Le 5 décembre, le plus grand négociant d’huile de palme au monde (près de 40% des parts du marché mondial de l’huile de palme), Wilmar International, s’est engagé à mettre en place une politique « zéro déforestation ».
Wilmar s’engage à ne plus aménager de plantations de palmiers à huile au détriment des forêts et tourbières et à ne plus s’approvisionner auprès de fournisseurs responsables de telles pratiques. D’ici fin 2015, tous les fournisseurs affiliés à Wilmar devront respecter l’ensemble des dispositions de cette nouvelle politique.
Cette annonce de Wilmar International intervient alors que d’autres géants du secteur de la production d’huile de palme ont déjà pris position, comme Golden Agri Resources ou les membres du POIG (Palm Oil Innovation Group).
Depuis 2005, Wilmar est membre de la RSPO (Table ronde sur l’huile de palme durable). Avec cette nouvelle politique, l’entreprise reconnaît que la certification RSPO ne va pas suffisamment loin. Car les critères de la RSPO n’excluent pas la destruction des forêts ! Maintenant que le plus grand négociant d’huile de palme au monde s’engage à casser le lien entre huile de palme et déforestation, les grandes marques qui utilisent l’huile de palme ne peuvent que suivre cet exemple.
Les entreprises consommatrices d’huile de palme n’ont plus le choix : il faut bouger!
Avec la transformation progressive du secteur de l’huile de palme, les entreprises consommatrices d’huile de palme, et notamment le secteur de la grande distribution, n’ont plus aucune excuse pour ne pas s’engager sur un plan d’action « approvisionnement zéro déforestation » avec une échéance rapide. L’Oréal a pour sa part pris publiquement un engagement zéro déforestation… Mais les engagements et déclarations d’intention des grandes marques (voir notre billet : Huile de palme : cartes sur table avec les marques) doivent maintenant être concrétisés, avec la publication de plans d’actions précis et l’annonce d’une échéance limite pour les mettre en place!
C’est ainsi que les consommateurs auront la garantie de ne plus contribuer à la destruction des forêts tropicales.
Des engagements à suivre de (très) près
Le secteur de l’huile de palme est le moteur principal de la déforestation en Indonésie. Des cartes du Ministère des forêts montrent que le pays, entre 2009 et 2011, a perdu chaque année environ 620.000 hectares de forêts. L’industrie de l’huile de palme menace également, à grande échelle, les forêts d’Afrique de l’Ouest et du bassin du Congo, tout en étant source de conflits avec les communautés locales.
La nouvelle politique annoncée par Wilmar est une bonne nouvelle, susceptible de changer la donne dans ce secteur. Mais nous resterons vigilants sur sa mise en pratique et son efficacité sur le terrain.
Greenpeace suivra de près la mise en pratique de l’engagement pris sur papier par Wilmar. Et suivra également les réactions et actions des entreprises consommatrices d’huile de palme : continueront-elles de se cacher derrière les normes RSPO ou instaureront-elles enfin des politiques « zéro déforestation » fiables et sérieuses?