Pourquoi la France, championne du nucléaire, est-elle obligée d'importer de l'électricité ?

Climat

Paris, le 17 novembre 2009 – À un mois du sommet de Copenhague et alors que la conception du réacteur EPR est mise en cause et que la France, patrie de l’atome, se retrouve acculée à importer de l’électricité, Greenpeace dénonce la faillite du nucléaire et demande l’arrêt des programmes EPR.

La France électronucléaire acculée à importer de l’électricité
La France, malgré ses 58 réacteurs, est obligée d’importer de l’électricité et risque de connaître cet hiver des coupures de courant ! Comment est-ce possible ? Pour justifier le suréquipement nucléaire, on a stimulé le chauffage électrique (près d’un tiers des ménages français en sont équipés). Aucune politique d’économies d’énergie n’a jamais été lancée, la consommation d’électricité nationale croît rapidement (de 450 térawattheures en 2002 à 494 en 2008). En hiver, il y a de plus en plus de pics de consommation, face auxquels les centrales nucléaires sont impuissantes : elles produisent « en base », c’est-à-dire qu’elles fournissent une puissance constante, quelle que soit la demande, et ne peuvent répondre à des variations ponctuelles.

Pour en savoir plus, lire l’étude « Électricité : le grand gaspillage »

Le nucléaire ne fait pas partie des solutions pour le climat
Pourquoi devrait-on construire de nouveau réacteurs ? Areva communique en expliquant que le nucléaire est l’une des solutions au problème climatique. Greenpeace s’inscrit à l’opposé d’une telle vision. Investir dans le nucléaire détourne d’importantes ressources financières qui, allouées au développement des renouvelables et de dispositifs d’économies d’énergie, permettraient de lutter réellement et efficacement contre les changements climatiques.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la construction de 30 réacteurs nucléaire par an d’ici à 2050 ne permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre mondiales que de 6 % seulement. Elle évalue en revanche le potentiel des renouvelables à 21 %, et celui de l’efficacité énergétique, à 38 % (voir « Energy Technology Perspectives 2008 », juin 2008).

L’EPR : symbole de la faillite du nucléaire
Fait historique : lundi 2 novembre, les autorités de sûreté nucléaire britannique, finlandaise et française ont fait part à Areva d’un grave problème de sûreté lié à la conception de son réacteur EPR. Le problème relevé par ces trois instances officielles concerne le système de contrôle/commande. Les deux parties de ce dispositif doivent être indépendantes afin qu’en cas de défaillance de l’une, l’autre continue à fonctionner. Or l’EPR est conçu de telle sorte que ces deux systèmes sont étroitement interconnectés. L’ASN relève même que la « complexité » de la conception de l’EPR « rend difficile l’élaboration d’une démonstration de sûreté satisfaisante ». En clair : l’ASN doute sérieusement qu’il soit possible de régler un tel problème.

Deux EPR sont actuellement en construction dans le monde. Le premier chantier, en Finlande, affiche plus de trois ans de retard et des surcoûts importants, passant de 3,3 milliards d’euros de budget prévisionnel à 5,5 milliards. En France, à Flamanville (Manche), EDF accuse déjà un retard d’au moins 20 mois.

Des activistes sur un cargo à destination du chantier EPR de Finlande
Depuis le 16 novembre, en mer Baltique, des activistes de Greenpeace sont grimpés à bord d’un cargo, le Happy Ranger, qui achemine les générateurs de vapeur de l’EPR vers le chantier d’Olkiluoo, en Finlande. Rejoints mardi 17 novembre par d’autres militants, ils sont maintenant huit à bord, déterminés à stopper ce convoi.