Volkswagen veut faire taire Greenpeace
Paris, le 27 septembre 2012 – Greenpeace a reçu cet après-midi une assignation à comparaître devant le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris à la demande de Volkswagen à la suite d’une parodie de document d’information que Greenpeace a diffusé sur la Golf 7 à la presse automobile et à la presse communication. Les plaignants demandent au juge d’ordonner à Greenpeace de « cesser la diffusion des fac-similés litigieux sous astreinte de 10 000 euros par jour de retard et par infraction constatée » et de « suspendre toute action visant à nuire à l’image de la marque Volkswagen (…) sous astreinte de 100 000 euros par acte constaté ».
La comparution aura lieu demain, vendredi 28 septembre à 11h en audience publique devant la première vice-présidente du Tribunal de Grande d’Instance.
Ce matin au Mondial de l’Auto, devant des centaines de journalistes, un représentant de Volkswagen a commenté le déploiement d’une banderole de Greenpeace sur le ton de la plaisanterie et en parlant de « ses amis de Greenpeace ». Quelques heures plus tard nous recevons cette convocation…
« C’est là une preuve flagrante de la duplicité de la marque : fun et verte en surface, dure et catastrophique pour l’environnement en réalité, commente Jean-François Julliard directeur général de Greenpeace. C’est ce qu’on appelle avoir un côté obscur».
Un jugement déterminant ?
Au-delà de l’enjeu Volkswagen – Greenpeace, la décision du juge demain peut être déterminante pour la liberté d’expression. Ce n’est pas la première fois qu’un grand groupe industriel se drape derrière le droit des marques pour tenter de faire taire des associations qui osent critiquer ses produits et sa communication.
Par le passé, Greenpeace a détourné les codes publicitaires des marques pour mettre en lumière des scandales environnementaux et n’a jamais été condamnée pour cela (affaires Areva et Esso). Mattel, Nike ou Adidas ne sont jamais allés jusque-là. Si Volkswagen obtenait gain de cause demain, cela créerait un précédent et enverrait un signal très clair : personne ne touche aux marques.
« Greenpeace représente la société civile dans cette affaire. Nous ne sommes pas dans une guerre commerciale avec Volkswagen. Nous forcer à nous taire à propos de Volkswagen reviendrait à bâillonner les citoyens à propos de l’agissement de toutes les marques » analyse Jean-François Julliard.
Révéler la face cachée du constructeur
Greenpeace mène campagne à propos de Volkswagen pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le constructeur allemand est leader en Europe et la réduction des émissions de CO2 de sa flotte de voitures aurait un impact énorme pour limiter le dérèglement climatique. Ensuite, parce que Volkswagen mène un lobby intense pour vider de toute ambition environnementale la future législation européenne sur les émissions de voitures. Et enfin parce qu’il existe un décalage choquant entre son discours et la réalité de ses agissements nocifs pour l’environnement