Ce matin, dans l’agenda du Premier ministre, on pouvait lire : « Rencontre avec les ONG environnementales en présence de Delphine Batho, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie – Hôtel de Matignon ». Greenpeace était représentée à ce rendez-vous, ainsi que les Amis de la Terre, FNE, la FNH…
Une réunion que certains médias qualifiaient la semaine dernière de « réunion discrète sur les gaz de schiste » et dont l’agenda couvrait en réalité l’organisation de la conférence environnementale de la rentrée.
Plusieurs sujets étaient donc à l’ordre du jour de cette rencontre qui a consisté en un grand tour de table des thèmes prioritaires pour les ONG présentes…
Échaudée par les premières décisions du gouvernement Ayrault en matière d’environnement – arbitrage en faveur de Shell en Guyane, éviction de Nicole Bricq… Greenpeace s’est attachée à interroger le Premier ministre et la ministre de l’Écologie sur des sujets qui restent, à ce jour, encore imprécis et sans réponses de la part des responsables politiques nouvellement arrivés…
Sur les hyrdocarbures de schistes (gaz ET pétrole – huile de schiste) : le Gouvernement reste buté sur la méthode
Jean-Marc Ayrault et Delphine Batho ont réaffirmé, au cours de cette réunion, ce qui avait été mis à jour la semaine dernière. Pour les pouvoirs publics, c’est la méthode d’extraction des hydrocarbures de schistes, la fracturation hydraulique, qui pose un problème majeur. Et celle-ci restera interdite, tel que l’a voté le parlement l’année dernière… Oui, mais. Pour le Premier ministre et la ministre de l’écologie, si une méthode d’extraction « propre » est découverte, alors l’exploitation des hydrocarbures de schistes sera certainement ré étudiée…
Greenpeace a donc réaffirmé sa position, qui ne changera pas : scientifique ou pas scientifique, exploration ou exploitation, commission de contrôle ou pas… pour Greenpeace, la question n’est pas là.
La question n’est pas de savoir si nous pouvons extraire proprement ces gaz et pétrole de schiste. Que ce soit le gaz dans le Larzac mais aussi le pétrole de schiste dans le bassin parisien.
Nous ne devons tout simplement pas aller chercher ces ressources fossiles si l’on veut vraiment lutter efficacement contre les changements climatiques.
La transition énergétique tant promise par le candidat Hollande pendant la campagne passe par le rejet pur et simple de tout projet d’exploration et donc d’exploitation des gaz et pétrole de schiste.
Ce serait un très mauvais signe de la part du gouvernement de vouloir ré ouvrir ce dossier d’une manière ou d’une autre. La pression doit être très forte de la part des groupes pétroliers et gaziers mais ce gouvernement doit tenir ses promesses et résister à ce lobbying.
Pour Greenpeace, la question ne doit pas tourner autour de l’unique question de la fracturation hydraulique mais bien de la vision qu’a ce gouvernement de la transition énergétique française ? Et pour nous, il n’y aura pas de transition énergétique si l’on se laisse la possibilité d’aller chercher ces ressources fossiles.
Sur la question du nucléaire et notamment sur la fermeture de Fessenheim …
Lorsque la question a été soulevée, la réponse du Premier ministre a été très claire … mais pas satisfaisante pour autant; Jean-Marc Ayrault a ainsi affirmé, concernant la question nucléaire, être l’exécutant de la feuille de route donnée par le président de la République… À savoir : la fermeture de la centrale de Fessenheim d’ici à 2017 et la réduction de la part du nucléaire de 75% à 50% d’ici à 2025…
Oui mais .. (encore…) . Oui mais, comme Greenpeace l’a montré à plusieurs reprises pendant la campagne présidentielle, l’équation proposée par le candidat désormais président Hollande ne tient pas ! Il est impossible de réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans le mix électrique à l’horizon 2025 en ne fermant qu’une seule centrale nucléaire et surtout en mettant en service le réacteur EPR en construction à Flamanville….
De plus, l’ASN a demandé , dans son rapport du 28 juin dernier, des travaux massifs sur les sites nucléaires… Ces “travaux massifs” vont prendre plusieurs années, et nécessiter un investissement à hauteur de plusieurs milliards d’euros. À titre d’exemple, pour la centrale de Fessenheim, EdF prévoit 20 millions d’euros de travaux… On peut se poser la question de la pertinence de tels investissements alors que le nouveau président de la République a promis de faire baisser la part du nucléaire dans le mix électrique d’ici 2025.
Ces investissements massifs viendront-ils geler toute possibilité de décision de fermeture d’autres centrales pour les dix années à venir?
Sur la conférence environnementale ?
Et bien, peu de choses nouvelles. Le dispositif des collèges sera la suite de celui engagé lors des Grenelles de l’Environnement. Les thèmes seront ceux annoncés par Delphine Batho la semaine dernière. Peu de choses à ajouter pour le moment… Si ce n’est qu’une nouvelle réunion préparatoire aura lieu fin août.
À suivre donc …