Thon rouge/Iccat : Greenpeace bloque une opération séduction des pêcheurs français

Océans

Paris, le 22 novembre 2010 – Depuis 19h45, vingt-cinq militants de Greenpeace bloquent à quai la péniche sur laquelle la direction des pêches françaises a invité tous les délégués participant à la réunion de l’Iccat, à faire une croisière dinatoire sur la Seine à Paris. Deux zodiacs de l’association ont mis en place une ligne flottante empêchant la péniche de quitter le port de Javel (Paris 15e). Six canoës ont posé deux grandes bannières sur la coque de la péniche et encerclent actuellement le navire. Une banderole géante est suspendue au pont de Grenelle. Le message est simple pour les délégations de l’Iccat : « Sauvez le thon rouge, maintenant ».

« Nous sommes au cœur des négociations et la direction des pêches françaises essaie de faire du lobbying avec cette soirée de fête. Nous sommes là pour rappeler aux délégués qu’ils ont une mission, sauver le thon rouge, et qu’ils n’ont pas le droit d’échouer, annonce François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace. Depuis le début des négociations l’attitude de l’Union européenne et de la France en particulier est en total décalage avec les engagements pris lors de la conférence de Nagoya et avec la directive européenne sur la stratégie marine qui demandent à ce qu’on arrive à la restauration du stock de thon rouge d’ici à 2020. Cela signifie un quota de pêche à zéro. L’Union européenne demande le statu quo, soit un quota de 13 500 tonnes, qui ne laisse que 30 % de chance au stock de thon rouge d’atteindre un niveau durable de population d’ici à 2020. Cette prise de position montre que l’Europe ne soucie pas de la ressource et préfère faire plaisir à une poignée de pêcheurs riches et puissants. »

La pêche au thon rouge : très chère, peu rentable

Pour le gouvernement français, plus de 1 000 emplois en équivalent plein temps sont liés à la pêche au thon rouge. Mais comment une activité d’un mois seulement avec 17 navires embarquant une douzaine de marins générerait autant d’emplois ?

« Les chiffres du gouvernement sont beaucoup trop élevés. Cette pêcherie ne peut pas représenter 1 000 emplois. Que le gouvernement le démontre ! La seule chose tangible : les emplois directs. Et dans ce cas là, le chiffre atteint péniblement les 50 emplois, explique François Chartier. La France fait aujourd’hui ce qu’elle a toujours fait : elle agit en coulisses pour défendre une poignée de pêcheurs industriels puissants, principaux responsables de l’effondrement du stock de thon rouge au cours des vingt dernières années. »

Le Japon n’est pas le plus mauvais élève, loin de là…

Les Japonais sont souvent pointés du doigt sur la gestion de la pêche au thon rouge. Or aujourd’hui, le Japon est le pays qui insiste le plus pour obtenir une meilleure traçabilité du thon rouge qu’il achète et il ne fait pas partie des nations qui réclament un quota élevé pour les années à venir.

« Nous savons qu’aujourd’hui 10 200 tonnes de thon rouge vivant attendent dans les fermes à Malte parce qu’ils n’ont pas trouvé preneur, en grande partie parce que les Japonais refusent d’acheter du poisson dont la provenance est douteuse, conclut François Chartier. Le Japon ne s’est pas encore prononcé clairement sur le quota mais ce pays ne fait pas partie aujourd’hui des pays qui méprisent la ressource en demandant de pêcher toujours plus. Les États-Unis réclament une baisse du quota. Même la Lybie réclame un quota zéro. Seule l’Union européenne est dans cette posture irresponsable. »