jour, le Danemark est l’un des rares pays à avoir adopté une politique énergétique en accord avec l’impératif climatique. Le Danemark s’est non seulement engagé à éliminer progressivement les combustibles fossiles, mais aussi à les remplacer par des alternatives 100 % renouvelables, propres, vertes et sûres, en écartant les fausses solutions comme le captage et le stockage du carbone (CSC) et l’énergie nucléaire.
Dans cinq ans à peine, la moitié de l’électricité danoise proviendra de l’énergie éolienne, et le charbon sera progressivement réduit pour être totalement supprimé en 2030. La demande en électricité et en chauffage sera intégralement couverte par les énergies renouvelables d’ici à 2035, et l’énergie danoise sera entièrement propre, sûre et renouvelable à l’horizon 2050.
Le Danemark a également prévu de réduire ses émissions nationales de GES de 40 % d’ici à 2020, par rapport au niveau de 1990 (sans avoir recours aux crédits carbone) – soit 10 ans en avance par rapport aux objectifs proposés par l’Union européenne.
L’Allemagne avance elle aussi : elle a ainsi décidé en conseil des ministres de s’engager à réduire ses émissions de CO2 de 93 millions de tonnes d’ici 2020. Si le gouvernement allemand doit maintenant préciser exactement comment il va atteindre cet objectif, ce pourrait être le début d’une sortie du charbon en Allemagne. En 2014, l’Allemagne a atteint son plus bas niveau d’émission de CO2 depuis 1990, avec une réduction de 5% rien que cette année et 25% depuis 24 ans. En 2011, l’Allemagne décidait de sa sortie du nucléaire et de la fermeture immédiate de 8 réacteurs. En 2013, la puissance installée des parcs solaires et éoliens allemands l atteignait plus de 70 GW.
L’Allemagne a pris un virage important afin de tenir son engagement de réduire ses émissions de 40% d’ici 2020. Avec cette décision, le pays est dans l’action et toujours plus engagé dans la transition énergétique, seule à même de lutter efficacement contre les dérèglements climatiques, créatrice d’emplois, de filières d’avenir, basée sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Les citoyens sont en avance sur les politiques
Les citoyens avancent souvent plus vite que leurs représentants et dirigeants… De l’Inde à l’Afrique en passant par l’Europe et même certains territoires français, la transition existe, sur le terrain !
Dharnai est un village d’Inde. Il est situé dans l’une des zones les plus pauvres du pays et qui est désormais complètement alimenté par l’énergie solaire. Il s’agit là du premier village indien où l’électricité est entièrement produite par le soleil, pour couvrir les besoins de 450 maisons (2400 habitants), 50 commerces, deux écoles ainsi que ceux d’un centre dédié à la formation et à la santé. Après 30 ans d’attente, Dharnai dispose à présent de tous les outils nécessaires pour se doter d’une solide communauté locale. Le progrès n’y est plus freiné par le manque d’électricité. Et ce village prouve aussi à des dizaines d’autres qu’ils sont eux aussi capables de produire et de gérer leur propre énergie. Ce village prouve aussi à des dizaines d’autres qu’ils sont eux aussi capables de produire et de gérer leur propre énergie, et qu’un approvisionnement énergétique continu, indépendant des centrales à charbon ou nucléaires, est tout à fait possible ! Voir le projet en détails
Citons aussi la République Démocratique du Congo, où des communautés forestières isolées disposent d’une radio solaire depuis 2012, et où, depuis quelques semaines, un établissement de formation est alimenté par une centrale solaire.
En France aussi, il existe des territoires à énergie positive ! Un territoire à énergie positive vise l’objectif de réduire ses besoins d’énergie au maximum, par la sobriété et l’efficacité énergétiques, et de les couvrir par les énergies renouvelables locales (« 100% renouvelables et plus »). C’est le réseau TePOS !
Interpeller sans relâche
Des militants de Greenpeace de 7 pays d’Amérique latine et d’Europe ont déployé le 8 décembre au matin une banderole de 45 mètres à Nazca, au Pérou, sur un des sites historiques de la civilisation précolombienne du même nom. Cette banderole portait le message suivant, en anglais : »Le changement c’est maintenant. Le futur sera renouvelable« . L’objectif ? Dire et redire que face à l’urgence, les discours et la demi-mesure ne suffisent plus !
Mise à jour
: Cette action a été préparée scrupuleusement avec l’appui d’un expert péruvien, spécialiste des cultures précolombiennes. Les activistes n’ont rien laissé sur place qui puisse dégrader le site. Ils ont choisi ce site, de portée universelle, pour passer un message universel . Greenpeace et ses militants tiennent à sincèrement présenter leurs excuses à tous les péruviens qui auraient pu être troublés par cette activité. Depuis 40 ans, Greenpeace a toujours mené des opérations non violentes, dans le respect des peuples et des cultures. Nous sommes complètement ouverts à toute enquête indépendante qui pourra nous en dire plus sur la réalité des éventuels dégâts qui auraient pu être causés.
Greenpeace est prête à répondre de sa bonne foi et à discuter avec les autorités péruviennes compétentes, Ministère de la Culture en tête, comme cela a eu lieu mercredi matin, pour dissiper tout malentendu.
Tous ces exemples, dans le monde entier, en Europe et même dans les territoires français, démontrent toujours plus l’inaction du gouvernement en matière de politique énergétique.
Une loi de transition énergétique qui arrive à mi-mandat, sans moyens, l’attitude plus qu’ambiguë sur la réduction de la part du nucléaire, la faillite annoncée d’Areva…
Quand on veut laisser une trace dans l’histoire, comme l’a professé François Hollande lors de la conférence environnementale, on agit. La seule solution pour le climat aujourd’hui, ce sont les renouvelables. La France et son secteur énergétique sont décidément à la traîne.