Dans ces élections législatives tous les programmes ne sont pas à mettre sur un même pied d’égalité. Des formations politiques portent des mesures clés pour l’écologie et le pouvoir d’achat. Petit décryptage.

Économie et social - Libertés fondamentales

Législatives : qui porte des mesures concrètes pour la planète et notre quotidien?

Dans ces élections législatives tous les programmes ne sont pas à mettre sur un même pied d’égalité. Des formations politiques portent des mesures clés pour l’écologie et le pouvoir d’achat. Petit décryptage.

Nous avons analysé les mesures principales liées à l’écologie présentées dans les 4 principales listes politiques en lice pour ces élections législatives :

  • Le bloc d’extrême droite du Rassemblement national (RN)
  • La droite Les Républicains (LR)
  • Le bloc de la majorité présidentielle (Renaissance, Modem, Horizons…)
  • Le bloc du Nouveau Front populaire (PS-Place publique, Europe écologie les Verts, La France Insoumise, Parti communiste…)

Et si on pouvait toutes et tous se nourrir sainement, à des prix justes ?
Et si nos factures d’énergie et d’eau cessaient de flamber ?
Et si on pouvait se déplacer facilement, en polluant moins ?
Et si on consommait et produisait (mieux) près de chez nous ?


 

Et si on pouvait toutes et tous se nourrir sainement, à des prix justes ?

Comparaison des votes et positions des groupes politiques sur des mesures écologiques - Alimentation
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C’est une préoccupation de base : boire et manger des produits sains ! Tout le monde devrait avoir accès à une alimentation suffisante, saine, sans produits chimiques et sans pesticides. De même, les agriculteurs et agricultrices devraient pouvoir vivre dignement de leurs revenus et être accompagné·es dans leurs efforts pour préserver l’environnement. Nous militons de longue date pour soutenir l’agroécologie et faire en sorte que ces modes de production respectueux de la planète profitent aux consommateurs comme aux producteurs.

Bonne nouvelle : ces demandes ont été reprises et mises en avant dans le programme du mouvement du Nouveau Front populaire. Parmi les mesures qu’il propose et que nous soutenons :

  • Bloquer les prix des biens de première nécessité dans l’alimentation.
  • Soutenir la filière bio et l’agroécologie.
  • Encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale.
  • Garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective.
  • Sur les pesticides : rétablir le plan Écophyto (qui prévoyait une baisse de leur utilisation mais a été stoppé par le gouvernement précédent) et interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes (ces fameux tueurs d’abeille), en accompagnant financièrement les paysans concernés.

Ces mesures, la majorité présidentielle n’a pas jugé bon de les mettre en œuvre. Pire, elle a détricoté les normes sur les pesticides et est revenue en arrière sur de nombreux engagements.

Et l’extrême droite dans tout ça ? Le Rassemblement national s’est récemment félicité de la réautorisation du glyphosate, tandis que des député·es RN ont déposé une proposition de loi en faveur d’une réautorisation des pesticides néonicotinoïdes. Au niveau européen, pas mieux : le groupe RN (comme son groupe d’extrême droite au Parlement européen) s’est opposé à la réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030. Et concernant le pouvoir d’achat, le RN avait fait de la suppression de la TVA sur cent produits de « première nécessité » une mesure phare de son programme… avant d’annoncer que cela ne se ferait que « dans un second temps ». Pour ce qui est de l’alimentation elle-même, le RN (comme Renaissance et Les Républicains) s’est opposé à la proposition d’une option végétarienne dans les établissements de restauration collective (ce qui aurait simplement permis aux consommateurs et consommatrices de choisir, librement, un plat végétarien ou non…).

Et si nos factures d’énergie et d’eau cessaient de flamber ?

Comparaison des votes et positions des groupes politiques sur des mesures écologiques - Eau et énergie
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Autres besoins fondamentaux : l’eau et l’électricité. Là aussi, l’enjeu est de concilier impératifs écologiques et accès à ces services essentiels pour toutes et tous.

L’eau, un besoin vital et un bien public

Sur l’eau, le Nouveau Front Populaire propose d’assurer la gratuité des premiers mètres cubes « indispensables à la vie » et de mettre en place une tarification progressive et différentielle selon les usages, avec une gestion publique. Une mesure qui aurait un impact positif sur les factures de millions de personnes, tout en encourageant les économies d’eau pour des usages non essentiels. D’une pierre deux coups !

