La majorité UMP farcit le Grenelle à la sauce Monsanto/FNSEA
Paris, le 6 février 2008. Paris, le 6 février 2008. Pour qui en doutait encore, après la première nuit de débats sur la loi OGM au Sénat, les objectifs des parlementaires UMP sont limpides : mise à sac du Grenelle et torpillage en règle du principe de précaution. La stratégie bien rodée de la Commission des affaires économiques de M. Bizet s’avère payante : la surenchère d’amendements rétrogrades est en train de dénaturer le projet de loi… pour faire par la suite passer ses aspects les plus inacceptables comme un compromis « raisonnable ». Le projet de loi revisité par M.Bizet devient celui des semenciers et d’une minorité de la profession agricole. Face à une telle volonté de saccage de la majorité parlementaire UMP, les quelques voix de la protection et de la responsabilité, à droite comme à gauche, sont isolées et réduites à l’impuissance.
« A peine 20 sénateurs ont assisté à l’ensemble des débats. Seuls 7 d’entre eux se sont montrés actifs. Sur un sujet d’une telle importance pour l’avenir de notre pays et qui préoccupe aussi fortement les citoyens, un tel absentéisme s’apparente à une totale irresponsabilité. Quelle est l’utilité démocratique des sénateurs en la circonstance ? » déclare Arnaud Apoteker de Greenpeace France.
Acte 1: l’impossible coexistence Le plus symbolique et le plus déplorable des amendements de la Commission des affaires économique visait, dans l’article 1, à transformer la liberté de produire « avec ou sans OGM » en liberté de produire « avec des OGM ou de ne pas le faire ». Il a fort heureusement été repoussé dans la nuit. Mais l’article 1 restera donc globalement en l’état et se passera donc de la garantie, qui était pourtant l’un des engagements du Grenelle, à « produire et consommer sans OGM ».
Acte 2 : la clique des scientistes a frappéLa discussion sur l’article 2, portant sur l’évaluation, c’est-à-dire sur le rôle et la composition de la « Haute autorité » sur les OGM, transformée en « Haut conseil sur les biotechnologies » a confirmé la tendance… Maussade. L’ouverture à la société civile se referme. C’est ainsi l’une des principales conquêtes du Grenelle qui est enterrée. En effet, la Commission a fait adopter deux amendements : l’un réduisant la portée de l’avis du collège de la société civile face au collège scientifique, et l’autre attribuant obligatoirement à un scientifique la présidence de ce Haut Conseil. « Il est curieux que le précédent pitoyable de feu la Commission du Génie Biomoléculaire, présidée par un scientifique reconnu, ne serve pas de leçon» précise Arnaud Apoteker.
Acte 3 : une figure du Grenelle marginalisée
La mise à l’écart de Jean-François Le Grand (UMP), Président de l’intergroupe sur les OGM pendant le Grenelle et président du Comité de préfiguration de la Haute Autorité symbolise à lui seul la volonté manifeste de sabordage des avancées du Grenelle. Celui qui se veut «l’interprète de l’esprit du Grenelle » et qui appelle au respect des décisions du Président de la République a vu ses amendements courageux repoussés et a voté bien souvent avec les sénateurs verts, PS et PC. L’ensemble de la majorité parlementaire UMP est loin d’avoir fait le chemin qu’ont pu faire les plus éclairés de ses représentants.
« Ce débat est mal parti ! ajoute Arnaud Apoteker. La majorité des sénateurs UMP, probablement en mal d’existence, incapable de prendre le train de la société sur les enjeux écologiques, collés à leur fauteuil et aux lobbies ruraux les plus archaïques, a décidé de faire la peau d’un Grenelle auquel ils n’ont pas été associés. Les avancées de ce rendez-vous historiques sont autant de points de repoussoir ! Il est donc essentiel que, dès jeudi, les Sénateurs soient plus nombreux lors de la reprise de la discussion sur les autres articles. Nous les appelons solennellement à faire entendre leur voix, à prendre en compte la rupture du Grenelle et la volonté des citoyens afin de voter une loi qui soit une loi de protection et non une loi de contamination ! »