Exportations de déchets nucléaires : Greenpeace impose le moratoire demandé à Jean-Louis Borloo
Paris, le 12 novembre 2009 – Fortement mobilisée depuis trois semaines au Havre, mais aussi sur Cherbourg, Brest ou Nantes-Saint Nazaire, Greenpeace impose de fait le moratoire sur les exportations de matières nucléaires pratiquées sans aucune transparence par Areva.
Matières nucléaires : opacité totale, scandales en série…
Depuis trente ans, et dans l’opacité la plus totale, Areva prétend envoyer de l’uranium en Russie pour le transformer afin de le réutiliser. En réalité, plus de 90 % de cet uranium sont tout simplement abandonnés là-bas : cette matière doit donc être considérée comme un déchet.
Suite au scandale provoqué par la diffusion d’un reportage sur Arte consacré aux déchets nucléaires, Jean-Louis Borloo a saisi le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN), qui s’est réuni le 19 octobre. Ce Haut comité a demandé l’inventaire global des matières et déchets produits dans le cycle du combustible nucléaire. Il a ouvert une enquête et va auditionner les industriels.
« Nous avons demandé au ministre d’aller jusqu’au bout de sa démarche et de décréter un moratoire sur les exportations de matières nucléaires vers la Russie, au moins le temps qu’aboutissent ces enquêtes qu’il a lui-même commanditées, explique Yannick Rousselet. Mais malheureusement, le ministre fait la sourde oreille et refuse d’appliquer le principe de précaution. Nous avons donc décidé de réagir. »
Sur son site www.greenpeace.fr, Greenpeace appelle aussi les citoyens à envoyer un email à Jean-Louis Borloo pour lui réclamer ce moratoire immédiat.
Navires déroutés, exportations suspendues…
Le Kholmogory, un des navires susceptibles de repartir de France avec, à son bord, une cargaison de déchets nucléaires qu’Areva expédie en Russie, était attendu au Havre le 10 novembre. Il a finalement été dérouté sur le port de Nantes-Saint Nazaire où il est arrivé le 11 novembre dans la nuit, sous la surveillance de Greenpeace. Ce navire est reparti le 12 au matin, à vide, officiellement en direction de Rotterdam.
« Suite à l’inaction de Jean-Louis Borloo, Greenpeace s’était mis en situation d’empêcher Areva de poursuivre ses expéditions de déchets nucléaires vers la Russie, rappelle Yannick Rousselet. L’industrie semble avoir compris le message. »
La semaine dernière déjà, suite à la présence de Greenpeace au Havre, deux autres navires, le Kapitan Mironov et le Kapitan Lus, avaient déjà été déroutés vers le port de Cherbourg et étaient eux aussi repartis dans cargaison nucléaire à leur bord.
Le 27 octobre, l’Arctic Sunrise, le brise-glace de Greenpeace, était arrivé au port du Havre. Il en est reparti dans l’après-midi du 11 novembre et a pris la direction de la mer du Nord. L’Arctic Sunrise reste en alerte. Il ne quittera pas la zone de transit des navires susceptibles de transporter en Russie les déchets d’Areva et va demeurer prêt à intervenir si nécessaire.