Crise agricole : réaction de Greenpeace aux annonces du Premier ministre
Contrairement à ce qu’a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal en introduction de son discours, force est de constater que le gouvernement n’a pas entendu la colère légitime des agriculteurs et agricultrices. Les mesures de simplification et les vaines promesses d’enfin appliquer les lois existantes ne suffiront pas à régler la crise que connaît aujourd’hui le secteur. Les ‘preuves d’amour’ aux agriculteurs promises par le Premier ministre ne sont pas au rendez-vous.
“Avec une annulation de la hausse des taxes sur le gazole non routier (GNR), le gouvernement tente de répondre à la crise agricole actuelle en appliquant un pansement sur une jambe de bois, déclare Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne agriculture à Greenpeace France. Si l’annonce de la hausse de cette taxe a généré tant de colère, c’est parce que la majorité des agriculteurs et agricultrices se trouve dans des situations financières extrêmement difficiles. C’est là le cœur du problème : il faut agir sur les revenus, de manière structurelle et à long terme”.
Dans un contexte d’urgence climatique, les subventions directes ou indirectes aux énergies fossiles, telle que la défiscalisation, vont devoir disparaître, mais avec un accompagnement compensatoire pour les catégories socio-professionnelles ou les ménages les plus touchés, soit l’inverse de l’approche brutale du gouvernement lors de la hausse de la taxe carbone à l’époque des gilets jaunes ou lors de l’annonce sur le GNR récemment.
Près de 20 % des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté : ils ne parviendront pas à enclencher la transition écologique nécessaire tant qu’ils ne pourront pas vivre dignement de leur travail. Pour ce faire, des mesures concrètes et de long terme s’imposent. D’abord, l’arrêt définitif des négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur – ce qui est très différent d’une opposition sur le traité “en l’état” déjà exprimée à maintes reprises par le Président de la République et simplement rappelée ici par le Premier Ministre – mais aussi un moratoire sur tous les autres accords commerciaux en négociation et un réexamen de tous les accords en vigueur. Il est urgent d’en finir avec la concurrence déloyale qui détruit les systèmes agricoles et notre environnement.
La mise en application de la Loi Egalim et le renforcement des contrôles est nécessaire mais pas suffisante pour enrayer la précarité des agriculteurs. Il faut également interdire la vente de produits agricoles en dessous des prix de revient : il est totalement inconcevable que les agriculteurs puissent continuer à vendre leurs produits à perte parce que le gouvernement est défaillant et refuse de les protéger contre la toute puissance des lobbies agro industriels. Enfin, la réforme nécessaire de la PAC ne doit pas être considérée comme une simplification, comme l’a annoncé le Premier ministre, mais comme une révolution totale permettant de flécher l’argent public en priorité vers la transition agroécologique, et non vers l’agro-industrie et les structures les plus polluantes.
Enfin, Greenpeace dénonce fermement les annonces concernant une série de mesures visant à limiter et entraver les recours juridiques pouvant être portés par des riverains ou des associations sur des projets tels que les projets de méga-bassines ou les projets d’installation ou d’extension de fermes-usines.
Après une semaine de campagne d’instrumentalisation contre l’écologie, le gouvernement continue dangereusement de polariser l’opinion sur cette question. ‘Nous le réitérons : l’écologie ne s’oppose pas à l’agriculture, bien au contraire. Elle vise à maintenir les agriculteurs face à l’industrialisation à marche forcée, dont les méga-bassines et les fermes usines sont les plus grands symboles, et l’ultra-libéralisme qui les détruit’, conclut Sandy Olivar Calvo.