Caen, le 27 juin 2008 – Vendredi 27 juin au matin, par une nouvelle action de blocage, Greenpeace confirme que la priorité de la France en matière énergétique et climatique doit être la mise en œuvre d’une politique d’efficacité énergétique et non l’EPR. Cette action intervient à quelques jours du début de la présidence française de l’Union européenne et au lendemain d’un blocage de trois jours sur les trois carrières de la Manche, qui approvisionnent en sable et en graviers le chantier de construction du réacteur EPR de Flamanville.
Depuis 4h30 du matin, une quinzaine d’activistes de Greenpeace bloquent l’entrée de la cimenterie Calcia, située à Ranville, dans la banlieue de Caen (Calvados). Cette usine produit 100 % du ciment utilisé pour fabriquer le béton sur le chantier de l’EPR. À l’aide de chaînes, de cadenas et de fûts lestés, les militants ont bloqué la grille de l’entrée du site, empêchant tout trafic de camions. Au portail, ils ont accroché une banderole qui dénonce : « EPR : le grand bluff ». Deux grimpeurs ont également fixé des banderoles sur un des bâtiments du site.
« Greenpeace est toujours aussi déterminé à empêcher le redémarrage des travaux de construction de l’EPR, stoppés pendant un mois par l’Autorité de sûreté nucléaire à cause d’importantes malfaçons qui n’ont toujours pas été réglées sur le fond, déclare Yannick Rousselet, responsable de la campagne Énergie à Greenpeace France. C’est une question de bon sens : il faut arrêter les frais et cesser de vouloir construire à tout prix et dans des délais irréalistes, une énorme machine très coûteuse et complètement inutile. En matière de politique énergétique, la France dispose de solutions beaucoup plus efficaces, économiques, sûres et rapides que le nucléaire. »
La première de ces solutions est l’efficacité énergétique. Juste un exemple simple, que le gouvernement refuse de mettre en place – alors qu’il s’agit de l’une des mesures phares du Grenelle de l’environnement : l’interdiction des ampoules à incandescence d’ici à 2010. Une telle mesure permettrait à la France d’économiser une quantité d’électricité équivalente à ce que devrait produire le réacteur EPR.
« La maîtrise de notre consommation et les économies d’énergie, ça fait trente ans qu’on en parle, et aujourd’hui, au lieu d’interdire les ampoules, on construit un EPR, reprend Yannick Rousselet. L’argent que la France est en train d’engloutir dans ce réacteur pourrait être bien mieux dépensé dans une politique ambitieuse d’efficacité énergétique qui à elle seule peut répondre à la fois aux enjeux des changements climatiques, de la sécurité énergétique et du pouvoir d’achat des Français. »
Selon Rocky Mountain Institute, un euro investi dans l’efficacité permet d’économiser 7 fois plus d’énergie que ne peut en produire un euro investi dans le nucléaire.
Au niveau européen, la maîtrise de la consommation est aussi le parent pauvre du paquet « énergie climat » qui doit être voté par l’UE d’ici la fin de l’année. Pour l’instant, contrairement aux objectifs de réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre et de développement de 20 % des renouvelables, l’objectif de réduire de 20 % la consommation d’énergie par la mise en place d’une politique d’efficacité ne revêt aucun caractère juridiquement contraignant. Greenpeace appelle la France, qui va présider l’UE dès le 1er juillet, à profiter de cette occasion unique pour mettre l’Europe sur la voie de l’efficacité énergétique en la poussant à se doter d’un cadre réglementaire contraignant.