Dernière mise à jour, le 5 mars 2025.
Après douze années de retard et un coût multiplié par six par rapport à ce qui était prévu, l’EPR de Flamanville est entré en phase de démarrage fin 2024. Si EDF et le lobby du nucléaire s’en réjouissent, de nombreux problèmes et anomalies demeurent et attendent d’être réglés. En réalité, le réacteur a déjà dû être mis à l’arrêt et les effets d’annonce d’EDF ne sauraient cacher la réalité de ce fiasco.

Des activistes se sont introduits sur le chantier de l’EPR à Flamanville et en ont bloqué l’entrée pour dénoncer la relance du nucléaire, au mépris des risques et incertitudes liés à l’énergie nucléaire. Mars 2022. © Pierre Gleizes / Greenpeace
Dernières péripéties en date
Février et mars 2025
Arrêt imprévu et prolongation de l’arrêt pour cause d’aléas techniques pendant au moins six semaines.
Décembre 2024
Raccordement au réseau électrique.
4 septembre 2024
Vingt-quatre heures à peine après les annonces de la première divergence sur l’EPR de Flamanville, EDF signalait déjà un arrêt automatique du réacteur. L’incident est dû à une erreur humaine, liée à une intervention visant à éviter un défaut industriel de conception de l’EPR. D’autre part, EDF n’a pas pris la peine d’informer la Commission locale d’information (CLI) sur le déroulement des essais comme le prévoit la réglementation. Un manque d’information qui fait craindre un démarrage précipité au détriment des impératifs de sûreté.
3 septembre 2024
EDF annonce à coup de métaphores mensongères que le cœur du réacteur de l’EPR de Flamanville a commencé à “battre”. Pourtant, l’étape finale de la mise en service est encore bien loin. Ici, il s’agit de la première divergence du réacteur, c’est-à-dire le début de la réaction en chaîne nucléaire. Par exemple, pour le dernier réacteur mis en service à la centrale nucléaire de Civaux, quatre ans se sont écoulés entre la première divergence du réacteur et sa mise en service. D’autre part, ce démarrage se fait dans des conditions inédites : en effet, EDF a demandé la modification des règles générales d’exploitation (RGE) pour pouvoir démarrer à tout prix dans des conditions qui ne sont pas des conditions “normales” au démarrage d’un tel projet. Aussi, il est déjà acté que de nombreux équipements et pièces défaillants devront être changés prochainement (c’est le cas notamment du couvercle de la cuve, non conforme, qui doit être remplacé). Au lieu de démarrer dans de bonnes conditions, EDF, sous pression politique, “précipite” ce démarrage et s’apprête à irradier des pièces qui deviendront des déchets radioactifs, dont on ne sait que faire, avant même que le réacteur ne commence à produire de l’électricité. Ce démarrage est purement et simplement un démarrage politique.
Chronologie d’un fiasco
Septembre 2024
Lancement des opérations de divergence et annonce d’un nouveau retard pour le couplage au réseau.
Mai 2024
Mai 2024
Chargement du combustible après l’accord de l’ASN.
Février 2024
Soupçons de falsification de la part d’un sous-traitant de l’EPR.
Octobre 2023
Démarrage des essais de requalification d’ensemble.
Mai 2023
Décembre 2022
EDF annonce un nouveau retard dans le calendrier concernant le chargement du combustible.
Avril 2022
Des militants de Greenpeace s’introduisent sur le chantier de l’EPR.
Février 2021
EDF continue sa politique du fait accompli et poursuit l’acheminement de camions de combustible neuf sur le site de Flamanville.
Décembre 2020
Fuite de documents sensibles de sécurité liés au site nucléaire de Flamanville.
Octobre 2020
Juillet 2020
La Cour des comptes confirme des coûts de construction à 12,4 milliards d’euros.
Juin 2019
L’ASN impose la reprise de huit soudures interenceintes à EDF pour Flamanville.
Octobre 2019
EDF est autorisé à mettre en service la cuve du réacteur de l’EPR de Flamanville.
Mai 2018
Disparition de cadenas sur le site d’EDF Flamanville.
Février 2018
Détection de défauts sur les soudures du circuit vapeur.
Juin 2017
Avril 2017
Une enquête révèle qu’EDF, Areva et l’ASN savaient depuis 2005 que l’usine du Creusot n’était pas en capacité de produire des pièces conformes destinées à l’industrie nucléaire.
Février 2017
Mai 2016
Livraison de pièces non conformes.
Septembre 2015
Nouvelle annonce de report pour fin 2018.
Juin 2015
Défauts dans les soupapes de sécurité de l’EPR.
Avril 2015
Anomalies sur la cuve du réacteur.
Mars et juillet 2015
Procès et condamnation de Bouygues TP et de quatre autres entreprises pour emploi illégal.
Novembre 2014
EDF annonce finalement un démarrage pour 2017.
Automne 2014
Retard dans la livraison de certains équipements.
Juin 2011
Chute mortelle d’un chef d’équipe.
Janvier 2011
Été 2010
EDF officialise un retard de deux ans.
2009
Annonce de failles du système de contrôle-commande du réacteur.
Décembre 2008
Les Echos annonce un surcoût de 20 % de la facture de l’EPR en construction à Flamanville.
Juin 2008
L’ASN autorise la reprise du chantier de l’EPR de Flamanville, malgré l’affaire des anomalies, sur les déclarations de bonnes intentions concernant l’amélioration des contrôles de la part d’EDF, mais rien n’est réglé sur le fond.
Mai 2008
Suspension des travaux à cause d’anomalies dans les armatures en fer et la structure du béton.
Mars 2008
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dresse une longue liste de malfaçons et met en demeure le directeur de l’aménagement du site EDF de prendre des mesures correctives sous un délai d’un mois.
Décembre 2007
Avril 2007
Décret autorisant la création de l’EPR de Flamanville.
© Pierre Gleizes / Greenpeace