Sauvegarde du thon rouge : échec de l'Iccat. L'interdiction totale du commerce de cette espèce s'impose

Océans

Paris, le 16 novembre 2009 – La commission internationale chargé de gérer la pêche au thon rouge dans l’Atlantique et en Méditerranée (l’Iccat), a une fois de plus été incapable d’agir et de dépasser les intérêts de l’industrie. Elle s’est clôturée dimanche 15 novembre au Brésil sur une recommandation qui ne permettra en rien le rétablissement du thon rouge, une espèce parmi les plus surexploitées au monde.

Une baisse des quotas beaucoup trop faible
En dépit de l’affirmation répétée de la nécessité d’adopter un plan de gestion pour le thon rouge qui permette la restauration du stock, les membres de l’Iccat ont adopté un quota total de 13 500 tonnes pour la saison de pêche 2010. Un seuil encore trop élevé pour permettre une restauration du stock. L’Iccat contrevient donc à son obligation d’adopter des mesures qui ont une probabilité d’au moins 50 % de restauration du stock (ce qui serait atteint avec un quota de 8 500 tonnes, selon les scientifiques). Les responsables de ce chiffre au rabais sont l’Union européenne, le Japon et un certains nombre de pays du bassin méditerranéen.

« Le stock est si affaibli que seul un moratoire immédiat sur la pêche au thon rouge aurait permis donner à cette espèce une chance de survivre, déclare François Chartier, en charge de la campagne Océans de Greenpeace France. Non seulement cette baisse des quotas est insuffisante mais, en plus, les pays qui l’ont défendue espèrent éviter une interdiction du commerce international du thon rouge via le classement de cette espèce en annexe I de la Cites. Cette proposition, portée par la principauté de Monaco, a tout notre soutien. »

Le thon rouge, candidat parfait pour un classement en annexe I de la Cites
Les conclusions d’une réunion récente du comité scientifique de l’Iccat, le SCRS, sont sans appel : la probabilité que la biomasse reproductrice actuelle du thon rouge soit inférieure à 15 % de ce qu’elle était avant le début de la pêche s’élève, pour ainsi dire, à 100 %, faisant du thon rouge un candidat parfait pour un classement en annexe I de la Cites.

« L’Iccat a échoué à adopter un plan de gestion qui permette d’envisager de sauver le thon rouge, affirme François Chartier. Dans ces conditions, l’interdiction du commerce international du thon rouge, par un classement en annexe I de la Cites, s’impose. C’est le seul moyen d’éviter une extinction de cette espèce emblématique. »

La faillite d’un système de régulation de la pêche
L’Iccat n’a pas seulement été incapable de sauver le thon rouge, elle a sacrifiée des espèces menacées de requins, d’oiseaux et de tortues de mer. Elle a également renoncé à mener des actions à l’égard de partis contractantes, comme le Maroc, la Turquie ou l’Union européenne qui continuent à pêcher avec des filets maillants dérivants, interdit par les Nations unies il y a plus de vingt ans.

« L’ampleur de la faillite de l’Iccat comme de la plus part des organisations régionales de pêche ne doit plus être ignorée. Elle reflète la nécessité d’un changement fondamental et radical dans la gestion et la gouvernance de la pêche et des activités en mer, conclut François Chartier. Il est urgent de mettre en place une gouvernance internationale basée sur le principe de précaution, reposant sur une approche éco-systémique. »