Hier à 10h30, des militants de Greenpeace ont fait surgir deux réacteurs EPR sur une faille sismique au pied du siège de la BNP, boulevard des Italiens, à Paris. Quatre grimpeurs ont déployé deux banderoles portant le message « BNP : stop aux investissements radioactifs ».
Cette action, qui s’inscrit dans le cadre de la campagne menée depuis plus de deux mois par Greenpeace, semble avoir porté ses fruits. En effet, un rendez-vous a été proposé par la banque aux représentants de Greenpeace France.
Cette entrevue avec plusieurs cadres de l’équipe dirigeante, dont Jean Clamon, directeur général délégué de la BNP, a permis de soulever plusieurs questions, d’obtenir enfin quelques réponses, même si le secret est resté le maitre mot.
La BNP est bien la banque qui organisera le financement des réacteurs EPR de Jaitapur
Selon nos informations, la BNP participera au prêt d’un montant de plusieurs milliards d’euros, qui devrait couvrir 70 % des besoins en financements du projet dangereux de Jaitapur.
Information vérifiée : la BNP a admis, lors du rendez-vous, être la banque « arrangeuse » : c’est à dire qu’elle gérera l’organisation du crédit qui regroupera plusieurs banques.
Mais l’effort de transparence s’arrête là : sur le montant des prêts accordés au secteur nucléaire mais surtout sur les conclusions des analyses qui seront effectuées pour challenger les problèmes soulevés par Greenpeace, silence des représentants de la BNP qui se cachent derrière le secret bancaire pour justifier leur opacité.
Le nucléaire français tient donc à rester à l’abri, comme il s’était protégé derrière le secret défense en juillet, pour empêcher la publication complète du rapport Roussely.
Rappelons que la BNP n’assumera pas le risque financier lié à ce projet puisqu’elle sait que ce placement lui sera remboursé, du fait de la garantie d’État. Sur les aspects dangereux du projet, la BNP se veut bien entendu rassurante : elle assure être en mesure de faire pression pour faire progresser les critères de sureté en Inde, en conditionnant l’attribution du prêt à une progression sur certains aspects et notamment la sûreté et la sécurité du projet, conditionnalité qui là encore ne sera pas diffusée au grand public.
En résumé la BNP assure faire des études indépendantes qu’elle prendra en compte mais dont les résultats ne pourront être communiqués, elle assure aussi avoir une marge de manœuvre et pouvoir faire progresser la sécurité du projet mais là encore il faut les croire sur parole.
En matière nucléaire le risque zéro n’existe pas, BNP doit se retirer rapidement du financement de ce type de projets.
Pour en savoir plus :
Le site Où va votre argent ?
Le site Nuclear Banks, no Thanks (en anglais)