Climat : Nicolas Sarkozy fait le dos rond face aux américains
Greenpeace s’interroge sur les ambitions climatiques de la France à deux mois de sa présidence de l’Union européenne. Le discours tenu vendredi 18 avril au matin, par le président de la République face aux délégations des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre réunis à l’occasion de la Conférence des grandes puissances économiques (dite « MEM ») sur les changements climatiques n’est pas à la hauteur du défi, ni à la mesure de la réaction attendue par l’hôte de cette conférence face aux récentes annonces du Président américain.
« Plutôt que tenir un discours mou, qui ne désamorce en rien les tentatives américaines pour torpiller les négociations internationales, le Président Sarkozy aurait mieux fait de rester à l’Élysée, commente Karine Gavand, chargée de campagne climat à Greenpeace. L’ »amitié » franco-américaine a pris le pas sur les impératifs du défi climatique. Quitte à ce que le Président Sarkozy cautionne par sa présence ce processus inutile et dangereux qu’est le MEM, il aurait au moins pu critiquer explicitement le plan Bush, comme l’ont fait le Commissaire européen à l’environnement Stravos Dimas et le ministre allemand de l’Environnement Sigmar Gabriel avant lui, et montrer l’exemple en annonçant une réduction de 30 % des émissions de la France d’ici à 2020. »
Le Président français a certes rappelé l’urgence à agir et la nécessité de fixer des objectifs quantifiés de réduction des émissions. Mais il a omis de rappeler le caractère nécessairement contraignant de ces objectifs, seule condition de leur efficacité. Il n’a pas mentionné la nécessité d’un effort partagé mais différencié des engagements entre pays en développement et pays industrialisés, qui doivent réduire d’au moins 30 % leurs émissions d’ici à 2020, par rapport aux niveaux de 1990.
« Nicolas Sarkozy a soigneusement évité de s’adresser directement à George W. Bush, qui, sans surprise, avait annoncé à la veille de l’ouverture du MEM un objectif indicatif totalement déconnecté des exigences dictées par les scientifiques du climat, reprend Karine Gavand. Nicolas Sarkozy n’a pas affiché d’ambitions précises pour la France, qui aurait du montrer l’exemple alors qu’elle va mener la délégation des vingt-sept États membres de l’Union européenne à la Conférence de l’Onu en décembre prochain à Poznan. »