Les déchets électroniques menacent de plus en plus la santé et l'environnement
Dans le rapport « Déchets électroniques. Ok, mais pas chez nous » publié le 21 février, Greenpeace fait le point sur les millions de tonnes d’appareils électroniques contenant des substances chimiques dangereuses et des métaux lourds qui sont produites chaque année. En Europe, près de 75 % de nos des téléviseurs, ordinateurs et autres téléphones mobiles échappent à tout recyclage. Ce chiffre s’élève à plus de 80 % aux États-Unis et grimpe à 99 % en Inde !
Résultat d’un an de travail, ce rapport dresse un constat bien sombre. « Malgré les quelques réglementations qui existent déjà, la récupération et le recyclage des appareils électroniques est loin de s’imposer. Il est certain que la durée de vie toujours plus courte de ces produits, en raison de la rapidité de l’innovation technologique et des effets de mode, n’arrange pas les choses », note Yannick Vicaire, responsable de la campagne Toxiques à Greenpeace. Plus d’un milliard de téléphones mobiles ont ainsi été vendu en 2007 – pour 2008, on devrait passer la barre des 2 milliards. En moyenne, un portable est constitué de 500 à 1 000 composants, dont la plupart contiennent des métaux comme le plomb, le mercure, le cadmium ou le béryllium, ou bien des retardateurs de flamme bromés. Autant de matières qui représentent des dangers pour la santé et l’environnement si elles sont simplement jetées dans la nature ou bien manipulés sans protection.
Alors que la Commission européenne s’apprête à revoir la directive concernant les déchets électroniques, Greenpeace publie ce rapport qui compile les informations provenant d’une centaine de sources : rapports de l’agence américaine de protection de l’environnement, étude commandée l’année dernière par l’UE, documents publiés par les fabricants d’appareils électroniques, entretiens avec des acteurs du secteur.
Au sein de l’Union européenne, les fabricants sont obligés de reprendre leurs produits une fois qu’ils sont obsolètes (ceci vaut pour les appareils commercialisés depuis août 2005), ce qui devrait les inciter à utiliser davantage de matériaux recyclables afin de réduire le coût d’une telle gestion de leurs produits usagés. Or, si le taux de reprise et le recyclage des déchets fonctionnent plus ou moins bien selon les pays, globalement, on atteint un résultat presque insignifiant : 6,6 des 8,7 milliards de tonnes d’équipements produits par l’UE chaque année ne sont pas collectés et retraités. Aux États-Unis, la filière de recyclage des déchets électroniques est trop peu structurée et efficace, même si certains États font des efforts et exigent des fabricants qu’ils mettent en place un système de reprise de leurs produits.
Que deviennent donc les appareils électroniques obsolètes ? Et il n’existe aujourd’hui aucune information précise et officielle à ce sujet. La grande partie de ces déchets est envoyée de manière totalement clandestine vers des pays tels que l’Inde, la Chine ou la Thaïlande – qui consomment eux aussi de plus en plus d’appareils électroniques. En Europe, ce type d’exportation de déchets toxiques est interdit, alors que les Etats-Unis n’ont aucune réglementation en la matière. Et dans les pays du Sud où arrivent ces déchets, fleurit le secteur informel du recyclage sauvage. Des travailleurs désossent ces appareils pour revendre les métaux précieux et les matières rares, et réutiliser d’autres composants pour réparer du matériel d’occasion. Ces travailleurs travaillent sans protection, s’intoxiquent et contaminent l’environnement.
Synthèse du rapport « Déchets électroniques. Pas de ça chez moi« , en français
Synthèse du rapport « Déchets électroniques. Pas de ça chez moi« , en anglais
Le rapport « Déchets électroniques. Pas de ça chez moi » complet, en anglais