Plus globalement, le programme du NFP propose également :

Côté majorité présidentielle, malgré la mise en place en 2023 d’un plan d’action sur l’eau avec un objectif de réduction de 10% des prélèvements en eau d’ici 2030, les mesures annoncées sont loin d’être satisfaisantes, avec là aussi de nombreux reculs. Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la construction d’une centaine de mégabassines et l’intention de réduire la durée des recours possibles contre ces ouvrages pourtant néfastes.

Le RN est lui aussi sur une logique agro-industrielle et productiviste, favorable aux mégabassines (il s’est opposé lui à un moratoire, aux côtés des élus Renaissance et LR), sans se soucier ni des riverains ni des consommateurs. Il s’oppose aussi localement à des associations environnementales qui veillent à la préservation des ressources en eau. Et, comme les groupes parlementaires Renaissance, Horizons et Les Républicains, il a voté contre un amendement proposant la gratuité de 40 litres d’eau par jour et par personne.

Une énergie verte et abordable, c’est possible !

Concernant l’énergie, le Nouveau Front Populaire souhaite :

  • Renforcer la politique sur l’isolation des logements en proposant une prise en charge à 100% pour les plus modestes,
  • supprimer les coupures d’électricité pour les plus précaires.

Plus globalement, son programme souhaite intensifier le développement des filières d’énergies renouvelables (de la fabrication des équipements à la production) en France et en Europe. Elle souhaite aussi faire de la France le leader des énergies marines (notamment hydroliennes).

Côté majorité présidentielle, très peu de mesures ont été mises en place pour protéger réellement les Français et les Françaises de la flambée des prix de l’énergie. Les dernières années écoulées ont été particulièrement difficiles pour la population qui a souffert d’une perte importante de son pouvoir d’achat plongeant plus de 12 millions de personnes en situation de précarité énergétique. Par ailleurs, la France reste le seul pays européen à ne pas avoir respecté ses engagements sur le développement des énergies renouvelables.

Dans le cadre de la campagne des Législatives, Gabriel Attal a toutefois évoqué son souhait de créer un fonds pour aider les classes moyennes sur la rénovation énergétique des logements. Ce fonds serait abondé par une taxe sur les rachats d’action et viserait 300 000 familles.

Concernant le Rassemblement National, ses positions sur le sujet sont archaïques voire climatosceptiques, et antisociales. Son opposition au Fonds social climat au niveau européen est scandaleuse. Ce fonds devait notamment aider les plus précaires à payer leurs factures et à isoler leurs logements via des dispositifs d’aides financières. Le Rassemblement National a également voté contre la réglementation européenne visant à isoler les passoires thermiques. Jordan Bardella a également annoncé vouloir « lever les interdictions liées aux diagnostics de performance énergétique » (qui concernent les pires logements en termes d’isolation et contraignent les propriétaires à les rénover correctement pour les louer). Une aberration à la fois sociale et environnementale quand on sait que des millions de familles sont contraintes de vivre dans des passoires thermiques faute d’investissements de la part des bailleurs et que le secteur des bâtiments et logements est le quatrième le plus émetteur de gaz à effet de serre.

Quant à la position du Rassemblement national sur les énergies renouvelables, il s’oppose purement et simplement au photovoltaïque et aux éoliennes, et propose de les démanteler. Marine Le Pen a récemment qualifié les éoliennes de “non renouvelables”, un non-sens complet quand absolument tous les scénarios de transition énergétique reposent sur le développement massif des énergies renouvelables, et notamment les éoliennes. Ce type de déclarations et de positions climato-sceptiques mettent clairement en péril notre avenir climatique. Cette politique rétrograde, le RN l’a appliquée à l’Assemblée nationale. Le groupe RN a voté contre l’obligation d’installer des panneaux solaires sur les grands parkings, un moyen pourtant vraiment pertinent pour développer les énergies renouvelables sans empiéter sur des zones agricoles ou naturelles. Autre exemple : il a aussi voté contre un amendement qui proposait de recouvrir les toitures des bâtiments non-résidentiels d’une peinture blanche isolante, un revêtement réflectif à la fois très simple, extrêmement efficace et économique pour limiter les effets des canicules, faire baisser la consommation et les factures d’énergie et améliorer le confort.

