Dumai, Indonesie — le 15 novembre 2007. Le navire emblématique de Greenpeace, le Rainbow Warrior, s’est amarré aux côtés du MT Westama, un tanker chargé de 33 000 tonnes d’huile de palme afin de l’empêcher de quitte de port de Dumai, dans la province de Riau en Indonésie.
« Nous nous interposons pour étaler au grand jour les désastres provoqués par la culture des palmiers à huile en Indonésie. Utilisée à bon marché de façon croissante pour les agrocarburants, l’alimentation et les cosmétiques, cette huile alimente la déforestation des tourbières et des forêts tropicales, et fait peser une grave menace sur l’équilibre du climat » déclare Sue Connor, de Greenpeace International.
L’huile de palme chargée à bord provient directement de compagnies impliquées dans la destruction par le feu des forêts et des tourbières dans la province de Riau, où, en septembre, Greenpeace a établi en partenariat avec les communautés locales un camp d’étude et documentation. Les pratiques destructrices des industriels de la palme à huile sont exposées dans un rapport rendu public la semaine dernière : La palme du réchauffement.
Bombe climatique amorcée
La destruction des forêts est responsable de 20% du total des émissions de GES dans le monde. En raison de la très rapide et très importante destruction de ses forêts, l’Indonésie est le troisième plus gros émetteur de GES au monde après la Chine et les Etats-Unis et juste devant le Brésil. La province de Riau, sur l’île de Sumatra, abrite le quart des cultures de palmiers à huile d’Indonésie. Or, des projets massifs d’expansion portent sur plus de 3 millions d’hectares.
Cette expansion aura des conséquences dramatiques sur l’équilibre du climat puisque ces tourbières stockent 14,6 Giga tonnes de carbone, l’équivalent d’un an d’émissions de gaz carbonique dans le monde.
Si précieuses soient-elles pour les hommes, le climat et la biodiversité, en l’état actuel des choses, la conservation des forêts tropicales n’est pas « rentable » pour les pays en développement. Le cas de l’Indonésie l’illustre parfaitement. Pour inverser la tendance, un mécanisme international de rémunération de la non destruction des forêts est nécessaire Greenpeace demande que ce mécanisme, appelé RED (« Reducing emissions from deforestation ») soit partie intégrante de la deuxième phase du protocole de Kyoto pour 2013-2017 qui sera discutée à Bali, en Indonésie, du 3 au 15 décembre lors de la Convention des parties (COP) des Nations Unies sur le changement climatique.
« Protéger les forêts anciennes est une façon économique, rapide et efficace de réduire les émissions de GES, précise Grégoire Lejonc, de Greenpeace France. De plus, si nous luttons pas contre la déforestation, tous nos efforts pour limiter les effets changements climatiques seront vains car l’équilibre écologique planétaire repose largement sur l’existence de vastes forêts naturelles riches en biodiversité, régulant le climat et stockant du carbone. »