Depuis plusieurs mois, nous tirons la sonnette d’alarme avec nos alliés de l’Alliance écologique et sociale sur une catastrophe écologique, sociale et économique préparée par les gouvernements successifs : le démantèlement de Fret SNCF, le service public de transport de marchandises par train. Alors qu’une grande mobilisation intersyndicale s’organise pour le 11 décembre, nous soutenons cette lutte en faveur du fret ferroviaire, et plus généralement du train et des services publics.

Pourquoi il faut sauver Fret SNCF (et le train)

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Depuis plusieurs mois, nous tirons la sonnette d’alarme avec nos alliés de l’Alliance écologique et sociale sur une catastrophe écologique, sociale et économique préparée par les gouvernements successifs : le démantèlement de Fret SNCF, le service public de transport de marchandises par train. Alors qu’une grande mobilisation intersyndicale s’organise pour le 11 décembre, nous soutenons cette lutte en faveur du fret ferroviaire, et plus généralement du train et des services publics.


Pourquoi Fret SNCF et le transport de marchandises par train sont-ils menacés ?
Quelles seraient les conséquences environnementales et sociales du démantèlement de Fret SNCF ?
Pourquoi le démantèlement de Fret SNCF risque de nuire au secteur du train dans son ensemble ?
Quelles sont les solutions pour sauver Fret SNCF et le secteur ferroviaire ?
Comment soutenir les cheminot-es et l’ensemble du secteur du train ?


Pourquoi Fret SNCF et le transport de marchandises par train sont-ils menacés ?

Fret SNCF, l’opérateur public de transport de marchandises par train, est menacé de disparition au 1er janvier 2025, en application d’une décision prise par le gouvernement en 2023. Celle-ci n’a toujours pas été remise en cause malgré les alertes de la part des syndicats et des ONG sur ses conséquences désastreuses.

Les gouvernements qui se sont succédés depuis continuent de justifier cette décision par les pressions de la Commission européenne. Celle-ci a ouvert une « enquête approfondie » contre Fret SNCF pour avoir reçu des subventions publiques entre 2007 et 2019, ce qui pourrait conduire à des sanctions contre l’opérateur public d’un montant de plusieurs milliards d’euros, entraînant sa faillite.

L’Etat français, au lieu de s’opposer à la Commission ou même de temporiser pour trouver une solution pérenne, a décidé de liquider Fret SNCF dès 2025. L’entreprise publique va donc devoir céder 23 de ses flux les plus rentables… dont certains à une filiale de la Deutsche Bahn, elle aussi sous le coup d’une enquête de la Commission européenne pour des faits similaires à ceux reprochés au transporteur ferroviaire français.

Quelles seraient les conséquences environnementales et sociales du démantèlement de Fret SNCF ?

La bataille du fret ferroviaire : comment écolos et syndicats du rail ont convergé ? (vidéo de la table-ronde organisée dans le cadre des rencontres de l’écologie et du social, le 16 octobre 2024, ©Alliance écologique et sociale)

Si ce plan de démantèlement de Fret SNCF est confirmé, une part conséquente du trafic de marchandises risque de se reporter du train vers la route et de générer un nombre considérable d’allers-retours de poids lourds. D’après une note intitulée « Remettre le fret sur la bonne voie » à laquelle nous avons contribué avec nos alliés de l’Alliance écologique et sociale, cela représenterait entre 299 408 et 524 865 poids lourds supplémentaires par an sur nos routes, selon les hypothèses basses ou hautes retenues.

Alors que le fret routier représente déjà à lui seul un quart des émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble du secteur des transports (soit le 2e poste après les véhicules individuels), la situation ne va donc faire qu’empirer, à rebours de ce que l’urgence climatique imposerait de faire. La part de marchandises transportées en train en France est pourtant déjà plus faible que la moyenne européenne (10 % contre 17 % en 2022) et cet écart risque de se creuser. Les conséquences de ce report du train vers la route seront dramatiques, en plus de la hausse des émissions de gaz à effet de serre : pollution de l’air, embouteillages, accidents… Ce sont nos vies qui vont être directement touchées.

Par ailleurs, ce plan de démantèlement de l’opérateur public de fret ferroviaire met en péril les travailleurs et travailleuses de ce secteur. 10 % des effectifs vont être supprimés, soit 500 emplois. La direction de la SNCF s’est engagée à trouver une place pour chacun·e au sein du groupe, mais cela ne sera pas sans conséquence sur l’ensemble des travailleur·ses, mis·es sous pression. D’autant plus que Fret SNCF a vu ses effectifs fondre à vitesse grand V : depuis 2009, l’entreprise publique a déjà perdu plus de 60% de ses effectifs, selon une étude du cabinet d’expertise Secafi. C’est un savoir-faire, pourtant précieux pour assurer la transition vers des transports moins carbonés, qui est menacé.

Pourquoi le démantèlement de Fret SNCF risque de nuire au secteur du train dans son ensemble ?

