La Sapmer veut pêcher toujours plus
C’est seulement en 2006 que la Sapmer se lance dans la pêche thonière tropicale. A l’origine, ce petit armateur réunionnais est spécialisé dans la pêche à la langouste et à la légine. En à peine quelques années, la Sapmer est devenue une entreprise de dimension internationale, avec un chiffre d’affaires annuel passant de 35 millions d’euros en 2008, à 91 millions d’euros en 2013. Pour la Sapmer ce n’est là qu’un début. D’ici 2018, elle a l’ambition d’avoir à l’eau une flotte d’au moins 20 thoniers senneurs, avec une capacité annuelle de capture de plus de 100 000 tonnes !
La Sapmer a déjà construit, depuis 2008, sept thoniers senneurs industriels de 90 mètres, opérant dans l’océan Indien, d’une capacité annuelle de capture de 5 000 tonnes chacun. Deux autres sont en construction et devraient être opérationnels début 2015. Une folie au regard de l’état des stocks de thon dans cette région du monde. L’absence de limites de capture menace les stocks, qui sont déjà en voie d’être surexploités. Alors que toute subvention à la construction de nouveaux navires est interdite depuis 10 ans, la Sapmer a utilisé des fonds publics, notamment par le biais de l’Agence Française de Développement (AFD) et de la loi Girardin , pour financer ses ambitions, avec le plan de construction de développement de flotte de thoniers senneurs le plus important au monde, sans que cela ne profite aucunement aux populations locales qui sont censées être soutenues par ces fonds.
La folie des grandeurs de la Sapmer
Il ne suffit pas de se proclamer exemplaire en matière de durabilité, il faut agir !
Parmi les fournisseurs de Petit Navire, la Sapmer. La Sapmer aux ambitions irresponsables avec ses énormes navires, monstres des mers. Si les projets de développement de sa flotte aboutissent, la Sapmer aura doublé la capacité de pêches des armateurs français en 2018. La Sapmer détourne la législation interdisant les subventions à la construction de nouveaux navires en utilisant des fonds publics destinés à l’aide au développement, mais qui ne profitent pas aux populations locales.
Greenpeace est fortement préoccupée par le modèle de la Sapmer. Il présente un danger pour l’environnement et les écosystèmes marins, en particulier les stocks de thons tropicaux. Par ailleurs, la menace pour les communautés de pêcheurs de l’océan Indien est bien réelle.
Financièrement, le modèle économique de la Sapmer pourrait ne pas être aussi durable qu’elle souhaite le faire croire à ses actionnaires. La Sapmer part du principe qu’elle sera toujours en mesure de capturer les volumes de thons dont elle a besoin, de trouver les marchés pour les écouler et bénéficier de prix lui garantissant la rentabilité de son activité. Sauf qu’aucun de ces éléments ne peut aujourd’hui être garanti sur le long terme dans l’industrie du thon. Au lieu de continuer la course à la quantité, la Sapmer ferait mieux de s’orienter vers une pêche durable. Moins de volume et plus de qualité, ce qui se traduirait aussi par vendre du thon pêché sans DCP.
Petit Navire doit être exigeant avec ses fournisseurs, et particulièrement ceux pêchant dans l’océan Indien. C’est en effet de cette région du monde que provient la grande majorité du thon que Petit Navire vend. Pour être exemplaire en matière de durabilité, il ne suffit pas de le dire. Petit Navire peut et doit demander à ceux qui l’approvisionnent en thon de changer leurs pratiques de pêche.
Ne laissons pas Petit Navire continuer les dégâts !