Il y a 30 ans, l’insensée « raison d’Etat » causait la mort de Fernando Pereira.
Greenpeace Nice commémora samedi à partir de 16h30 la mémoire de Fernando Pereira Place Garibaldi à Nice.
Des rues seront symboliquement renommées
au nom du photographe tué lors de l’attentat du Rainbow Warrior en 1985.
Stand d’information,
mur des hommages
et exposition photo sur le drame
sensibiliseront le public sur le besoin de désobéir pour l’avenir de la Terre.
Une lettre ouverte (ci-dessous) a été envoyée aux 163 maires des Alpes Maritimes pour demander de nommer une rue de leur commune en mémoire de Fernando Pereira:
IN MEMORIAM FERNANDO PEREIRA
Opération « une rue pour Fernando »
Madame/Monsieur le Maire,
Dans la nuit du 10 au 11 juillet 1985, le « Rainbow Warrior », navire amiral de l’Association Greenpeace International est saboté puis coulé dans le port d’Auckland, en Nouvelle Zélande…
Ces événements sont restés dans toutes les mémoires, et leur dénouement tragique également.
En effet, deux mines magnétiques actionnées successivement par des agents français, détruisent alors le bateau ; mais elles causent aussi la mort du photographe de l’équipage qui s’efforçait courageusement de préserver son matériel de travail.
Cet homme de 35 ans s’appelait FERNANDO PEREIRA, il était l’un des activistes de l’opération « Pacifique » déployée à cette époque par la célèbre Organisation Non Gouvernementale.
Né au Portugal, il avait fui le régime dictatorial du président Salazar ; ce faisant, il manifestait son refus de la conscription qui enrôlait de force la jeunesse de son pays dans les derniers soubresauts meurtriers de l’ère coloniale.
Installé aux Pays-Bas puis naturalisé néerlandais, il avait mis ses compétences techniques et ses réels talents artistiques au service des campagnes d’action directe non violente de Greenpeace.
Ainsi, quelques semaines avant la date fatale, participait-il à une expédition dans le Pacifique Sud (« Opération Exodus ») afin de déplacer, à leur demande, les habitants de l’atoll de Rongelap (contaminé durablement par les essais américains) vers des îles épargnées telles que Ebeyé ou Mejato.
Quelques années auparavant, il était aussi partie prenante des intrusions du navire arc-en-ciel dans les zones interdites de Sibérie (n’omettons pas de le mentionner), sur les côtes de ce qui s’appelait encore l’Union Soviétique.
Enfin, en ce mois de juillet 1985, il s’apprêtait avec ses compagnons à contester à nouveau les essais nucléaires français de Moruroa ; il s’agissait alors d’appuyer, par une action spectaculaire, les négociations en cours pour définir une « Zone exempte d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud » (le Traité de Rarotonga sera signé effectivement le 6 août de cette même année par une quinzaine d’Etats de l’Océanie).
Au vu de ses engagements, il apparaît que Fernando Pereira était bel et bien un militant sincère, convaincu et irréprochable de la cause environnementale…
Il était aussi un photographe passionné qui s’employait à défendre les beautés et ressources de ce monde contre les ravages infligés par les sociétés industrielles et les logiques militaristes.
Il était enfin le jeune papa attentionné de 2 enfants, Marelle et Paul, auxquels il se souciait de transmettre une planète encore habitable…
Ce bouquet de valeurs positives dont il se voulait, à la fois, le porteur et le témoin appelle aujourd’hui sans conteste, le respect de tous.
C’est pourquoi, Monsieur le Maire, le moment nous semble venu, trente années après les faits, d’accueillir cet homme dans notre mémoire collective et de lui faire la place qu’il mérite.
Dans cet esprit, nous vous demandons, ainsi qu’aux membres de votre Conseil, de baptiser à son nom l’une des rues de votre commune, ou de lui dédier tout autre emplacement municipal à votre convenance.
Ce serait là un très beau geste de réconciliation qui contribuerait au dépassement des antagonismes anciens… et périmés.
En effet, les controverses de jadis ne sont plus de mise. Vous le savez sans doute, la France a indemnisé, en temps voulu, la Nouvelle Zélande l’association Greenpeace et la famille de la victime.
Par ailleurs dans l’intervalle, les essais nucléaires ont été bannis par les conventions internationales (« Traité d’interdiction complète » du 24 septembre 1996). De même, les conséquences sanitaires affectant les anciennes zones de tests sont bien appréhendées par tous, depuis que s’est relâchée la pression administrative et militaire sur les populations locales…
La communauté des nations est donc en mesure maintenant de dresser un bilan global honnête et rigoureux des 2000 essais nucléaires qui ont endommagé notre biosphère, entre 1945 et 1996.
Il nous appartient dès lors de mettre en évidence la part de vérité dont Fernando Pereira aura été, au prix de sa vie, l’exemplaire messager.
Monsieur le Maire, nous vous convions ainsi à accompagner, à votre mesure, les évolutions de la conscience universelle. A cet égard, vous n’ignorez pas que la France se prépare à orchestrer une négociation mondiale consacrée à d’autres enjeux environnementaux majeurs (la COP 21 sur le climat, en décembre 2015 à Paris). Or, l’échec de cette rencontre enverrait un signal désastreux.
Pour toutes ces raisons, et contre toutes ces faiblesses, il convient à l’évidence d’acter le fait qu’aucune raison supérieure d’Etat ne doit plus désormais prendre le pas sur cette perspective essentielle qu’est la sauvegarde de la planète Terre, notre berceau naturel et notre bien commun.
Avec nos salutations respectueuses.
Greenpeace groupe local Nice