Transport de plutonium. L'Atlantic Osprey a quitté son port d'attache et l'Arctic Sunrise de Greenpeace arrive à Cherbourg.
Alors que l’Atlantic Osprey, le navire qui doit transporter du plutonium du Royaume-Uni vers la France, a quitté son port d’attache de Workington (Royaume-Uni), le brise-glace de Greenpeace, l’Arctic Sunrise, est arrivé au port de Cherboug le 1er avril au matin.
« Selon nos observateurs, l’Atlantic Osprey a quitté le port de Workington samedi 29 mars vers 18h30, affirme Yannick Rousselet, chargé de la campagne Énergie à Greenpeace France. Pour le moment sa destination est inconnue et le manque de transparence sur ce transport est tel qu’il est impossible de savoir si le plutonium a été chargé à bord ou non. »
Le 6 mars, Greenpeace révélait l’arrivée jusque-là tenue secrète de ce cargo, initialement prévue au port de Cherbourg (Manche), dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 mars. En provenance du Royaume-Uni, cet ancien ferry appartenant à NDA (Nuclear Decommissioning Authority) doit transporter plusieurs dizaines de kilos de plutonium, chargés à bord de camions banalisés qui, une fois le navire à quai, prendront la route en direction de l’usine de retraitement de La Hague. Le plutonium est une matière extrêmement dangereuse : 8 kg suffisent pour fabriquer une bombe d’une puissance équivalente à celle de Nagasaki et des dizaines de tonnes sont stockées à La Hague.
Pour contrer ce secret et empêcher la venue en France de l’Atlantic Osprey, Greenpeace met en œuvre les moyens les plus adaptés. Le 18 mars, l’association de défense de l’environnement a demandé à Areva et à l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) de publier le contenu de l’accord intergouvernemental portant sur les déchets nucléaires, la lettre de demande d’importation et de stockage d’Areva, et le dossier de sûreté concernant ce transfert et ce stockage. Greenpeace a également saisi le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, qui vient d’être créé, et se réserve la possibilité de saisir les tribunaux compétents pour faire constater l’illégalité d’une telle importation. Jusqu’à présent, la seule réaction des autorités et d’Areva a été de reporter ce transfert afin de tenter d’éviter les projecteurs des médias.
« Depuis le 18 mars, c’est le silence radio. Ni Areva, ni l’ASN ni le Haut comité pour la transparence n’ont accepté de faire la lumière sur cette affaire, reprend Yannick Rousselet. Transports secrets de matières proliférantes, malfaçons récemment relevées sur le chantier de l’EPR à Flamanville, utilisation de la DST pour étouffer l’information sur les risques, le lobby nucléaire s’en donne à cœur joie. Sans doute parce que cette industrie ne pourrait survivre à une réelle transparence ! Greenpeace se fait un devoir d’informer les populations et exige une réaction immédiate du Haut comité pour la transparence ! »