Accord UE-Mercosur : Greenpeace dénonce un désastre environnemental, social et humain

Agriculture, Climat, Économie et social, Forêts

Après plus d’un quart de siècle de négociations, l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur a été finalisé ce matin lors du Sommet du Mercosur, en Uruguay. Malgré la ferme opposition de la France, de la société civile et du monde agricole, la Commission européenne justifie la finalisation de l’accord par, entre autres, l’intégration de mesures ou d’engagements liés à la protection de l’environnement. Pour Greenpeace, aucune mesure environnementale n’est suffisante pour en justifier l’adoption : cet accord est une véritable bombe à retardement pour le climat, la biodiversité, les agricultrices et agriculteurs européens et sud-américains et les droits humains.

«Cet accord n’est pas compatible avec des objectifs de lutte contre le changement climatique et la déforestation, s’indigne Eric Moranval, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France. De plus, il fait planer de sérieuses menaces sur l’agriculture européenne : il est scandaleux de la sacrifier ainsi, sous prétexte d’un texte saupoudré de mesures environnementales. Ce traité vise à favoriser in fine le commerce de produits fortement émetteurs de gaz à effet de serre, de pesticides interdits dans l’UE ou encore de produits issus de la déforestation. Comment peut-on envisager un seul instant que faciliter ce type d’échanges sera sans effet sur le dérèglement climatique et la planète ? »

« Il s’agit d’un accord inacceptable pour le climat qui va compromettre les mesures mises en œuvre par de nombreux pays pour faire face à l’urgence climatique, explique Carolina Pasquali, directrice générale de Greenpeace Brésil. En outre, il est regrettable qu’un accord ayant un tel impact économique, social, politique et environnemental sur la société brésilienne et les autres pays du Mercosur ait été négocié à huis clos, sans participation de la société civile ni transparence. »

Pour Greenpeace, ce traité est dicté par une vision économique et commerciale ultralibérale et mortifère, qui date du siècle dernier : l’avenir de notre planète est sacrifié sur l’autel du profit à court terme.

« La recherche du profit au détriment de toute considération sociale et environnementale nous a menés dans l’impasse climatique que l’on connaît aujourd’hui, poursuit Eric Moranval. Ce traité s’inscrit dans cette même logique qui favorise des industries polluantes au détriment de la planète et des agriculteurs. »

Les conséquences de cet accord seraient désastreuses s’il venait à entrer en vigueur :

  • Une augmentation des émissions de gaz à effet de serre : en contradiction flagrante avec les recommandations de la communauté scientifique [1], qui a démontré l’urgence d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet serre afin de contenir le réchauffement climatique.
  • Un carnage écologique : toute déforestation, toute destruction supplémentaire d’écosystèmes précieux est susceptible d’avoir des conséquences irréversibles [2]. La forêt amazonienne par exemple, un des remparts les plus efficaces contre le changement climatique, est déjà proche d’un point de bascule. Or l’accord favorise la production de viande sud-américaine, premier moteur de la déforestation sur ce continent.
  • De la concurrence déloyale pour l’agriculture européenne, qui sera mise en concurrence avec des produits moins chers, produits avec des standards environnementaux et sociaux moins exigeants qu’au sein de l’Union européenne.
  • L’accord favorise également le commerce de produits dont la production est régulièrement associée à de terribles violations des droits humains. Le développement de l’agrobusiness sud-américain se fait de manière parfois violente, avec des expropriations, des menaces et des violences pouvant aller jusqu’à des assassinats [3].

Malgré une mobilisation inébranlable des citoyens d’Europe et d’Amérique du Sud, malgré la colère légitime des agriculteurs européens et l’opposition déclarée de certains États membres, la Commission européenne a signé ce traité, ignorant toutes les mises en garde.

Greenpeace reste mobilisée contre cet accord qui, sous couvert de prospérité économique, alimenterait des crimes environnementaux et humains d’une ampleur terrifiante. Cet accord doit être rejeté par le Conseil européen : la France doit désormais convaincre suffisamment de pays pour former une minorité de blocage à même de rejeter cet accord [4].

 

Notes aux rédactions :

[1] Voir Rapport de synthèse du GIEC : les États doivent baisser immédiatement leurs émissions pour ne pas dépasser le seuil de 1,5 °C, communiqué de presse de Greenpeace France, 20 mars 2023

[2] Sources : site du CNRS et article de Nature.

[3] Voir Under Fire, rapport de Greenpeace International (2019) et article Au Brésil, Lula accusé d’inaction face aux meurtres d’indigènes, Le Monde, 25 juillet 2024

[4] Les conditions : soit plus de 12 Etats, soit au moins 4 États qui regroupent plus de 35% de la population européenne.