Et si on pouvait se déplacer facilement, en polluant moins ?

Comparaison des votes et positions des groupes politiques sur des mesures écologiques - Transports
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Se déplacer facilement en polluant moins, on aimerait tous et toutes pouvoir le faire. Oui mais voilà, parfois et particulièrement en zone rurale, les alternatives à la voiture ne nous le permettent pas car il n’existe aucun autre moyen de transport. Pourtant l’enjeu est majeur : le secteur des transports est celui qui émet le plus de gaz à effet de serre. Comment sortir de l’impasse pour ne laisser personne au bord de la route?

Sur cette question, le Nouveau Front Populaire affiche clairement sa volonté de faciliter l’accès aux transports en commun, aux vélos et aux voitures en libre-service pour se détacher peu à peu de la voiture individuelle. Pour développer les transports publics et écologiques, le Nouveau Front Populaire propose dans son programme trois mesures phares que nous soutenons car elles permettraient de limiter l’utilisation de la voiture et des vols internes :

  • Garantir des tarifs accessibles et des mesures de gratuité ciblée (jeunes, précaires, etc.) dans les transports publics et baisser la TVA sur la tarification des transports en commun à 5,5 %.
  • Créer un dispositif de billet unique ouvert aux jeunes leur permettant d’accéder à l’ensemble des trains, transports en commun, ainsi qu’aux vélos et voitures en libre-service du territoire français.
  • Mettre en place un plan rail et fret ferroviaire, créer des services express régionaux, adopter un moratoire sur la fermeture des petites lignes et les rouvrir dès que possible ; revenir sur le démantèlement de Fret SNCF (le service public de transport de marchandises par train).

On aurait aimé voir une mesure importante pour la décarbonation des déplacements en voiture, comme l’aide à l’achat d’une petite voiture électrique fabriquée en France pour les familles les plus modestes qui ne peuvent pas se passer de voiture.

Sur le sujet des transports, la majorité présidentielle n’a pas été à la hauteur des enjeux :

  • Elle a détricoté les propositions de la convention citoyenne pour le climat qui proposaient d’interdire les vols internes quand une alternative à moins de 4h en train existait, adoptant finalement une mesure extrêmement limitée
  • Les membres des gouvernements successifs sont loin d’avoir été exemplaires : on se souviendra notamment d’un vol en jet privé de 7 minutes, pour permettre à Gabriel Attal d’inaugurer un… écoquartier.
  • Le « pass rail » promis n’a finalement été appliqué que très partiellement.
  • Le gouvernement a confirmé son intention de démanteler le service public de transports de marchandise par train, Fret SNCF, poussant sur la route des centaines de milliers de camions.
  • Le premier ministre vient tout juste de remettre sur la table la relance – prévue – du « leasing social » de 100 000 véhicules électriques, dispositif qui était jusque-là sous-dimensionné et auquel son gouvernement avait mis fin en début d’année.

Quant au Rassemblement National, les mesures proposées dans son programme vont tout simplement à contre-sens des enjeux climatiques. L’extrême droite s’oppose tout bonnement à l’interdiction de la vente de voitures thermiques alors que l’Europe s’est engagée à en sortir d’ici 2035. Le groupe RN à l’Assemblée nationale a aussi voté contre la proposition d’interdire les vols en jets privés. Par ailleurs, les députés européens du Rassemblement National ont voté contre le Fonds social pour le climat, un fonds qui vient pourtant en aide aux ménages qui souhaitent rénover leur logement, accéder à un véhicule électrique ou installer une pompe à chaleur par exemple.

Et si on consommait et produisait (mieux) près de chez nous ?

Comparaison des votes et positions des groupes politiques sur des mesures écologiques - Agriculture
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Consommer et produire localement est un enjeu majeur pour l’environnement mais pas seulement : cela impacte directement les agriculteurs et les agricultrices. Pourtant, pour les consommateurs et consommatrices aujourd’hui, acheter local est souvent un casse-tête et peut représenter un budget plus important face à la concurrence de produits importés.

