La destruction des forêts est responsable de 20% du total des émissions de GES dans le monde. En raison de la très rapide et très importante destruction de ses forêts, l’Indonésie est le troisième plus gros émetteur de GES au monde après la Chine et les Etats-Unis et juste devant le Brésil. Le pays a perdu en 50 ans 72 % de ses forêts anciennes. Celles-ci sont notamment remplacées par d’immenses cultures de palmiers à huile. Très bon marché, l’huile de palme est utilisée de façon croissante dans l’alimentation, les cosmétiques et pour la production d’agrocarburants.
Les zones déforéstées en Indonésie sont principalement les tourbières, écosystèmes particuliers et fragiles de forêts marécageuses, qui sont de très importants puits de carbone. La destruction des seules tourbières indonésiennes contribue à 4% du total des émissions de GES dans le monde…
La province de Riau, sur l’île de Sumatra, abrite le quart des cultures de palmiers à huile d’Indonésie. Or, des projets massifs d’expansion portent sur plus de 3 millions d’hectares. Cette expansion aura des conséquences dramatiques sur l’équilibre du climat puisque ces tourbières stockent 14,6 Giga tonnes de carbone, l’équivalent d’un an d’émissions de gaz carbonique dans le monde. Les investigations de Greenpeace à Riau ces derniers mois rapportent comment un producteur majeur d’huile de palme, Duta Palma, détruit les tourbières en complète violation avec la loi indonésienne.
L’huile de palme produite à Riau est introduite dans la chaîne alimentaire par des marques comme Flora, Pringles, Mc Cain ou KitKat. « Nous accusons de grandes multinationales comme Unilever, Nestlé et Procter & Gamble de fermer délibérément les yeux sur la destruction des tourbières et d’aggraver ainsi le réchauffement de la planète pour bénéficier d’huile de palme à bon marché ! » déclare Gregoire Lejonc, chargé de campagne forêt à Greenpeace France.
Le rapport de Greenpeace illustre également à quel point l’expansion de la demande d’agrocarburants menace les forêts tropicales… En Indonésie, pour répondre aux besoins croissants du marché et notamment pour répondre aux objectifs européens de 20% d’énergies renouvelable à l’horizon 2020 incluant 10% d’agrocarburant dans le secteur des transports, il faudrait détruire 15 millions d’hectares de forêts supplémentaires pour mettre en place des cultures de palmiers à huile. « Sans l’instauration de sérieux garde fous, nos gouvernements vont contribuer à détruire les forêts tropicales et à accroître les émissions de gaz carbonique… au nom de la protection du climat ! Le soutien européen aux agrocarburants de 1ere génération doit être de toute urgence repensé ! » ajoute Gregoire Lejonc.
Greenpeace demande au gouvernement Indonésien d’adopter de toute urgence un moratoire sur la coupe rase des forêts et la destruction des tourbières.
Par ailleurs, lors de la conférence des Nations Unies sur le climat de Bali du 3 au 15 décembre, les responsables politiques doivent prendre en compte la préservation des forêts tropicales et se mettre d’accord sur un mécanisme d’aide à la préservation des forêts. Protéger les forêts anciennes est une façon économique, rapide et efficace de réduire les émissions de GES.