Greenpeace occupe la raffinerie Total du Havre pour dénoncer un crime climatique
Le Havre, 8 octobre 2009 – Une trentaine de militants de Greenpeace ont pénétré depuis 7h15 ce matin sur le site de la raffinerie de Total de Gonfreville-l’Orcher, située près du Havre (Seine maritime). Ils ont déployé trois banderoles : la première sur une énorme citerne, les deux autres sur les deux cheminées principales de la centrale énergie du site, hautes de 75 mètres. Ces banderoles dénoncent un « crime climatique » et proclament que « Total invente la destruction durable ». Sur Internet, Greenpeace a lancé au même moment une campagne vidéo pour dénoncer les méfaits de Total : www.greenpeace.fr/destruction-durable
Par cette action spectaculaire, réalisée à moins de dix semaines du sommet de Copenhague, Greenpeace dénonce la responsabilité du groupe pétrolier français dans les changements climatiques, avec les investissements faramineux réalisés par Total dans l’exploitation des sables bitumineux, au Canada, dans l’État de l’Alberta, mais aussi à Madagascar.
« Il s’agit d’un crime climatique commis en toute impunité, explique Yannick Rousselet, chargé de la campagne Énergie à Greenpeace France. Les sables bitumineux, c’est la façon la plus sale et la plus chère d’extraire et de produire du pétrole. Le pétrole issu de ces sables génère cinq fois plus de gaz à effet de serre que celui issu des gisements classiques. L’exploitation de ce pétrole nécessite aussi un gaspillage ahurissant d’énergie (gaz, électricité, carburant, etc.) et d’eau. » Le groupe Total a déjà investit plus de 8 milliards d’euros en Alberta et prévoit d’investir 10 milliards d’euros, dans les dix années à venir, en Alberta et à Madagascar. Objectif de la multinationale : que 10 % de sa production de pétrole proviennent de l’exploitation des sables bitumineux.
Des actions à répétition contre les criminels climatiques comme Total
L’opération de ce matin se situe dans le sillage des actions menées depuis trois semaines par Greenpeace dans l’Etat de l’Alberta, au Canada. Des militants venus de France, du Brésil, du Québec ou d’Australie ont successivement occupé et bloqué deux mines à ciel ouvert, puis une usine du groupe Shell. Des opérations similaires devraient encore avoir lieu dans les semaines à venir.
Que vaudrait un accord à Copenhague si on exploite les sables bitumineux ?
Dans dix semaines, les chefs d’Etat du monde entier se retrouveront à Copenhague pour tenter de trouver un accord pour lutter contre les changements climatiques et donner une suite au protocole de Kyoto. « Comment lutter contre les changements climatiques si l’on laisse des groupes pétroliers, des États, et des intérêts économiques divers investir dans une telle catastrophe environnementale et climatique, s’interroge Yannick Rousselet. Alors qu’on nous parle sans relâche de « moralisation » du capitalisme, nous interpellons le président de la République Sarkozy et ses collègues européens, qui se prétendent leaders de la lutte contre les changements climatiques mais laissent des industriels comme Total développer des activités extrêmement polluantes. »
Les sables bitumineux, destruction durable de l’environnement et du climat
Les sables bitumineux, c’est un bitume très visqueux, mélangé à du schiste et du sable à partir duquel on extrait du pétrole, par un processus long, complexe et couteux. Les plus grandes réserves exploitables se trouvent en Alberta, au Venezuela et à Madagascar. En Alberta, l’exploitation des sables bitumineux a déjà dévasté plus de 3 000 km² de forêt boréale, créé d’immenses lacs de déchets miniers, pollué de nombreuses rivières, etc. Mais c’est surtout une véritable bombe climatique à l’heure où la planète doit aller vers des réductions drastiques de ses émissions de gaz à effet de serre.