Le plan de démantèlement de l’entreprise Fret SNCF, appelé « discontinuité économique », prévoit la cession de trains entiers à ses concurrents privés : cela représente 30 % de ses activités et 47 % des marchandises prises en charge jusque-là par l’opérateur public.

Ce plan prévoit également la création de deux nouvelles filiales qui supplanteront Fret SNCF. La première, Technis, sera chargée de la maintenance. La seconde, Hexafret, sera exclusivement dédiée aux activités de transport de « trains mutualisés » (c’est-à-dire partagés entre plusieurs clients). Or ces activités s’avèrent bien plus complexes, plus coûteuses et moins compétitives que celles des trains dédiés (opérés avec un seul client), confiées à ses concurrents privés. Pour couronner le tout, pendant dix ans, la nouvelle entité n’aura pas le droit de candidater sur des appels à projets concernant des trains dédiés.

La filiale Hexafret censée supplanter Fret SNCF se voit ainsi dépouillée de ses activités les plus rentables, plombée par celles les plus coûteuses et sans aucune marge de manœuvre pour assurer son développement. Les risques sont considérables pour l’entreprise mais aussi pour l’ensemble du groupe SNCF et du secteur ferroviaire français, comme le soulignent un rapport du cabinet Secafi, commandé par le CSE de Fret SNCF.

En fragilisant considérablement l’opérateur public de fret ferroviaire, le secteur du transport de marchandises par train risque de connaître une baisse d’activité. Or, qui dit moins de trains de marchandises dit moins de recettes pour SNCF Réseau, le gestionnaire des rails… et donc, moins de moyens pour entretenir un réseau déjà bien vieillissant, avec des conséquences sur les retards, la qualité du service et la compétitivité face au transport routier. C’est un véritable cercle vicieux, dont l’ensemble du secteur ferroviaire risque de pâtir, y compris les trains de voyageurs et les concurrents privés. Conclusion : tout le monde est perdant.

Quelles sont les solutions pour sauver Fret SNCF et le secteur ferroviaire ?

Le démantèlement de l’opérateur public de transport de marchandises par train, Fret SNCF, de cette façon et à marche forcée, n’est pas inéluctable. D’autres choix sont possibles, alors que de nombreux opérateurs de fret historiques sont soutenus par les gouvernements d’autres pays européens.

Dans l’immédiat, l’Etat français pourrait décréter un moratoire sur le plan de démantèlement de Fret SNCF, afin de laisser la porte ouverte aux négociations et de trouver des solutions satisfaisantes sur les plans économiques, sociaux et environnementaux. Au lieu de cela, la France fait du zèle et s’obstine dans un plan de liquidation du service public et de privatisation à contre-courant des urgences sociales et climatiques.

Au sein de l’Alliance écologique et sociale, nous soutenons les appels des travailleurs et travailleuses du secteur ferroviaire. Plusieurs solutions doivent être mise en œuvre afin de sauver le transport de marchandises par train :

  • créer un service public unifié et cohérent du transport ferroviaire et routier des marchandises ;
  • prélever 1 milliard d’euros par an sur les profits réalisés sur les sociétés d’autoroutes pour les investir dans le développement des infrastructures ferroviaires fret ;
  • fixer une écotaxe pour les poids lourds en transit qui refuseraient la solution du report modal, destinée à alimenter un fonds national d’investissement à destination de projets de fret ferroviaire et maritime ;
  • interdire les nouvelles constructions de zones logistiques si celles-ci ne sont pas embranchées au réseau ferré ;
  • interdire la circulation des méga-camions.

Au-delà du transport de marchandises, il y a également urgence à mettre en œuvre un plan ambitieux pour développer les trains de voyageurs et les rendre accessibles à toutes et tous, au quotidien.

Comment soutenir les cheminot·es et l’ensemble du secteur du train ?

Face à ce scandale, nous pouvons toutes et tous agir à notre niveau pour défendre le train. Nous avons lancé, avec l’Alliance écologique et sociale, une pétition contre le démantèlement de Fret SNCF et pour un plan de relance et d’investissement dans le secteur ferroviaire. Elle a déjà recueilli plus de 35 000 signatures. Rejoignez-nous !

Le 11 décembre, nous serons aux côtés des cheminots et cheminotes qui entameront une grève, avec ces revendications principales :

  • contre la liquidation de FRET SNCF, pour défendre le transport de marchandises par train, protéger l’emploi et l’environnement ;
  • contre la privatisation des TER, qui entraînerait la dégradation des services de train du quotidien ;
  • contre l’abandon du plan d’investissement, fragilisation de notre bien commun qu’est la SNCF ;
  • pour un véritable plan d’avenir pour le train.

Nous soutenons ce combat essentiel pour la transition sociale et écologique. Si vous souhaitez en savoir plus et soutenir les cheminot·es, rendez-vous sur le site de l’Alliance écologique et sociale et sur la plateforme de pétition Greenvoice : On veut des trains ! Soutenons les cheminot·es