C’est aujourd’hui que l’Accord de Paris entre en vigueur. Issu des négociations climatiques internationales de la COP21, cet accord a permis plusieurs avancées, en identifiant notamment les énergies renouvelables comme la solution incontournable pour répondre au défi climatique. Mais il est aussi très peu contraignant. En se réjouissant sans modération de l’entrée en vigueur de l’accord, le gouvernement français confond les points marqués par la diplomatie avec les points marqués dans la lutte contre les changements climatiques. Surtout, il ne parvient pas à faire oublier que la France est loin d’être exemplaire en matière de climat et qu’il lui reste du pain sur la planche avant la fin du quinquennat.
À partir de 18h30, Paris aux couleurs de la nature pour fêter l’entrée en vigueur de l’#AccordDeParis#SmileForThePlanet ? pic.twitter.com/tQPaf8nmwP
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) November 4, 2016
Accord de Paris : la transition énergétique mondiale en marche
L’entrée en vigueur de l’Accord de Paris aujourd’hui est-elle le sursaut mondial qui va permettre de concrétiser les engagements climatiques ? Elle montre a minima que les dirigeants ont pris conscience que la transition énergétique mondiale est inévitable pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 1,5 degré.
Les énergies renouvelables grignotent chaque jour des parts de marché aux énergies fossiles et nucléaires, et le charbon entame sa phase de déclin. Le dépassement par les énergies renouvelables des capacités de production électrique à partir du charbon en 2015 fait partie de ces signaux qui donnent de l’espoir. Mais nous savons qu’il faudra encore plus d’innovation et de mobilisation citoyenne pour pouvoir crier victoire.
Des contributions nationales largement insuffisantes
Les contributions actuelles des États ne permettront pas d’atteindre l’objectif de l’accord. Aujourd’hui, selon l’ONU, elles nous emmènent vers une hausse des températures qui pourrait atteindre 2,9 à 3,4 °C. Ces contributions ne sont pas à la hauteur d’une crise climatique qui bat son plein. Tous les mois, de nouvelles catastrophes et de nouveaux records de température nous rappellent que le dérèglement en cours se confirme. Cette trajectoire de réchauffement compromet chaque jour un peu plus notre capacité à lutter demain contre les inégalités et la faim dans le monde.
Les gouvernements doivent donc être beaucoup plus ambitieux au niveau de leur politique énergétique nationale pour réduire les émissions. Une première piste d’action : ne pas attendre 2018, comme le permet l’Accord de Paris, pour revoir leur engagement à la hausse ! Les gouvernements doivent saisir l’opportunité de la conférence de Marrakech (COP22) pour mettre dès maintenant leurs ambitions au diapason de l’urgence climatique. Une recommandation qui s’applique tout particulièrement à la France.
La France, cancre du climat
Alors que la présidence marocaine de la COP22 prend effet dans quelques jours, l’Elysée continue de marteler de belles promesses : “la mobilisation de la France restera entière pour que la justice climatique soit respectée” et “pour que l’esprit de Paris se prolonge et s’amplifie”. A l’international, la France continue de se cacher derrière cet esprit de Paris pour se targuer d’être « exemplaire » et s’autocongratule :
Non. Rappel pour @RoyalSegolene : c’est un réchauffement de +3°C qui nous attend. Il y a encore bcp de pain sur la planche. #AccordDeParis pic.twitter.com/QqmUSZlJD3 — Greenpeace France (@greenpeacefr) 4 novembre 2016
Dans les faits, la France n’a pas à crier cocorico : en matière de transition énergétique, le gouvernement français démissionne. Il y a une semaine, il publiait sa feuille de route pour la transition énergétique : la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Supposée traduire les objectifs de la loi transition énergétique, cette PPE s’avère terriblement décevante. En ne proposant aucune avancée sur la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique français, elle condamne le développement massif des énergies renouvelables. Il sera impossible pour la France de répondre à l’urgence climatique si le gouvernement laisse à EDF le soin de calibrer la politique nucléaire de ces prochaines années.
Esprit de Paris, es-tu là ? Aujourd’hui et demain, la Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe et les Berges de Paris s’illuminent pour fêter l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris. Rien qui ne suffise à faire oublier que la France ne fait en réalité que trahir cet accord comme elle trahit ses promesses en matière de climat.