Thon rouge : l'opinion publique mobilisée, les thoniers prêts à pêcher
Paris, le 6 juin 2010 – Hier, samedi 5 juin, les Français ont participé en nombre à la journée de mobilisation organisée par les militants bénévoles de Greenpeace dans 21 villes. Les citoyens demandaient à Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture et de la Pêche, le retour des bateaux de pêche en France. Les Français ont aussi exprimé leur soutien aux actions de Greenpeace en Méditerranée. Pendant ce temps, au sud de Malte, les équipages de Greenpeace, à bord de l’Arctic Sunrise et du Rainbow Warrior, ont aujourd’hui repéré au moins 35 thoniers senneurs, prêts à entamer des opérations de pêche.
« Il est tout simplement scandaleux de laisser, depuis des années, quelques individus s’accaparer de façon totalement illégitime une ressource emblématique de la Méditerranée, au bord de la disparition, affirme François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace France. Les Français l’ont bien compris, et ont donné de nombreux témoignages de sympathie, transmis aux militants de Greenpeace en mer. Ils restent déterminés à protéger les derniers thons rouges. »
Dans 21 villes en France, les citoyens se sont largement mobilisés pour venir alimenter une pétition en images, afin de demander l’arrêt de la pêche à la senne au thon rouge. Retrouvez la vidéo de cette mobilisation sur http://bit.ly/9dMRmq, ainsi que la pétition en ligne adressée à Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture et de la Pêche sur http://bit.ly/crY8bd.
Le problème
« Les quotas ont certes diminué et la période de pêche a été réduite, mais la menace qui pèse sur l’espèce est telle que ce n’est pas suffisant, reprend François Chartier. Tout ce qui est légal n’est pas pour autant légitime ». Le comité scientifique de l’Iccat, organisation qui gère la pêche au thon, préconise un quota maximum de 8 000 tonnes pour avoir une chance sur deux de voir le stock se reconstituer d’ici à 2022. Or le quota accordé cette année s’élève à 13 500 tonnes… Iccat, Cites, Union européenne : tous les organes de régulation ont ignoré les recommandations scientifiques. La seule possibilité aujourd’hui de sauver le thon rouge, c’est l’arrêt immédiat de la pêche. »
La solution est politique : moratoire sur la pêche et réserves marines
La France a une des premières flottes européennes de thoniers senneurs, avec 17 bateaux. Elle aurait dû suivre l’exemple de l’Italie, qui a imposé un moratoire à ses pêcheurs industriels et les indemnisera pour qu’ils restent à quai. Greenpeace demande un arrêt immédiat de la pêche et estime que les pêcheurs sont, en un sens, victimes d’une gestion politique catastrophique de la pêcherie. Le gouvernement français devrait les accompagner pour que cette profession n’agonise pas, acculée aujourd’hui à tenter de pêcher les derniers thons. Plus globalement, Greenpeace demande un moratoire immédiat sur la pêche au thon rouge et la création de réserves marines, notamment sur la zone des Baléares où cette espèce se reproduit. Ainsi, le stock pourra se reconstituer et l’espèce pourra survivre.
« La France et l’Union européenne sont responsables du nombre trop important de bateaux, suréquipés, qui pêchent aujourd’hui : les gouvernements ont subventionné cette pêche, parfois jusqu’à la moitié du prix du bateau, explique François Chartier. Les senneurs équipés de haute technologie ont proliféré, mais le nombre de thons, lui, a dramatiquement chuté du fait de la surpêche. »
Greenpeace reste déterminée à agir de façon non violente
Greenpeace mène campagne pour la défense du thon rouge depuis une dizaine d’années et est présente depuis cinq ans en mer, pour surveiller les pratiques de cette pêche en Méditerranée. Plus que jamais, après la première action de vendredi dernier, au cours de laquelle les pêcheurs ont fait la preuve de leur brutalité et de leur irresponsabilité, les militants de Greenpeace feront tout leur possible pour sauver l’espèce. Greenpeace fera face, pacifiquement, pas contre les pêcheurs, mais pour empêcher cette pêche illégitime.