Les coupes forestières pourraient engendrer une augmentation radicale des émissions de GES
Montréal, 10 avril 2008 – Un rapport international publié aujourd’hui par Greenpeace démontre que l‘exploitation de la forêt boréale a un effet direct sur les changements climatiques. On y apprend qu’en plus de dégrader les écosystèmes, l’exploitation forestière est une importante source d’émissions de gaz à effet de serre (GES); qu’un cercle vicieux faisant grimper la température est créé par la conjugaison du réchauffement et de l’absence de protection du territoire et que cela risque de libérer des GES massivement et rapidement dans l’atmosphère.
Dans cette étude intitulée Une forêt chauffée à blanc, on y souligne le rôle essentiel de la protection de grands territoires intacts de forêt boréale pour atténuer les effets du réchauffement planétaire. « Les gouvernements ne pourront plus ignorer très longtemps le rôle des forêts intactes pour contrer les changements climatiques », lance Mélissa Filion, responsable de la campagne forêt boréale de Greenpeace.
Parmi les plus importantes conclusions de ce rapport, notons entre autres que les coupes à blanc entraînent une augmentation des émissions de carbone, une réduction de la capacité de stockage de la forêt et une accélération de la fonte du pergélisol. Elles réduisent également la résilience de la forêt aux conséquences des changements climatiques. De telle sorte qu’à son tour, la forêt engendre de nouvelles émissions de GES, ce qui finit par créer un cercle vicieux où le réchauffement dégrade la forêt qui, une fois dégradée, augmente le réchauffement. Enfin, notons qu’en plus de mieux récupérer et résister aux changements climatiques, les grandes zones de forêt boréale intacte permettent également de préserver d’importants réservoirs de carbone.
Ainsi, selon les auteurs, pour mettre un frein au cercle vicieux et éviter une hausse dramatique des émissions de GES, communément appelée « bombe de carbone », il faut non seulement réduire les GES provenant de combustibles fossiles, mais placer également de grandes zones de forêt boréale intacte à l’abri de la coupe et d’autres activités industrielles. Ceci est particulièrement important dans le cas des forêts du sud, puisque ces secteurs sont biologiquement très riches.
Pour réaliser cette étude, une revue exhaustive de la littérature scientifique a entre autres été conduite par des chercheurs de l’Université de Toronto. « Près des deux tiers du carbone présent en forêt boréale est emmagasiné dans le sol », explique Elizabeth Nelson, chercheuse et coauteure du rapport. « Une fois le couvert forestier rasé, la décomposition du sol s’effectue plus rapidement ce qui entraîne une augmentation des émissions de GES dans les mois et les années qui suivent. Cela peut durer toute une décennie. »
« Nous savions déjà que l’exploitation de la forêt boréale mettait en péril des espèces importantes comme le caribou forestier. Maintenant, nous savons que cette exploitation peut aussi avoir un impact majeur sur les changements climatiques à l’échelle mondiale », ajoute Jay Malcom, professeur agrégé à la faculté de foresterie de l’Université de Toronto et un des réviseurs de ce rapport.
Pour Greenpeace, les gouvernements et les entreprises doivent prendre acte de l’état de la situation. « Dans la grande politique forestière qu’il est en train de préparer, le gouvernement du Québec doit à tout prix considérer le rôle des forêts intactes dans la lutte aux changements climatiques », conclut Mélissa Filion.
Pour consulter le rapport, cliquez ici.