Sur cette question, le Nouveau Front Populaire propose plusieurs mesures qui pourraient permettre d’entamer une réelle transition dans notre façon de produire et consommer notre alimentation tout en luttant contre la concurrence déloyale à laquelle sont actuellement confrontés les agriculteurs et les agricultrices. Parmi les mesures que l’on soutient, nous avons notamment identifié les suivantes :

  • Instaurer un protectionnisme écologique et social aux frontières de l’Europe,
  • Proposer une réforme en profondeur de la Politique agricole commune (PAC), dont les rares normes environnementales ont été détricotées il y a quelques mois,
  • Interdire l’importation de toute production agricole ne respectant pas nos normes sociales et environnementales,
  • Lutter contre l’accaparement des terres et permettre à chaque agriculteur qui souhaite s’installer d’accéder à une exploitation pour préserver le modèle agricole familial
  • Sortir des fermes-usines (ces méga-exploitations très polluantes), améliorer le bien-être animal et interdire l’élevage en cages d’ici la fin de mandature

Côté majorité présidentielle, là encore, la politique portée par le gouvernement a été catastrophique pour l’environnement et elle n’a fait qu’affaiblir les petits paysans et producteurs locaux. L’exécutif n’a cessé de renforcer la mainmise des grandes entreprises de l’agro-industrie et de la grande distribution sur le monde paysan via des politiques ultra-libérales et une industrialisation à marche forcée. Résultat ? Le gouvernement promeut des méga projets industriels (mégabassines, fermes-usines, etc.) délétères pour le climat, la biodiversité et les paysans et paysannes. Face à ces géants de l’agro industrie, les producteurs locaux ne peuvent pas survivre. Avec cette politique, le gouvernement précédent a tiré un trait sur une réelle transition agricole qui permettrait de produire et consommer localement, via des exploitations à taille humaine et adaptées aux besoins et capacités des territoires.

Pour ce qui est du Rassemblement national, il a beau se faire le chantre du « localisme » et de la production française, dans les faits il s’est opposé ou n’a pas défendu des mesures qui devaient permettre de protéger les producteurs locaux face aux multinationales. Un exemple les députés européens du Rassemblement national n’ont pas soutenu la taxe carbone aux frontières de l’Union européenne. Ils ont voté contre en commission et se sont abstenus en plénière. Un comble alors que cette mesure doit permettre de lutter contre le « dumping écologique » et protéger les entreprises européennes. Autre exemple : le groupe RN à l’Assemblée nationale, comme la majorité présidentielle, a voté contre un amendement visant à garantir 100% de viande produite en France dans les cantines. De même, sur la proposition d’instaurer des prix planchers pour les agriculteurs, empêchant que les prix d’achat ne descendent en-dessous des coûts de production, le RN a multiplié les volte-face et a brillé par son absentéisme massif lors du vote décisif. Ses candidats aux Législatives ont beau jeu ensuite de reprendre à leur compte la proposition qu’aucun produit agricole ne soit être vendu en France s’il ne respecte pas les normes imposées aux producteurs français… une proposition déjà portée par le Nouveau Front Populaire et les autres formations politiques !


A Greenpeace, nous luttons depuis des années en faveur de mesures politiques fortes pour mettre en œuvre concrètement la transition énergétique et climatique, tout en ayant un impact positif sur le quotidien des citoyennes et citoyens. On ne peut que se réjouir de voir aujourd’hui nombre de nos propositions inscrites noir sur blanc dans le programme présenté par le Nouveau Front Populaire. C’est aussi le cas de mesures fiscales, telles que la mise en place d’un ISF vert et d’une taxe sur les superprofits des entreprises les plus polluantes, qui pourraient rapporter des dizaines de milliards d’euros pour financer la transition et les mesures proposées dans leur programme. En cas de victoire le 7 juillet, on se retrousserait les manches pour s’assurer qu’elles seraient bel et bien mises en œuvre et que toutes les promesses seraient tenues.

Inversement, les reculs majeurs en matière environnementale que prônent le Rassemblement national sont extrêmement inquiétants et auraient un impact très négatif sur le quotidien des millions de personnes et sur l’environnement en France et en Europe.

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Nous tâcherons de mettre à jour cette page durant la campagne des Législatives, selon les annonces récentes des différentes formations politiques.