Deux mois après la catastrophe de Fukushima, et pour que cette page dramatique

Nucléaire

Fukushima, deux mois après : la BNP veut-elle vraiment participer à une prochaine catastrophe nucléaire ?

Deux mois après la catastrophe de Fukushima, et pour que cette page dramatique ne soit pas tournée trop rapidement, Greenpeace a déposé un immense gâteau d’anniversaire de 3mx3m devant l’assemblée générale de la BNP. Pourquoi la BNP ? Parce que cette banque est la première au monde à financer le nucléaire, sans prendre aucune mesure des risques des projets auxquels elle permet de voir le jour. Elle sera le principal financeur de l’immense projet de Jaïtapur qui consiste en 6 réacteurs EPR sur une faille sismique en Inde.

Areva et Edf sont les acteurs connus de la filière, mais ils ne sont finalement que la partie émergée de l’iceberg. D’autres acteurs ont leur part du gâteau nucléaire, des complices, qui discrets, permettent à cette l’industrie nucléaire de prospérer. Les financeurs, en premier lieu, doivent prendre leurs responsabilités et ne financer que des projets dont ils sont prêts à mesurer et à en assumer les risques.

La BNP : première banque au monde à financer le nucléaire

BNP est la première banque au monde à financer l’industrie nucléaire, avec au moins 13,5 milliards d’euros investis entre 2000 et 2009. Plus d’un tiers de ce montant (5 milliards d’euros) était destiné à EDF (premier exploitant nucléaire mondial détenu à 87 % par l’État français). Parmi la clientèle nucléaire de BNP, on trouve aussi Areva, le belge Electrabel ou encore la compagnie nucléaire japonaise Tepco, qui exploite la centrale de Fukushima. Qu’une banque place l’argent de ses clients pour un maximum de rendement, en calculant le risque pris, c’est une chose. Mais dans le cas de la construction d’un nouveau réacteur nucléaire, le risque financier est si important qu’aucune banque privée n’accepte de l’assumer.

Dans le cas des exportations d’EPR, c’est l’État français qui va assumer le risque financier lié au projet en lieu et place de la banque, par un mécanisme appelé crédit-export qui transfère le risque de la banque vers l’État. La banque prête donc de l’argent pour la réalisation du projet, mais n’en assumera jamais les risques : elle finance à l’aveugle, certaine de toucher le jackpot !

Le nucléaire sûr n’existe pas. D’autant moins sur une faille sismique en Inde !

Les financeurs agissent donc de façon totalement irresponsable Ainsi, BNP est la principale banque impliquée dans le prêt de plusieurs milliards d’euros qui financera 70 % de la vente des 2 premiers réacteurs EPR sur les 6 prévus en Inde, dans la région de Jaïtapur. Cette région est traversée par trois failles tectoniques. Au cours des 20 dernières années, de nombreux tremblements de terre ont été recensés dans cette zone. Le plus violent, enregistré en 1967 à une centaine de kilomètres de Jaïtapur, affichait une magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter. Entre 1990 et 2000 une séisme d’une magnitude supérieure à 6 sur l’échelle de Richter et deux supérieurs à 5 ont été mesurés dans la région de Jaitapur.
Sur l’échelle de risque indienne, la zone de Jaïtapur est classée à l’échelon 4 sur 5 avec des séismes pouvant atteindre une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter. Jamais une centrale nucléaire n’a encore été exposée à une telle magnitude. Voir la carte des zones sismiques indiennes. Les seuls réacteurs ayant subi un séisme de cette ampleur sont les japonais.

L’opposition de la population sur place, principalement des agriculteurs et des pêcheurs, est massive : ils vivent dignement des ressources naturelles (culture de la mangue, pêche artisanale) et ne veulent pas d’une centrale nucléaire. De plus, la centrale sera située dans une région qualifiée de haute qualité biologique par le gouvernement indien où la construction de centrales est supposée être interdite.
Greenpeace demande que BNP se retire de ce projet scandaleux à Jaïtapur et que la banque fasse toute la transparence sur ses investissements radioactifs.

Pour en savoir plus :
Le site Où va votre argent ?
Le site Nuclear Banks, no Thanks (en anglais)